Rimbaud, "Au Cabaret-Vert, cinq heure du soir"

RIMBAUD (1854-1891) «au Cabaret-Vert, cinq heure du soir» (1870)

Cinq heures du soir

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines

Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.

— Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines

De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table

Verte : je contemplai les sujets très naïfs

De la tapisserie. — Et ce fut adorable,

Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

— Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! —

Rieuse, m’apporta des tartines de beurre,

Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse

D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse

Que dorait un rayon de soleil arriéré.

octobre 1870

Arthur Rimbaud, Poésies

INTRODUCTION

Amorce

En 1870-1871, Arthur Rimbaud, âgé de seulement 16 ans, écrit vingt-deux poèmes lors de deux fugues. Répartis en deux liasses et envoyés à un ami Paul Demeny, ils deviendront les Cahiers de Douai.

Situation du texte

Ce poème d'ARTHUR RIMBAUD (1854-1891) intitulé “au cabaret vert, cinq heures du soir” est extrait de Cahiers de Douai écrit en 1870

​​Rimbaud nous raconte ici l’une de ses errances, sur un ton léger et complice. L’intrigue est réduite au maximum, un moment vécu, l’arrivée au Cabaret-Vert de Charleroi.

LECTURE

Monsieur, Madame, puis-je me permettre de lire le texte ?

Problématisation éventuelle

On peut problématiser la manière suivante :

Comment la halte du poète lui apporte t-elle le réconfort ?

Annonce des mouvements du texte

Ce poème peut être décomposé en 2 mouvements :

I-Une halte ancrée dans la réalité (V.1 à 7)

II-La satisfaction du désir (V.7 à 14)

ANALYSE LINÉAIRE

Venons-en au premier mouvement :

I-Une halte ancrée dans la réalité (V.1 à 7)

→ «Depuis huit jours»(V1) : CCT

→Passé antérieur « j’avais déchiré mes bottines »(V1). Actions passées

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