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Aimé Césaire

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Par   •  1 Mai 2014  •  3 110 Mots (13 Pages)  •  1 981 Vues

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Aimé Césaire

INTRODUCTION :

« Nègre, je suis, nègre je resterai ». Ainsi s’exprimait Aimé CESAIRE dans une interview qu’il accorda à Françoise VERGES en 2005. CESAIRE magnifiait par là sa fierté d’appartenir à une culture noire, une culture humaine. CESAIRE se propose ainsi d’un poète humaniste, l’humanisme étant entendu comme un système qui affirme la valeur de la personne humaine et vise à l’épanouissement de celle-ci. Il désigne également l’altruisme et la bienveillance que l’on peut avoir à l’égard des autres. Antoine COURBAN dira à ce propos que c’est un chantier en perpétuel devenir, une activité centrée sur la personne humaine dans son irréductible subjectivité. Cahier d’un retour au pays natal, ce long poème qu’il écrit entre 1938 et 1939 s’inscrit alors dans un sillage de désaliénation de l’Homme, désaliénation de toute une race, désaliénation de tout un peuple. Et dans ce poème l’humanisme de CESAIRE se manifeste à trois niveaux évolutifs à savoir : constatation d’un ordre social bafoué, entreprise de réhabilitation et de rétablissement de l’ordre social et enfin libération qu’il célèbre par sa négritude. Perçu dans cette mesure l’Homme « nègre » comme il l’entend est placé au centre de sa préoccupation et il se donne ainsi pour défi de le ramener outre mesure à ses repères. Dès lors il se pose une question au combien importante : celle de savoir pourquoi CESAIRE s’intéresse autant à l’Homme ; qu’est ce qui le pousse à se réclamer d’une civilisation « nègre » ?

I- Biographie

1- Les jeunes années :

Aimé CESAIRE est né le 26 juin 1913 au sein d’une famille nombreuse de Basse-Pointe, commune du Nord-Est de la Martinique, bordée par l’océan Atlantique dont la « lèche hystérique » viendra plus tard rythmer ses poèmes.

Aimé CESAIRE, élève brillant du Lycée Schoelcher de Fort-de-France, poursuit ses études secondaires en tant que boursier du Gouvernement Français au Lycée Louis Le Grand, à Paris. C’est dans les couloirs de ce grand lycée Parisien que, dès son arrivée, le jeune CESAIRE rencontre Léopold Sédar SENGHOR, son aîné de quelques années qui le prend sous son aile protectrice.

Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé CESAIRE et son ami Guyanais Léon Gontran DAMAS, qu’il connaît depuis le Lycée Schoelcher, découvrent progressivement une part refoulée de l’identité martiniquaise, la composante africaine dont il prenne progressivement conscience au fur et à mesure qu’émerge un conscient fort de la situation coloniale. En septembre 1934, CESAIRE fonde avec d’autres étudiants Antillo-Guyanais et Africains (Léon Gontran DAMAS, les Sénégalais Léopold Sédar SENGHOR et Birago DIOP), le journal l’Etudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude ». Ce concept, forgé par Aimé CESAIRE en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et d’autre part la dévalorisation de l’Afrique et de sa culture, des références que le jeune auteur et ses camarades mettent à l’honneur. Construit contre le projet colonial français, le projet de la négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète.

CESAIRE déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ». Admis à l’Ecole Normale Supérieure en 1935, CESAIRE commence en 1936 la rédaction de son chef d’œuvre, le « Cahier d’un Retour au Pays Natal ». Marié en 1937 à une étudiante martiniquaise, Suzanne ROUSSI, Aimé CESAIRE, agrégé de lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au Lycée Schoelcher.

2-Le combat culturel et politique :

En réaction contre le statu quo culturel martiniquais, le couple CESAIRE, épaulé par René MENIL et Aristide MAUGEE, fonde en 1941 la revue Tropiques, dont le projet est la réappropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. La seconde guerre mondiale se traduit pour la Martinique par un blocus qui coupe l’approvisionnement de l’île par la France.

La guerre marque aussi le passage en Martinique d’André BRETON. Le maître du surréalisme découvre avec stupéfaction la poésie de CESAIRE et le rencontre en 1941. En 1944, BRETON rédigera la préface du recueil Les Armes Miraculeuses, qui marque le ralliement de CESAIRE au surréalisme.

Le séjour en Haitie avait une forte empreinte sur l’œuvre d’Aimé CESAIRE, qui écrira un essai historique sur Toussaint LOUVERTURE et consacrera une pièce de théâtre au roi Henri CHRISTOPHE, héros de l’indépendance.

Alors que son engagement littéraire et culturel constitue le centre de sa vie. Aimé CESAIRE est happé par la politique. Pressé par les élites communistes, à la recherche d’une figure incarnant le renouveau politique, CESAIRE est élu Maire de Fort-de-France, la capitale de la Martinique, en 1945, à 32 ans. L’année suivante, il est élu Député de la Martinique à l’Assemblée Nationale.

Partageant sa vie entre Fort-de-France et Paris. CESAIRE fonde, dans la Capitale française, la revue Présence Africaine, aux côtés du Sénégalais Alioune DIOP, et des Guadeloupéens Paul NIGER et Guy TIROLIEN. Cette revue deviendra ensuite une maison d’édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l’égyptologue Cheikh Anta DIOP, et les romans et nouvelles de Joseph ZOBEL.

En 1950, c’est dans la revue Présence Africaine que sera publié pour la fois le Discours sur le colonialisme, charge virulente et analyse implacable de l’idéologie colonialiste européenne, que CESAIRE compare avec audace au nazisme auquel l’Europe vient d’échapper. Il y écrit entre autres choses :

« Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation contre l'homme blanc,

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