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Bel Ami, chapitre 7, première partie, Maupassant

Dissertation : Bel Ami, chapitre 7, première partie, Maupassant. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Décembre 2017  •  Dissertation  •  1 571 Mots (7 Pages)  •  9 954 Vues

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Maupassant : Bel-Ami. 1ère partie, chapitre 7 (pages 175-176)

Introduction

Situation du passage : Georges Duroy doit se batte en duel le lendemain contre un journaliste de La Plume, un journal concurrent de La Vie Française, qui l’a offensé en l’accusant de diffuser de fausses informations.

Thème et place du passage : ce passage est tout entier dévolu à la peur qu’éprouve le héros, peut-être pour la première fois de sa vie, à l’idée de mourir le lendemain. Il prend place entre deux épisodes consacrés eux aussi à la peur de mourir : la longue conversation de Georges avec Norbert de Varennes, au retour d’une soirée mondaine (chapitre 6), et l’agonie de Charles Forestier (chapitre 8).

Enjeux du passage : Cette séquence s’inscrit donc dans la logique du roman d’apprentissage dont relève Bel-Ami : le héros, à l’occasion de cette péripétie, vit une nouvelle expérience, celle de la peur, qui l’amène à s’interroger sur lui-même, sur son rapport avec l’idée de la mort.

Axe d’étude : Nous étudierons donc les moyens par lesquels le narrateur parvient à faire partager au lecteur l’angoisse du personnage.

La première phrase de l’extrait situe le lieu et le moment de la scène : elle met en place un contexte favorable à l’émergence du sentiment de peur. La nuit, l’obscurité, la solitude du héros, livré à lui-même, sa claustration dans l’espace exigu de sa chambre sont autant de facteurs propices au surgissement de l’angoisse. De nombreuses nouvelles de Maupassant, explorant le thème de la peur, mettent en place un dispositif identique.

Le point de vue narratif choisi est interne, comme l’indiquent aussi bien les verbes renvoyant à des opérations de la pensée (« il se demanda » , « il songea » « cette pensée entra en lui ») que les verbes de perception (« il aperçut », « il se vit ») : le lecteur est ainsi amené à éprouver comme de l’intérieur ce que ressent le personnage et à partager intimement cette expérience de l’angoisse.

I Une description « clinique » de la peur.

L’expérience de la peur est tout d’abord traduite par toute une série de manifestations physiques, dont le narrateur souligne à chaque fois l’intensité  :

des sensations thermiques (« il avait très chaud dans ses draps, bien qu’il fit très froid dans sa chambre ») : le caractère anormal de cette sensation est mis en relief par l’adverbe d’intensité « très », et l’antithèse « très chaud/très froid »

une agitation anormale (« Il se tournait et se retournait, demeurait cinq minutes sur le dos, puis se plaçait sur le côté gauche, puis se roulait sur le côté droit ») : l’accumulation de verbes de mouvement, l’emploi de l’imparfait de répétition, la répétition de la conjonction de coordination « puis », rendent sensible le mal-être insomniaque du personnage, en soulignant sa durée.

une soif inextinguible (« il avait encore soif »), soulignée par l’adverbe « encore »

une sensation d’étouffement : « il lui fallait ouvrir la bouche pour respirer pendant quelques secondes, tant il demeurait oppressé »

des palpitations cardiaques : « pourquoi son cœur se mettait-il à battre follement » / « son cœur se remit à battre furieusement » : les deux adverbes insistent, de façon presque hyperbolique, sur la violence de la sensation.

la pâleur : « il était pâle, certes, il était pâle, très pâle » : même jeu de renforcement, avec la répétition de l’adjectif « pâle » et l’adverbe intensif « très ».

C’est donc tout d’abord à travers une description presque « clinique » des symptômes physiques de la peur, disséminés tout au long du texte, que le narrateur parvient à faire partager au lecteur cette expérience de l’angoisse.

II Un personnage en proie à l’impuissance.

Par ailleurs, qu’il s’agisse des manifestations corporelles ou des pensées qui traversent son esprit, la structure des phrases met en évidence que le personnage n’en est pas maître, qu’il ne les contrôle pas, qu’elles s’imposent à lui : son cœur « se mettait à battre / se remit à battre », comme s’il était autonome ; « le petit grincement du ressort lui faisait faire un sursaut » : la tournure de la phrase place le personnage en position grammaticale d’objet (« lui » : pronom personnel complément d’objet indirect).

Le même procédé est utilisé dans : « une inquiétude le saisit », « ce doute l’envahit », « un singulier besoin le prit tout à coup » ou « tout d’un coup cette pensée entra en lui » : le personnage est ici comme le jouet d’émotions ou de pensées qui l’investissent, le submergent avec violence et soudaineté, comme le soulignent la locution adverbiale « tout à coup », répétée à deux reprises dans le texte et mise en relief en début de phrase à la ligne 23, ou encore la comparaison « à la façon d’une balle », qui rappelle en même temps le duel au pistolet prévu le lendemain .

L’impuissance du personnage à dominer ses émotions est d’ailleurs explicitement soulignée dans les expressions « il ne pouvait parvenir à s’assoupir », « il lui fallait ouvrir la bouche ».

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