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Les infortunes de la vertu

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Par   •  25 Mars 2024  •  Commentaire de texte  •  3 209 Mots (13 Pages)  •  24 Vues

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commentaire de texte à l’oral

Les infortunes de la vertu

Sade

1787

(texte destiné à un exposé oral)

Introduction:

Nous allons nous pencher sur le passage des pages 259 à 261. Ce passage est situé à la fin du livre, il fait suite à l’accusation de Justine par Mme Bertrand. En effet Justine vient d’être condamnée par le tribunal pour « meurtre d’enfant et incendie ». Alors qu’elle se réveille chez Mme Bertrand qui la recueillit après ses mésaventures elle voit des flammes engloutir le domicile et, voyant la Bertrand s’enfuir sans son nouveau-né décide d’aller le sauver. Malencontreusement elle fait chuter l’enfant dans les flammes en trébuchant et est accusée de l’avoir tué. Elle parle alors de ce malheur à Mme de losange et en profite pour récapituler toutes les fois où la vertu la trahit au profit du vice. On est ici face à un texte narratif quasiment explicatif de par sa nature descriptive de la théorie Sadienne sur la vertu et les vices. Le texte est un semi-soliloque explorant les adversités vécues par Justine, avec des réflexions sur la justice divine et terrestre, ainsi qu’un panel de réalisation de la nature humaine corrompue. Sade fait ici un résumé concis des malheurs de Justine mettant en lumière le paradoxe entre la quête de vertu de Justine et son potentiel masochisme, le tout exprimé avec une certaine ironie. Ce passage est pour moi un exemple de ce que Sade répond à Justine dans le marquis de Sade et sa complice ou les revanches de la pudeur lorsque elle pose la question suivante: quelle vie sera la mienne ? Il répond : « Une vie absurde ». Ici on entr’aperçoit l’absurdité de la recherche de la vertu dans un monde sadien ou la vertu serait une invention des puissants pour contraindre les plus faibles sans se contraindre eux-mêmes et garantir ainsi la stabilité du pouvoir. La vertu serait donc normative et culturelle et il n’y aurait donc pas grand avantage à la suivre. Ce passage est une plainte à la vertu comme si Justine cherchait une explication à ces malheurs qui ne viendra jamais comme le témoignent les exclamations comme le « o providence ».

Nous allons analyser ce court passage selon la problématique suivante: De quelle manière peut on dire que ce passage illustre la conception de Sade du rapport vice et vertu par le biais d’un personnage naïf et acharné qui malgré l’énumération paradoxale de ces malheurs constants se borne dans le masochisme qu’est la recherche de la vertu? En d’autres termes: Comment ce texte nous donne à ressentir l’absurdité de la condition de Justine par le biais de sa plainte à la providence et de sa naïveté vis à vis d’elle?

Nous étudierons dans une première partie la structure formelle du résumé des malheurs dont la vertu est la cause et nous verrons les effets provoqués par ces procédés. Dans une seconde partie nous nous pencherons sur la manière dont la naïveté du personnage fait naître entre les lignes une critique des grandes valeurs qui ne sont finalement qu’illusions (justice, vertu et religion). Notre troisième partie sera dédiée à l’analyse de la semi-réalisation par le personnage des potentiels regrets du choix de la vertu, de ces doutes certes vite effacés mais bien verbalisés ou en sous-texte. Nous avancerons dans chaque partie d’une manière linéaire afin d’explorer au maximum tous les procédés du texte.

Partie I:

Justine effectue ici un retour sur ses expériences passées. Elle énumère les désillusions de la vertu au profit du vice. Le texte fonctionne par opposition. Opposition du vice et de la vertu, du barbare et de l’infortuné, du malheur et de la jouissance. Les phrases de l’énumération sont des parallélismes de construction et fonctionnent toutes de la même manière: Justine propose son aide et la situation se retourne à son désavantage. La phrase est donc coupée en deux et séparée par la conjonction de coordination « et » qui rassemble et oppose à la fois le vice et la vertu:

« Il s’enrichit et je suis à la veille de la pendaison »

« Ils prospèrent et moi je tombe dans les mains d’un marquis débauché »

« Il fait sa fortune et je suis obligée de mendier »

Le texte se construit alors sur une antithèse complète avec, à l’appui, le résumé concis quasiment Candidien des sévices subis dans le livre. Une autre opposition est observable entre les termes que Justine utilise pour qualifier les personnages vils « barbares », « scélérat » et les termes reliés au succès des opérations du vice. En effet, les personnages vicieux sont ceux qui parviennent à une revalorisation méliorative de leur condition. « Le monstre s ‘élève aux plus grands des honneurs » tandis que Justine « retombe dans l’abîme affreux de sa misère ». On voit alors une inversion de la morale classique qui à la place de valoriser la vertu, valorise le vice. Cela est bien une des grandes thèses de Sade qui assure que les hommes ne recherchent que leur propre salut au dépens des autres, cette vision est une vision pessimiste de la nature humaine. L’homme Sadien est donc opposé à l’homme kantien, il ne poursuit pas de but général, il n’opère pas de sacrifice moral mais il opère un calcul froid de ce qui lui rapportera le plus et tous ceux qui ne font pas de même seront éprouvés inutilement.

Revenons à la construction du texte:

Ce résumé à l’apparence naïf porte en lui une certaine ironie noire. L’énumération succincte et rapide de tous les échecs de la vertu est quasiment comique. En effet, voir tous les malheurs représentés aussi vite, fait prendre conscience de la naïveté du personnage à s’accrocher à la vertu malgré ce qu’elle lui rend. Le personnage semble alors soit déconnecté et un peu simplet et donc risible soit carrément masochiste. Comme si Justine courrait au-devant des horreurs et des punitions, se portant elle-même d’une manière entêtante dans la place de la victime. Lorsque Justine dit « rien ne m’empêchera d’être toujours l’esclave de cette divinité de mon cœur » alors que cette divinité s’acharne à la punir c’est comme si elle consentait implicitement, sans conviction et dans la faiblesse à l’acharnement des malheurs sur sa personne.

L’opposition « vice-vertu » se retrouve aussi dans les termes utilisés pour dépeindre les personnages. Les personnages vilains

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