Annie Ernaux (Terminale )

Essai

Humanités, Littérature et Philosophie

Sujet : A partir de vos lectures et recherches, pensez-vous que l’on puisse attribuer à Annie Ernaux les propos de Sarthe dans Situation I en 1939 : « Ce n’est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous découvrirons : c’est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes. » ?

« Je ne suis pas culturelle, il n’y a pas qu’une chose qui compte pour moi, saisir la vie, le temps, comprendre et jouir. Est-ce la plus grande vérité de ce récit ? », disait Annie Ernaux dans son roman Mémoire de fille paru en 2016. Annie Ernaux, auteure de la seconde moitié du XXème siècle et du début du XXIème, s’illustre particulièrement dans le genre autobiographique décliné sous différentes formes dans ses nombreuses œuvres. Ainsi, elle écrit sur soi, et de facto nous pouvons nous demander si l’on peut lui attribuer les propos de Sartre dans Situation I en 1939 : « Ce n’est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous découvrirons : c’est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes. ». En d’autres termes, Annie Ernaux privilégie-t-elle les expériences concrètes plutôt que la retraite afin d’accéder à elle-même ? Pour cela, nous verrons dans un premier temps qu’Annie Ernaux cherche à accéder à soi par le biais de l’autobiographie qui est une retranscription de son vécu. Puis nous analyserons la question sous la lumière de l’engagement de l’auteure d’un point de vue politique et social.

En premier lieu, Annie Ernaux peut se voir attribuer la phrase de Sartre dans le sens où elle ne cherche pas à écrire dans l’objectif d’inventer un récit qui plaise à ses lecteurs mais elle aspire précisément à faire découvrir son histoire. Par ce biais elle parvient à se découvrir elle-même. Philippe Lejeune, dès 1971, propose l’autobiographie comme « le récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ». Annie Ernaux publie principalement des autobiographies et de ce fait elle correspond à la définition de l’auteur. Ecrire sur sa vie, la raconter des années plus tard, c’est la revivre. Dans Mémoire de fille publié en 2016, Annie Ernaux se concentre sur un événement marquant de son existence, se dédoublant de cette jeune fille, elle raconte les faits de la manière la plus neutre possible, maniant l’écriture blanche. Cette forme de littérature minimaliste mise en mots par Roland Barthes dans Le Degrés zéro de l’écriture en 1953 permet à l’auteur d’être au plus près du réel, bannissant tout effet de coquetterie. Si nous revenons à Sartre, il évoque le fait de vivre des expériences afin de se découvrir, accéder à soi via des faits réels qui jalonnent la vie. Corrélée à la définition de l’autobiographie de Philippe Lejeune, la phrase de Sartre peut être attribuée à Annie Ernaux par exemple dans Mémoire de fille. Elle raconte un moment, une expérience qui lui a permis d’en apprendre plus sur elle-même. « Explorer le gouffre entre l’effarante réalité de ce qui arrive, au moment où

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