Barbara, Jacques Prévert

Le poème Barbara de Jacques Prévert raconte une histoire simple avec un schéma identique à celui du récit. Cette poésie se réfère aux nombreux bombardements dans la ville de Brest entre 1940 et 1977 détruisant totalement la ville. Le poème met en scène une figure féminine qui au départ est aperçu dans le port de Brest puis au fil du poème devient l’incarnation de la ville. Dans une première partie l’auteur évoque le souvenir de cette rencontre amoureuse, de l’ancienne ville qui au cours de la poésie se dégrade et revient vers le présent, la destruction de la ville qui se retrouve donc anéantie tout ça plongée dans les éléments caractéristiques de la chanson notamment le refrain qui aide à donner du rythme au poème.

Dans la première partie de ce poème l’auteur tente de faire revivre aux lecteurs un moment heureux dont il est témoin c’est-à-dire la rencontre amoureuse et notamment l’apparition rayonnante de Barbara. Dans un premier temps le poète décrit cette femme, cette description passe principalement par la gaieté de Barbara, son sourire « souriante » «tu souriais» «épanouie ravie ruisselante » (v.4) « ruisselante ravie épanouie» (v.21) le poète fait un chiasme et l’accumulation de tout ces adjectif qualificatif met en avant la beauté du personnage et le bonheur qu’elle incarne. Cette description de Barbara se caractérise aussi par son attitude, la gestuelle qu’elle apporte à cette rencontre le poète la marque par une gradation ascendante « Et tu marchais », « Et tu as courus », «Et tu t’es jetée dans ses bras». A travers cette description l’auteur établit un paradoxe entre le paysage pluvieux « il pleuvait sans cesse sur Brest » et la beauté de cette femme qui vient illuminer ce décor. Au vers 31 la pluie devient même un élément sans réelle importance «Cette pluie sage et heureuse » , Barbara reflète tellement de positivité que le paysage lui-même devient heureux, le paysage reflète de l’état d’esprit des personnages, la pluie n’est plus simplement une représentation du climat mais l’incarnation du bonheur des amoureux. De par la description que le poète fait de Barbara on comprend à quel point son apparition à marqué et est restée gravée dans sa mémoire, il est fasciné par l’image et l’énergie que cette femme renvoie. Dans ce poème Barbara est en fait synonyme d’amour.

Par la suite après avoir décrit cette jeune femme qu’est Barbara le poète se focalise plus sur la rencontre amoureuse entre elle et « le personnage » puisque l’identité de l’homme n’est pas donnée. On pourrait croire que la rencontre est entre le poète et Barbara tant il est investi dans cette histoire d’amour mais aussi puisqu’il s’adresse directement à elle tout au long du poème « Rappelle toi Barbara » il utilise le tutoiement pour parler alors qu’il ne connaît absolument pas cette femme, il crée une proximité entre eux de par sa façon de s’adresser à elle, il utilise également le champ lexical du souvenir et de la mémoire « N’oublie pas », « avant » . Mais c’est seulement à partir du vers 18-19 qu’il fait savoir que Barbara retrouve en fait son amant « Et il a crié ton nom, Barbara » avant ce passage l’auteur décrivait une rencontre entre lui et Barbara « Et je t’ai croisée rue Siam » et fais ensuite une symétrie dans plusieurs de ses phrases «Tu souriais, Et moi je souriais de même » « Toi que je connaissais pas, Toi qui ne me connaissais pas ». Pour au final faire comprendre que le poète n’est en fait que le témoin de cette scène de retrouvailles entre Barbara et cet homme. Durant tout le passage descriptif de la rencontre le poète utilise des verbes d’action comme « a crié », «as courus» « t’es jetée », il évoque l’émotion de leurs retrouvailles et rend la scène impressionnante de par l’évocation des sentiments et son lyrisme. Il évoque tout de même ce souvenir avec une part de nostalgie « ce n’est plus pareil ». Cette scène évoquant des images, des sons est principalement la cause du bouleversement du poète devant cette rencontre amoureuse mais aussi la raison pour laquelle il tutoie ce couple, « Je dis tu à tous ceux qui s’aiment » (v.25-v.27). Mais malgré le tutoiement, l’auteur se place en observateur externe de ce couple il ne fait que décrire ce qu’il voit.

Dans la seconde partie du poème, l’auteur évoque clairement le sujet « Qu’elle connerie la guerre » (v.38) c’est à partir de ce moment-là que l’atmosphère change le poème est brisée par les bombardements et met en valeur l’irruption de la guerre dans la vie des personnages et se manifeste à travers un champ lexical «arsenal»,

...