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Alphonse Rabbe, V.Hugo, Commentaire Linéaire.

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Par   •  20 Avril 2013  •  2 054 Mots (9 Pages)  •  1 160 Vues

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Partie 1 : Présentation Alphonse Rabbe

Alphonse Rabbe (✧ 18 juillet 1784 — † 31 décembre 1829) était un journaliste, historien, écrivain et poète du XIXe siècle. On le remarquera également comme pamphlétaire royaliste – par la suite libéral – et pour ses publications historiques (1).

Il était passionné par l'actualité politique de son temps, et fut le fondateur de la presse libérale à Marseille. On remarquera plus particulièrement Le Phocéen, Le Caducée, Le journal de Marseille et des Bouches-du-Rhone ; leurs sujets étant liés à l'histoire politique de la Restauration (2). Pour ces efforts il était beaucoup critiqué par les autorités et par d’autres écrivains de son temps (3).

Ses contemporains et successeurs – tels que Alexandre Dumas, Victor Hugo ou encore Baudelaire – avaient conscience de sa valeur littéraire, et encore aujourd’hui il attire l'attention (4) (5) (6) (7). Parmi ses œuvres littéraires, L'album d'un pessimiste et Tablettes Universelles tiennent un rôle prépondérant.

C’est une personne mal connue au grand public, mais qui a fait beaucoup de changements dans la vie littéraire de la France, surtout dans la prose française (8).

(1) Lucienne de WIECLAWIK, Alphonse Rabbe : dans la mêlée politique et littéraire de la Restauration, Paris : Nizet, 1963. p.81

(2) Ibid. p. 233

(3) Ibid. p. 213-217.

(4) Dumas Alexandre, Mes Mémoires. Paris, Alexander Cadot, 1852, tome onze. p. 99.

(5) Lucienne de WIECLAWIK, Alphonse Rabbe : dans la mêlée politique et littéraire de la Restauration, Paris : Nizet, 1963. p. 434

(6) Blin Georges, Le sadisme de Baudelaire. José Corti, 1948, p. 146.

(7) Crepet Jacques, Journaux intimes de Baudelaire. Paris. Mercure de France, 1938. p. 163-164.

(8) Bédier, Hazard, Histoire de la littérature française, Larousse, 1949, volume deux, p. 233.

Partie 2 : Analyse linéaire du poème “À Alphonse Rabbe”

Victor Hugo (1802 - 1885) est un écrivain français, et l’une des plus grandes figures du mouvement romantique. Il hérite de sa famille un caractère ambitieux et un goût pour la liberté, qui se manifeste dans la plupart de ses œuvres, telles qu’on le remarque ici, dans le recueil Les Chants du crépuscule, et plus particulièrement le poème À Alphonse Rabbe, qui s’inscrit parfaitement dans le courant romantique. Écrit en 1835, il s’inscrit dans une période particulièrement intense en changements et évolutions socio-politiques, parmi lesquels nous retiendrons les Lois de Septembre, la Restauration ainsi que la fameuse Révolution de juillet. Comme écrit Hugo lui-même dans son journal intime « Nous sommes dans le moment des peurs paniques ». Les inquiétudes et doutes de l’auteur quant à l’avenir comme le présent sont marqués dans chaque strophe du recueil et transparessent sombrement dans ce poème.

Cette œuvre isométrique aux allures d’éligie se compose de cinq strophes en alexandrin. Dédié à son ami Alphonse Rabbe (1784 - 1829), historien et critique, Victor Hugo l’utilise ici comme l’image d’un prophète disparu, au travers duquel il exprime sa propre opinion du présent. L’ensemble est triste comme pessimiste, prenant un accent qui s’inscrit parfaitement dans l’humeur du recueil, celui du déclin et de l'avilissement, et exprime les inquiétudes de l’auteur.

Nous étudierons l’articulation en trois parties du poème, qui en premier lieu appelle le défunt Rabbe pour lui présenter le sinistre état d’un monde sans lui, le couvre d’éloge en second lieu, pour enfin s'accaparer de sa grandeur et exposer à travers sa voix une critique forte et désespérée.

En exprimant ainsi sa plainte élogieuse au défunt ami, l’auteur se lamente du manque de stabilité, d’unité et de raison parmi les citoyens, regrettant l’absence d’une sagesse plus que nécessaire.

Le thème du crépuscule est ici profondément dépeint par Hugo, sous tous ses aspects, du triste au funèbre, du déclin et au désespoir amer.

Dès la première strophe, un distique élégiaque qui n’est autre qu’un épigramme (v.2 « Sévère historien dans la tombe endormi ! »), nous plonge dans l’obscurité qui dérange l’auteur. Il parle à son ami mort voilà 6 ans, sous le trait d’un ton plaintif et plein de regret (v.1 « Hélas ! »). Ce premier élan monte lentement au travers d’une cadence majeure 2/4 // 2/4, et s’accentue par deux apostrophes (v.1 « ô Rabbe, ô mon ami »), en s’arrêtant sur un épigramme en alexandrin classique (6 // 6). Cette ascension est reprise en écho à la fin du poème, marquant le tragique de ses sentiments.

Au douzain suivant, Hugo nous entraine dans l’intimité de ses pensées « funèbres » (v. 3), où Rabbe représente implicitement un « flambeau » qui raie « les ténèbres » (v.3 et 4), c’est-à-dire les lueurs d’un espoir. La métrique du quatrième vers est particulièrement intéressante (1/5 // 3/3) : elle marque par sa cadence majeure la solitude de l’auteur, en isolant le pied « Seul » (v. 4). Il poursuit ce dizain par une métrique régulière qu’il brise semblablement (1/5 // 3/3) dans l’avant-dernier vers (v. 13). La peinture des sentiments de Victor Hugo bascule entre le passé et le présent, à travers l’usage alterné des différents temps ainsi que du champ lexical qui lui est propre (verbes : « fais », « ai pensé », « rayait », « manque », etc. ; substantifs : « historien », « heures », « autrefois », « siècle », « temps », etc.). Ce champ lexical se voit doublé par celui de la mort (« tombe », « funèbres », etc.), renforçant ce dialogue sans réponse dans l’accent du regret et des valeurs perdues (la noblesse v. 5 « noble ami », la justice v. 7 « pleine de l’équité »).

Louant Rabbe (v. 5 à 8), l’auteur poursuit en le prenant à témoin du sinistre paysage contemporain (v. 9 à 14), sous un rythme à la fois régulier et pesant (tétramètre à débit régulier et cadence majeure) qui souligne le ton tragique. Ce n’est qu’une introduction aux strophes suivantes qui s’articulent dans le même ordre et esprit (il loue Rabbe, puis s’indigne sur l’état de la société). La répétition du « manque » (v. 6 et 8) accable,

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