Arthur Rimbaud

Commentaire composé

Arthur Rimbaud est un poète autodidacte. Il a étudié dans un établissement réputé de Charleville. Son professeur Georges Izambard décèle chez lui une finesse et un génie dans ses écrits. Son besoin de changement et la guerre en Prusse le motivent à quitter Charleville et à fuguer. C’est pendant cette période qu’il écrit les poèmes du premier Cahiers de Douai qui est un recueil de poèmes divisé en deux parties. Ecrit en octobre 1870, le sonnet « Le Dormeur du Val » est un des poèmes incontournables de Rimbaud. Il est en lien avec le passé de l’auteur et est une dénonciation subtile de la guerre. Néanmoins, elle n’est évoquée que dans le dernier vers. Voyons alors comment Rimbaud décrit le tragique de la mort avec délicatesse. Nous étudierons d’abord le cadre paisible de la nature et le sommeil du soldat qui cache une fin émouvante.

        Tout d’abord, l’auteur met en évidence l’importance du décor. Le quatrain est une description du paysage. C’est pourquoi il utilise le champ lexical lumineux : « soleil », « Luit », « rayons ». Les métaphores telles que « qui mousse de rayons » et « où la lumière luit », démontrent la chaleur et le bien-être que la nature procure. On la perçoit comme une source de paix et de tranquillité. Sur cette lignée, les expressions « trou de verdure », « petit val », souligne l’idée selon laquelle c’est un lieu protecteur qui invite au calme et retiré de la population. D’autre part, ce cadre paisible est illustré par l’usage des personnifications : « la rivière qui chante » et de « la montagne fière » représentent aussi l’atmosphère idyllique qui émane de cet endroit. La nature est donc un symbole de paix et de tranquillité. En outre, le champ lexical de l’eau vient compléter cette atmosphère de plénitude avec des mots tels que « baignant », « cresson bleu » et « pleut ». Nous pouvons affirmer qu’elle est une source de vie, de renouveau et de purification. Aussi, la métaphore « haillons d’argent » prouve que ce décor est définitivement un environnement pacifique qui rend ce lieu magique.

        Après une description précise du décor et de la nature, Arthur Rimbaud décrit le personnage principal du poème.

        L’auteur présente un jeune soldat qui a trouvé refuge dans cet univers. Tout d’abord, il se contente de décrire uniquement le physique de ce dernier, « un soldat jeune » et « pâle », ce qui est paradoxal. Cependant, il nous donne de nombreux détails sur sa position « bouche ouverte », « tête nue » et « baignant dans le frais cresson bleu ». Nous pouvons penser qu’il est tête nue parce qu’il a enlevé son casque. Cela ramène au calme et à la sérénité. Le champ lexical du sommeil est omniprésent : « Dort » (répété 3 fois), « lit vert », « berce-le ». Cela fait écho au titre du poème le « Dormeur du Val ». Par ailleurs, la forme, « berce-le » suggère que c’est grâce à la nature qu’il dort.

        Dans le dernier tercet, nous pouvons remarquer le double-sens des mots utilisés. Les termes employés peuvent avoir plusieurs interprétations comme le titre de façon phonique DOR-MEUR « meur » donc la mort. Aussi, « les glaïeuls » sont les fleurs des enterrements et des cérémonies, de manière phonique le glas est la sonnerie de la mort. L’auteur, nous mène sur une fausse piste. Enfin, vient le moment de la chute. L’immobilité du soldat est perceptible, « Les parfums ne font pas frissonner sa narine », nous comprenons qu’il ne respire plus et « il a deux trous rouges au côté droit », nous nous apercevons alors qu’il a sans doute deux balles dans le cœur. Nous sommes dans un registre pathétique, cette poésie suscite une grande compassion. Les différents procédés d’écriture employés par le poète accentuent la sensibilité du lecteur.

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