"Ma Bohème", Arthur Rimbaud

Intro Arthur Rimbaud :

Arthur Rimbaud est un poète français du 19ème siècle, écrivain depuis ses 15 ans, il est reconnu comme l'un des pionniers du symbolisme. Rimbaud est connu pour son audace d'écriture n'hésitant pas à aborder régulièrement des thèmes prosaïques et à se moquer, dans ses œuvres, des thèmes classiques de la poésie, comme on peut le voir dans le recueil Les Cahiers de Douai dont est tiré le texte que je vais vous analyser. Ce recueil est un ensemble de vingt-deux poèmes écrits par Arthur Rimbaud alors adolescent, à la base destinée à être brûlés par Paul Demeny suite à la demande de Rimbaud, Demeny ne le fera pas, ce qui permettra un peu plus tard la publication du recueil même si le nom que Rimbaud voulait lui donner et l'ordre dans lequel il comptait les publier n'est pas vraiment connu.

Intro (suite) « Ma bohème » : Le poème "Ma Bohème" ici analyser est un poème écrit en 1870, alors que Rimbaud n’a que 16 ans. Ce sonnet évoque l’une des fugues du poète. Inspiré par son expérience personnelle, l’auteur y célèbre le vagabondage et la liberté, tout en jouant avec les codes de la poésie traditionnels.

« Ma bohème »

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;

Mon paletot aussi devenait idéal ;

J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;

Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.

- Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse

- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes

Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes

De rosée à mon front, comme un vin de vigueur³

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,

Comme des lyres, je tirais les élastiques

De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

(Arthur Rimbaud)

Problématique : De quelle manière ce sonnet autobiographique nous permet-il d’augmenter notre comprenions du poète ?

Plan : Pour effectuer l’analyse de cette œuvre nous utiliserons 3 parties : Tout d’abord, nous verrons qu’il s’agit d’un poème autobiographique relatant une expérience vécue par l’auteur. Ensuite, nous étudierons comment il transforme cette errance en un voyage onirique et cosmique. Enfin, nous montrerons comment le poète fusionne la nature et la poésie.

1er quatrain : 

L’imparfait employé suggère que l’auteur évoque une expérience passée qui s’est répétée. 

Cependant, l’errance évoquée demeure une « Fantaisie », un vagabondage rêvé, comme le sous-entend le sous-titre. Le sonnet ne décrit pas une promenade, mais bien une errance sans destination précise (« Je m’en allais », v. 1 ; « J’allais sous le ciel », v. 3).

Le poète est habillé pauvrement : ses « poches » sont « crevées » (v. 1), c’est-à-dire trouées ; son manteau devenait « idéal » (v. 2), déchiré à force d’usure mais sa pauvreté n’est pas source de malheur car le poète ne semble pas en souffrir. La pauvreté est donc ici libératoire, il est à la fois libre de ses déplacements mais aussi libre de ses pensées.

Le poète place son vagabondage sous le signe d’une « Muse » (v. 3). Cette Muse est apostrophée et personnifiée comme une divinité qui guiderait le poète dans son aventure. 

On observe au vers 4 une suite de monosyllabes qui désarticule le trimètre (« Oh ! là ! là ! ») ce qui produit un découpage rythmique chaotique à l’image de la fugue de l’auteur dans laquelle il ne sait pas où il va et qui est pleine de rebondissement comme il le démontre dans plusieurs autres poèmes du même recueille. C’est interjection témoigne aussi de l’enthousiasme du poète devant les rêves qui ont été les siens.

2nd quatrain :

Le second quatrain poursuit le récit de cette fugue en pleine nature.

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