Analyse De Automne Malade d'Apollinaire
Commentaires Composés : Analyse De Automne Malade d'Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Maryam_B67 • 26 Décembre 2014 • 1 240 Mots (5 Pages) • 1 354 Vues
Apollinaire - Alcools - Automne malade -
analyse
INTRODUCTION
De Ronsard à Prévert, en passant par Chateaubriand, Baudelaire et Verlaine, l'automne a inspiré des générations de poètes. Né, quant à lui, sous le signe de la Vierge qui marque le début de l'automne, Apollinaire a fait de cette saison, associée souvent au temps qui passe, a la mort, aux souffrances de l’amour et, partant, aux fins des amours, sa saison privilégiée. ll s’ecrit d’ailleurs : << Mon automne éternelle ô ma saison mentale ». Dans le poème << Signe >>, il rappelle cette idée : << Je suis soumis au chef signe de l’Automne ». C’est pourquoi Automne malade s’inscrit naturellement dans cette optique. ’
I - La thématique de l'automne renouvelée par l'univers personnel du poète
emblée, dès la première strophe, l'automne, affublé de l'épithète << malade », s’inscrit dans le thème de la maladie et de la mort. Apollinaire, interpelle cette saison qu’il aime entre toutes et lui signifie sa fin prochaine : « Tu mourras (à l'arrivée de l’hiver) : quand l'ouragan soufflera dans les roserais ; quand il aura neigé dans les vergers. ll lui signifie en même temps sa sympathie (étymologiquement, "sympathie" signifie : "souffrir avec") par l'adjectif << adoré >> et pour sa remarque pleine de commémoration : << pauvre automne ». Remarquons également que les symboles de la vie sont ici « les roserais » et << les vergers », reflets de la splendeur de la nature. ‘ Ajoutons aussi qu’il évite toutefois de reprendre de manière trop explicite le cliché romantique de la souffrance humaine accordée au deuil de la nature. Deux champs lexicaux vont {affronter dans ce poème : ‘ Au champs lexical de la splendeur automnal («Vergers >>, « richesse », « fruits mûrs », « fruits >>, << cueillir», et << adoré » - où l’on retrouve << - doré» comme l’or des feuilles mortes), s’oppose celui de l’hiver destructeur aux portes de l'automne finissant (<< malade », << aura neigé >>, << blancheur », << neige », «tombant »). - Mais, à mon sens, le champ lexical dominant est celui de la Mort (deux occurrences : << Tu mourras », << meurs ») et de ses symboles comme les << éperviers » qui planent, aux lisières de la Mort, celui del'éloignement (<< aux lisières lointaines ») ou de la tristesse (« les cerfs ont bramé »). ‘ Les mots relevés ci-dessous sont par couples contrastés aux vers 1/3, 4/6/7 et 15 : - << Malade >> et « adoré » au vers 1 ; - Au vers 2, l'image de << l'ouragan » soufflant sur << les roseraies » a imagé ce couple beauté fragile (<< les roseraies >>)/rudesse des éléments‘ (<< l'ouragan ») ; - Au vers 6, « en blancheur» (« neige »)/<< richesse >> ; - Au vers 7, « de neige >>/<< et de fruits sûrs >> ; - Au vers 15, << fruits tombants >>/<< cueille ». - Mais ce sont les vers 8 à 10 qui lèvent le voile sur le sens caché de l'élégie : - << Au fond du ciel Des éperviers planent Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines Qui n'ontjamais aimé » « Ces nixes nicettes aux cheveux verts et naines qui n’on jamais aimé >> nous rappellent les << sept femmes aux cheveux verts » de "Nuit rhénane", d’autant que les << nixes » sont les ondines de la mythologie germaniques, qualifiées de << nicettes », cest-à-dire de simplettes, et de << naines >>, ce qui achève de leur donner un aspect inquiétant. Par rapprochement avec "Nuits Rhénanes" et "La Loreley", on comprend que ces créatures mythologiques sont une nouvelle incarnation de l'amour-danger, de l’amour impossible, non partage’ de ces deux poèmes. Cela rappelle également l’<< ombre fatale » de << Vépouse qui me suit» rencontrée dans le << signe >> automnal (<< Le vent et la forêt qui pleurent/toutes leurs larmes en automne feuilles à feuilles »), redisent toute la tristesse du mal d’amour. Le poète retourne donc à son profit la thèserabattue de l'automne comme il a enrôlé dans sa poétique la légende de la Loreley.
Dans les deux cas, il trouve dans ces sujets un écho de sa souffrance de mal-aimé. C’est ici, sous le
mode de la complicité avec la nature, thème événement romantique que le poète, à la suite de
Verlaine, a débarrassé de tout pathos grâce à une prosodie alerte qu’il convient d’étudier dans le
second axe.
...