LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Fiche de lecture sur une sélection de chapitres du Mimésis d'Auerbach: La cicatrice d'Ulysse/ Les aventures du chevalier courtois/ Roland à la tête de l' arrière garde/ Fortunata/ Adam et Eve/ Fratre Alberto/ Le souper interrompu/ Hôtel de la Môle

Fiche de lecture : Fiche de lecture sur une sélection de chapitres du Mimésis d'Auerbach: La cicatrice d'Ulysse/ Les aventures du chevalier courtois/ Roland à la tête de l' arrière garde/ Fortunata/ Adam et Eve/ Fratre Alberto/ Le souper interrompu/ Hôtel de la Môle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Décembre 2023  •  Fiche de lecture  •  3 909 Mots (16 Pages)  •  80 Vues

Page 1 sur 16

C. de B-M.

Master1-Littérature

Fiche de lecture du Mimésis d’Auerbach

Présentation

Dans la postface de Mimésis, Erich Auerbach nous donne l’objet de son ouvrage, l’interprétation du réel à travers la représentation (ou «  imitation ») littéraire. A l’origine de cette réflexion, la mimésis selon Platon, dans la République, et la Comédie comme représentation de la réalité vraie selon Dante. L’ouvrage écrit dans un contexte d’exil avec très peu de supports littéraires et critiques, est donc une analyse vierge et libre d’influence. En se laissant guider par les textes qu’il a choisis sur une période de près de trois mille ans, l’auteur tente de dévoiler en lisant « au-delà » du texte, comment le réel y est traité et représenté pour lui-même, comme peinture de la réalité quotidienne.

Analyse

Pour Auerbach, deux styles antinomiques ont influencé la représentation de la réalité dans la littérature européenne sur lesquels elle s’appuie : Homère qui représente la réalité basée sur la légende dans une action toujours présente et sans arrière-plan, et l’Ancien Testament qui tend à rapprocher la réalité du récit historique, avec l’omniprésence de Dieu comme arrière-plan, et à la rendre signifiante dans une perspective mystique élevée. Auerbach défend l’idée que l’arrière-plan de la scène biblique, c’est Dieu dans sa présence même invisible. Même Zeus ne peut constituer l’arrière plan de l’action homérique car ses interventions sont ponctuelles dans une action épique donnée, contrairement à l’évènement historique universel qui accompagne la Bible.

Il remarque une évolution dans la représentation antique de la réalité. Il distingue Homère des classiques antiques et explique son procédé : mêler la réalité à la légende, avec l’emploi du discours direct, une abondance de détails dans des scènes quotidiennes tranquilles et des digressions explicatives pour recontextualiser ces scènes, comme l’exemple de La cicatrice d’Ulysse dans le chapitre I. La description de la scène de la cicatrice est détaillée, les vers sont comptés. Il met en scène le narrateur lui-même et délimite les séquences : « C’est alors seulement que le narrateur retourne dans l’appartement de Pénélope et qu’Euryclée qui a reconnu la cicatrice avant l’interruption, laisse retomber le pied de l’homme dans le bassin. »

Chez Homère les évènements sont au premier plan, même dans les longues digressions, loin devant l’historique et l’humain.

Remarque : d’un côté les personnages épiques d’Homère comme Achille sont des héros  alors que les personnages bibliques comme Abraham sont des prophètes dont l’action s’inscrit dans un projet universel voulu par Dieu.

Ce procédé légende-réalité, l’auteur le traite plus loin également, au chapitre VI, dans Les aventures du chevalier courtois, extrait du roman Ivain, de Chrétien de Troyes, sous forme de poème où le thème de la légende épique féodale côtoie des tableaux très concrets des mœurs de l’époque, qui en constituent la partie représentative de la réalité. La grâce et la fraîcheur en font le charme. Auerbach est ici touché par l’esthétique de la composition de ce roman courtois, comme autant de tableautins qui ont beaucoup d’éclat et de réalisme savoureux. Il n’y dépeint qu’une seule classe comme idéal et actrice de la légende, celle des nobles chevaliers, les autres classes ne servant qu’à mettre en valeur celle-ci. Avec le roman courtois, la séparation des classes est très marquée contrairement aux  œuvres antiques et médiévales qui l’ont précédé. Mais, précise-t-il, on ne peut parler de séparation de styles, car le style est toujours le même, en atteste le vers octosyllabique auquel il prête, par anthropomorphisme, des qualificatifs humains parlant de vers nonchalant et souple, de ses rimes désinvoltes. Auerbach fait ainsi une description imagée et animée du poème courtois qu’il personnifie.

On retient de son analyse du genre courtois que l’idéal chevaleresque qui s’inscrit dans une légende à l’imaginaire mystique et secret, ne laisse qu’une place restreinte à la représentation de la réalité, reléguée à une peinture des coutumes. Le lien fait entre cette idéalisation et, le platonisme et le stoïcisme, est une ouverture vers une réflexion plus approfondie sur l’idéalisme moderne qui ressurgira sous les formes que nous en connaissons au XIXe siècle.

La réalité dans la chanson de geste ne se fonde pas sur un cadre « hors sol » comme dans le roman courtois. Au contraire elle s’enracine dans un contexte politico-historique. Dans le chapitre V, Roland à la tête de l’arrière-garde, est un extrait choisi de la Chanson de Roland, qui  raconte le combat de Charlemagne contre les Sarrasins. Auerbach  observe que le rythme de l’action, des ordres, des échanges, est contenu dans la syntaxe des vers qui confèrent à l’expression rigueur et précision, par l’emploi répété de la parataxe. Il note les points communs avec le roman courtois, en raison du support légendaire qui apporte du mystère, de l’imprécision, en contradiction avec le caractère de l’époque carolingienne et qui selon lui, en gâche l’esthétique. En effet il ne lui a pas échappé qu’il existe un contraste entre ce flou et cette rigueur, cette précision, comme entre le fond et la forme. Il perçoit dans ces vers une tonalité. La réitération est un procédé complexe à buts multiples : produire des retournements imprévus, intensifier l’évènement...derrière le style et la forme il trouve l’action juste et adaptée à l’évènement. Les vers, imagés, sont conceptualisés.

...

Télécharger au format  txt (24.1 Kb)   pdf (110.5 Kb)   docx (17.6 Kb)  
Voir 15 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com