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Ake de Wole Soyinka.

Dissertation : Ake de Wole Soyinka.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Mai 2022  •  Dissertation  •  2 744 Mots (11 Pages)  •  397 Vues

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KHÔLLE DE FRANCAIS

INTRODUCTION

L’extrait qui va faire l’objet de notre étude est issu d’Ake, les années d’enfance, un roman autobiographique de Wole Soyinka. Dans cette autobiographie pleine de saveurs extra-occidentales, l’auteur nous conte son enfance atypique, réel voyage initiatique au sein d’une Afrique elle-même en transition. On y retrouve un jeune Wole, curieux, observateur, intelligent mais aussi têtu, prêt à tout pour déchiffrer les énigmes de la vie.

Notre extrait se situe dans le chapitre 7, chapitre que l’on pourrait qualifier de perturbateur à l’échelle du récit. Dans ce chapitre, l’auteur évoque deux souvenirs qui l’ont fortement marqué, et qui exerceront une influence sur la suite du récit et sur sa construction en tant qu’homme. Le premier est la mort de sa petite sœur Folasade, qui va bouleverser le jeune Wole. Le second est le jour où, encouragé par sa mère qui voulait le tester, il frappa son petit frère Dipo. De plus, c’est dans ce chapitre que le jeune enfant commence à prendre conscience des CHANGEMENTS, des événements et comportements nouveaux et marquants auxquels il attache une grande importance. Cependant, ces changements vont permettre à Wole de se rendre compte qu’il n’est pas aussi impliqué qu’il le croit dans la vie de la famille, et son caractère curieux va le pousser à vouloir en savoir encore et toujours plus.

Notre extrait intervient donc dans ce contexte, puisqu’il s’agit d’une observation, ou plutôt une écoute, dont seul Wole a le secret. L’observation en elle-même constitue déjà un élément intéressant de l’extrait, illustrant le fait que Wole arrive à utiliser sa ruse et ses sens pour espionner, décrypter, et comprendre ses parents, tandis que la compréhension de leur fils est précisément l’enjeu de leur dialogue.

Wole est donc témoin d’une discussion entre ses parents, au cours de laquelle Chrétienne Sauvage la mère de Wole, fait part de son inquiétude à Essay, le père de Wole, quant au comportement de leur enfant. Dès le début de l’extrait, le sentiment d’exclusion que ressent Wole au sein de la famille est mis en lumière. Ce sont en effet ses frères et sœurs, l’air jubilant, qui l’informent qu’une discussion est en train d’avoir lieu. Le jeune semble être habitué à de telles vagues d’hostilité, qui rappellent la mise à l’écart du petit canard d’Andersen par les siens.

La discussion qui suit entre les parents s’apparente à un débat sur l’éducation de leur fils, l’argument principal de la mère étant que Wole se porte trop à rêvasser, et que cela n’est pas naturel chez un enfant. On voit ici directement un lien avec Emile ou de l’éducation, dans lequel Rousseau explore et prône une éducation naturelle avant toute chose. Le père de Wole étant directeur d’école, la comparaison avec l’œuvre de Rousseau prend tout son sens.

Chrétienne Sauvage questionne ensuite le fait que Wole passe beaucoup de temps avec son père, et sous-entend que cela pourrait être la cause de ses rêveries mais aussi de son isolement du reste de la famille. On comprend alors que l’isolement de Wole est perçu par tous, mais que la responsabilité de cette situation semble ne pas avoir été attribuée.

De son côté, Essay prend la défense de l’enfant. Il essaye de justifier les actes de leur fils, notamment avec la mort de leur jeune fille le jour de ses un an, ou en disant ne pas avoir remarqué les modifications du comportement de Wole. Essay semble avoir établi une complicité et une communication télépathique avec le jeune garçon, qui va par ailleurs souvent considérer son père comme un modèle au fil de l’histoire.

Enfin, l’extrait se termine par une phrase forte qui reflète bien la difficulté de communication entre Wole et sa mère, sa dernière exprimant sa volonté de le « sortir de lui-même ».

Que cela soit entre Wole et sa fratrie, entre Essay et Chrétienne Sauvage, ou entre le jeune enfant et ses parents, ce passage révèle la diversité des interprétations et des perceptions de l’enfance, ainsi que les conflits qu’elle suscite, nous menant à la problématique suivante : Dans quelle mesure l’enfance, par sa richesse et sa complexité, peut-elle être un lieu d’oppositions entre des individus en phase d’apprentissage ?

Nous nous appuierons sur les contes d’Andersen et Emile ou de L’éducation de Rousseau afin d’éclairer notre analyse.

Dans un premier temps, voyons comment l’enfance marque une rupture entre le monde des adultes et le monde des enfants.

La première différence majeure entre les adultes et les enfants est leur rapport à la mort.

Celle-ci est source d’un immense malheur dans Ake, et le décès de Folasade illustre parfaitement cela. Ce passage hautement émouvant est rendu encore plus brutal par l’innocence du jeune Wole, et rappelle certains contes d’Andersen, comme la petite fille aux allumettes, tous marqués par le contraste entre la pureté des jeunes personnages mis en scène et l’atrocité des évènements dont ils sont témoins ou victimes. Mais l’absence de dialogues entre adultes et enfants est sûrement l’élément le plus dévastateur pour Wole, qui a l’impression de ne pas être impliqué par ses parents dans l’évènement tragique que la famille traverse, et se retrouve donc incapable de mettre des mots sur son mal-être. Les pages suivantes vont témoigner d’une agressivité naissante chez le jeune enfant, dépassé par des émotions qu’il ne maîtrise pas.

La mort, qui est donc un sujet que les parents de Wole n’osent pas aborder avec lui, par soucis de surprotection, va donc avoir l’effet inverse et engendrer un impact durable sur le jeune enfant.

Cette agressivité et cette force de caractère vont rendre l’enfant têtu, et lui valoir des reproches de sa mère. On peut comprendre cette inquiétude maternelle, puisque c’est le fait même d’être têtu qui va causer la perte du petit sapin dans le conte éponyme d’Andersen.

Ainsi, l’enjeu pour l’adulte est de trouver le juste milieu entre surprotection et abandon, car à la lecture de la petite fille aux allumettes, on comprend vite que l’abandon n’est pas non plus une solution viable pour empêcher la mort de l’enfant.

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