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Analyse de Médée d'Anouilh

Commentaire d'oeuvre : Analyse de Médée d'Anouilh. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Avril 2021  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 314 Mots (10 Pages)  •  4 868 Vues

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INTRODUCTION DU COMMENTAIRE

Présentation de l’auteur, Jean Anouilh.

Jean Anouilh est un auteur du 20 nième siècle, qui porte souvent un regard pessimiste sur la nature humaine. Il a su s’inspirer des mythes grecs pour écrire des pièces actuelles et mettant de ce fait ainsi ; encore plus en avant le changement des mentalités de notre humanité moderne. Il a écrit notamment sous la période trouble de l’occupation allemande Eurydice (1941) et Antigone (1944).

Présentation de l’œuvre et à la situation de l’extrait.[pic 1]

Médée a été écrite en 1946 et jouée en mars 1953 au théâtre de l’Atelier, dans une mise en scène de Barsacq. Si Anouilh reprend les éléments du mythe de la magicienne, fille de roi, petite-fille du Soleil, au moment où celle-ci est abandonnée de Jason, il se distingue de Corneille par plusieurs éléments : il recentre l’intrigue sur le couple Médée-Jason pour opposer deux visions du monde antithétiques, il fait de Médée une bohémienne vivant dans une roulotte et il choisit l’écriture en prose, en un bloc, sans actes ni scènes. Le passage que nous allons étudier se situe presqu’à la fin de la tragédie, lorsque Médée tue ses enfants et l’avoue à Jason. La pièce diffère donc de la version de Corneille puisque c’est Médée qui mourra et non Jason.

Présentation du projet de lecture : le portait de Médée

Ainsi, nous allons nous demander quel portrait de Médée dresse Anouilh dans cet extrait.

L’annonce du plan :

I Un personnage ambigüe, à la fois, monstre, victime et juge

II Médée n’est plus un monstre puisqu’elle est une héroïne tragique

Nous verrons donc dans une première partie comment le personnage de Médée peut apparaitre comme ambiguë puisqu’à la fois pitoyable et impitoyable, il arrive à inspirer pitié et horreur.

Son excessive folie qui s’oppose à l’inertie des autres femmes victimes mais « plus frêles et plus médiocres », nous nous interpelle vivement par ce geste fort, sur l’impossible collaboration avec un destin indigne.

Aussi dans une deuxième partie, nous essaieront alors de comprendre la portée symbolique et tragique de son geste qui a espéré, en vain, conscientiser Jason.

I-Un personnage ambigu, a la fois monstre, victime et juge

1 – Le monstre : Une mère déterminée à réaliser un crime terrible, malgré son amour maternel

Le début de cet extrait montre toute l’ambivalence du personnage de Médée, qui affiche une détermination proche de la folie. La première réplique montre qu’elle regarde ses enfants, reflets innocents de la trahison de Jason avec une amertume désabusée : « Innocences ! Piège des yeux d'enfants, petites brutes sournoises, têtes d'hommes. » Elle apparait comme une mère qui pose à ses enfants des questions banales (« Vous avez froid ? », « Vous avez peur ?») mais dont les réponses décalées témoignent de sa folie : « Je ne vous ferai pas de mal. Je ferai vite. Juste le temps de l'étonnement de la mort dans vos yeux. ». L’antithèse « Je ne vous ferai pas de mal » / « Juste le temps de l’étonnement de la mort dans vos yeux » montre que Médée est déjà hors du réel. Le spectateur peut être saisi d’effroi en même temps que de pitié quand Médée entend serrer ses enfants dans ses bras : « Allons, que je vous rassure, que je vous serre une minute, petits corps chauds. On est bien contre sa mère ; on n'a plus peur. Petites vies tièdes sorties de mon ventre, petites volontés de vivre et d'être heureux... ». La répétition de l’adjectif « petites » amplifie ce malaise : cet adjectif traduit-il l’affection d’une mère pour ses enfants ou bien le mépris qu’elle ressent pour ces « petits » Jason ou encore, leur fragilité devant la foule vengeresse ( « ces gens qui hurlent et qui crient » ) qui risque à tout moment de venir se charger d’eux et de manière, cette fois, plus cruelle.

2 –La victime d’une grave injustice

Analysez en particulier l’extrait qui débute par « Jason ! Voilà ta famille » jusqu’à « ils n'en peuvent plus, de l’attendre ! »

L’usage de la troisième personne permet à Médée de se positionner comme son propre avocat car elle, ici, assure sa propre défense pour justifier son acte à la fois barbare et seule issue honorable en accord avec sa personnalité.

Médée défend d’abord la légitimité de sa famille : elle insiste « ta famille tendrement unie ». Elle fait valoir son droit tout autant que lui, au bonheur, droit n’est pas le seul apanage de l’homme : tel un avocat de sa propre cause, elle interpelle donc Jason en lui faisant remarquer que « elle-aussi » par rapport à lui ou à sa future épouse, elle aurait aimé « le bonheur et l’innocence » et « la fidélité et la foi ». De plus, elle argumente que c’était elle sa « vraie femme » c’est-à-dire son unique femme légitime.

Puis, elle explique combien elle est donc victime, souillée et salie car « autrefois » elle était « pure » et elle avait une haute estime d’elle-même car « elle était exigeante ». Maintenant, elle est réduite à rien, « bâillonnée » par le destin.

Médée est bien une victime qui « aura lutté toute seule, inconnue, sans une main tendue ». Elle est une victime d’autant plus trahie qu’elle avait été dès le début, l’instrument des dieux. En effet, dans le mythe, on sait que les déesses Héra et Athéna avaient envoyé Héros pour que Médée tombe amoureuse de Jason afin de l’aider dans sa quête. Or, finalement ; une fois sa quête réalisée, une fois Médée utilisée, Jason la jette pour la simple raison qu’il ne l’aime plus. Cela peut paraître normal, commun et tolérable mais ce serait sous-estimer la cruauté de la situation infligée à Médée. C’est pourquoi, cette dernière, à cette violence dite « ordinaire », va opposer une violence extraordinaire !

3 – Le juge : Médée provoque Jason et se libère

3-1 Un personnage qui provoque Jason afin qu’il prenne conscience de la gravité de la situation

Médée reprend son discours à la première personne en apostrophant Jason, faisant un peu plus tard référence, ironiquement, au rôle du coupable qu’on veut que Créon et Jason voudraient bien lui faire endosser « C’est moi l’horrible Médée ».

C’est pourquoi, elle défend sa qualité d’humaine sensible et non d’une chose qu’on jette après utilisation. « J’aurai voulu » et « je veux » s’écrit-elle pour expliquer qu’elle n’est absolument pas folle, qu’elle n’est pas un monstre et qu’elle adhère toujours à l’idéal du couple « comme dans les histoires », qu’au fond d’elle, elle ne désire pas de qu’elle a fait : je veux toujours aussi fort, dit-elle que « tout soit lumière et bonté ».

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