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Argumentation et persuasion dans Les Pensées de Pascal

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Par   •  15 Janvier 2017  •  Cours  •  1 986 Mots (8 Pages)  •  1 405 Vues

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. A] Pascal et la rhétorique.

Pascal semble fort distant vis-à-vis des techniques utilisées pour persuader. Certains fragments sont révélateurs à cet égard : ainsi le fr. 465 critique les périphrases : « « Masquer la nature et la déguiser. Plus de roi, de pape, d’évêque, mais « auguste monarque », etc., point de Paris, « capitale du royaume » et le fr. 480 les antithèses : « Langage. Ceux qui font les antithèses en forçant les mots font comme ceux qui font de fausses fenêtres pour la symétrie. Leur règle n’est pas de parler juste, mais de faire des figures justes ». L’éloquence risque de détourner de l’essentiel, c’est-à-dire du « vrai » (fr. 495 : « L’éloquence est une peinture de la pensée, et ainsi ceux qui après avoir peint ajoutent encore font un tableau au lieu d’un portrait . »). Cette méfiance à l’égard de la rhétorique a conduit les Romantiques à voir en Pascal un écrivain de la pure spontanéité (fr. 569 « Style. Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi, car on s’attendait à voir un auteur et on trouve un homme »). En fait, le « style naturel » est obtenu au prix d’un réel travail ; Pascal critique une certaine rhétorique, celle qui ne vise que le plaisir et le jeu formel apprise à l’école et recherche la véritable éloquence visant la persuasion, telle qu’on la trouve dans les textes bibliques (fr. 467 « La vraie éloquence se moque de l’éloquence ».

B] La rhétorique des Pensées.

1°) implication du locuteur et du destinataire :

- pronoms personnels : utilisation du « je » (fr. 21, 48, 126 … ) ; le « nous », très fréquent, réunit le locuteur et le destinataire, met l’accent sur leur communauté d’expériences (ex. fr.21, 41, 43, fr.52 ; fr. 66, fr.111 …) ; 2éme personne du pluriel présente également (fr. 122 «Que deviendrez-vous donc […] quel paradoxe vous êtes à vous-même […] » ;

- formes injonctives : fr. 43,110 , 122 …

- dialogues : fr. 47, 123,129 ;

- Apostrophes : ex. fr. 122 : « […] ô homme qui cherchez quelle est votre véritable condition […] Connaissez donc, superbe, […] )

- interrogations rhétoriques : fr. 108 « Car qui se trouve malheureux de n'être pas roi sinon un roi dépossédé ? » ; ex. fin fr. 19 et fr. 106 …

- exclamations : fr. 32 : suite d’exclamations ; fr. 82 ; exclamation finale du fr. 129 : « Que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordure ! »

2°) figures de style :

Pascal envisage son écriture comme un véritable duel avec son destinataire ; il s’agit de le frapper par des formules saisissantes et de le remuer fortement (fr. 432 « je ne souffrirai point qu’il repose ») ; il choisit donc les figures de style les plus aptes à créer l’effet voulu (→ les euphémismes et litotes, figures d’atténuation, n’apparaissent guère sous la plume de l’apologiste !)

a) frapper l’imagination :

- figures par analogie :

• Comparaisons et métaphores : fr. 19 : comparaison avec la peinture ; fr. 116, 122 : comparaisons avec les animaux ; fr. 43 : métaphore des orgues ; fr. 104 « Roseau pensant » ; fr. 122 : succession d’images évoquant l’homme ; fr. 100 : métaphores de l’ombre et de la lumière …

• Personnifications et allégories : fr. 41 : allégories de l’imagination et de la raison ; fr. 56 : allégorie de la raison …

- hypotyposes : parfois Pascal décrit une situation, un personnage de manière très vivante : fr. 41 : portraits du magistrat et du prédicateur ( cf. notations précises, couleurs, utilisation du démonstratif + lexique de la vue, p. 77) ; cf. description des rois et de leur suite …

b) marquer l’esprit :

Pascal utilise divers procédés pour véritablement marteler l’esprit de son lecteur :

- figures par répétition :

Fr. 468 : « Quand dans un discours se trouvent des mots répétés et qu’essayant de les corriger on les trouve si propres qu’on gâterait le discours, il les faut laisser, c’en est la marque. […] »

• Répétitions lexicales : fr. 31 « Ce qui m’étonne le plus est de voir que tout le monde n’est pas

étonné de sa faiblesse. […] » ; fr. 54 : répétition du mot « devoir » ; fr. 83 : répétition des verbes « honorer » et « mépriser » ; fr. 94 répétition de « justice » « force »; pléonasme : fr. 100 « ambiguïté ambiguë » ; emploi de mots de la même famille …

• Parallélismes de construction, chiasmes, rythmes binaires et ternaires : fr. 53 « Il n’est pas bon

d’être trop libre. Il n’est pas bon d’avoir toute les nécessités. » ; fr. 40 : « Peu de chose nous console parce que peu de chose nous afflige. » ; fr. 94 « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. » ; fr. 15 : « Inconstance et bizarrerie. » ; fr. 113 : « Grandeur et misère » ; fr. 20 « […] elles gagnent des batailles, empêchent notre âme d’agir, mangent notre corps. » …

• Anaphores (fr.19 : « Si on […] Si on […] Si on […] « ; fr. 78 « De là […] De là […] » ; fr.

84 : anaphore de « La justice », …

• Assonances , allitérations, rimes : fr. 69 « Le sentiment

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