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Analyse du discours, Kadaré introduction de la ville de pierre

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Par   •  21 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 498 Mots (6 Pages)  •  193 Vues

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Analyse du Discours

Année Universitaire 2019/2020


        À la première approche, ce texte produit une résonance étrange, un décalage franc entre la simplicité de la scène décrite et le recours à des images fortes et terrifiantes. Il laisse une impression de sens caché, de profondeur qui échapperait à la lecture flottante. On comprend vite qu’il y est question de plus que de l’imagination tourmentée d’un enfant. Le lexique utilisé ne laisse pas de doute, on ne nous parle pas seulement de pluie mais surtout de peur, d’affolement, de déportation, d’occupation. Il convient alors de se demander qui s’adresse au lecteur. Qui est le " je " du texte ? A l’évidence, ce récit n’est pas seulement celui de son narrateur (l’enfant sous ses couvertures) mais aussi celui de son auteur qui, lui, évoque clairement la guerre. Sont-ils la même personne à des époques différentes ? Quoiqu’il en soit, en deuxième niveau de lecture nous avons un adulte qui s’exprime par le truchement de l’imagination d’un enfant.

        L’objet de cette analyse de contenu catégorielle est de faire émerger le propos de celui qui écrit ces lignes plutôt que celui du personnage du récit. Que dit ce texte de son auteur ? Notre hypothèse est que l’auteur énonce ici une intention personnelle, tellement personnelle qu’elle ne peut être formuler frontalement. Le détour par l’allégorie est nécessaire, et c’est le propre de la tragédie. Le découpage en catégories relèvera donc de 5 unités thématiques empruntées aux critères fondamentaux de la tragédie classique : Le présage, le drame, l’inconsciente lucidité, la terreur mêlée de pitié, et enfin la catharsis. La référence littéraire du découpage a d’autant plus de sens qu’il s’agit d’éclaircir le propos d’un romancier.

Le présage

[pic 1]

" j’écoutais venir [...] à moi ", " j’imaginais ", " demain ", " les attendait un méchant traquenard ", " évoquer […] les espaces célestes ", "les horizons déchirés d’éclairs ", " la paume de la main "  et l’emploi du futur " reverraient, jouerait, passeraient, puiserait "

        Le mauvais présage est le point de départ de la tragédie. L’auteur, le lecteur/spectateur et même les protagonistes savent qu’un destin funeste va s’abattre sur la scène et que rien ne l’empêchera. Les événements annoncés se dérouleront inexorablement. Ici, l’auteur insiste, il va raconter le drame que chacun connaît et il ne faut pas espérer que l’artifice de la fiction modifie le court de l’histoire.

La drame

[pic 2]

" les avants-toits ", " sauter à terre ", " Où allons-nous ?, Où nous mène-t-on ? ", " jetées brusquement dans une prison profonde ", " prenait fin leur vie libre et joyeuse ", " des journées et des mois tristes, jusqu’au moment où, longtemps après "

        En quelques images sans équivoque la guerre s’impose à l’esprit du lecteur. Le front, les parachutistes, la déportation, l’enferment, l’abattement. Le drame qui se profile est celui de l’occupation. D’une menace qui vient du ciel et contraint à l’enfermement, à rester dans " l’obscurité " des profondeurs.

L’inconsciente lucidité

[pic 3]

« sourdement », « Elles ne se doutaient pas », « sourd », « agitant un petit miroir », « fugace souvenir », « elles ne se doutaient de rien ».

        Au delà, du lexique employé cette catégorie s’illustre dans le récit par l’existence de différents niveau de lecture. Un enfant laisse divaguer son imagination, inconscient de l’ampleur symbolique de son discours. Sans le savoir il annonce la catastrophe. Il s’agit d’un attribut majeur du héro tragique, la fatalité s’exprime à travers lui, sa propre lucidité lui échappe. L’auteur prévient qu’il utilisera des yeux d’enfant pour décrire des souvenirs d’adultes, l’interprétation innocente des événements lui permet d’exprimer l’indicible. Il racontera l’horreur, mais pour que ce soit soutenable il usera d’artifices aux apparences anodines comme ici la métaphore des gouttes d’eau.

Terreur et Pitié

[pic 4]

« enfoui sous mes couvertures », « prise dans l’étroit tuyau », « apeurées », « la course folle », « jetées brusquement dans une prison », « j’éprouvais pour elles comme de la compassion ».

        L’émotion tragique est une tension entre l’effroi face aux événements et la compassion ressentit pour les protagonistes. Ces deux sentiments naissent de la proximité de condition entre la fiction et le réel. Et puisque c’est son histoire qui est décrite, l’enfant est aussi l’une de ces gouttes, de ces personnes jetées dans les sous-sols, écoutant " le bruit monotone " de la guerre au dehors. C’est donc lui-même que l’écrivain prend en pitié.

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