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Le Courage : Vertu Sociale Ou dépassement De Soi : Retour D'animation

Mémoire : Le Courage : Vertu Sociale Ou dépassement De Soi : Retour D'animation. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Mai 2014  •  2 408 Mots (10 Pages)  •  1 253 Vues

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Au tout début de ce débat, il m’a paru logique de suivre l’ordre chronologique puisque plus qu’une alternative, la formulation du sujet me paraissait offrir une opportunité qui justifiait son choix. Comprendre ici une évolution historique et anthropologique entre une représentation classique du courage et, ce même courage, considéré comme condition de la confrontation nécessaire, non pas à la peur ( venant du sentiment d’un danger ou d’un risque ) mais de «ses» peurs, pour un enviable, autant qu’énigmatique, "dépassement de soi ".

Tout en me promettant de confronter un participant sur le sens précis du fameux « dépassement » j’ai cru, une fois de plus, que se présentait l’occasion d’installer dans les esprits que l’individualisme mérite amplement que l’on prenne une distance philosophique avec lui. Non pas qu’il soit intrinsèquement mauvais mais pour que s’accomplisse en chacun ce qu’il promet de faire : un sujet autonome doté d’un esprit critique envers le monde et les lieux communs qui nourrissent sa doxa pour devenir libre, acteur de sa vie, et maître de son destin.

Bref, j’avais rêvé d’entendre quelqu’un dire que cette idée de dépassement grâce au courage est une inversion des idéaux et des moyens, et qu’il n’est pas utile d’être courageux pour faire de sa personne un outil parfait et boulimique de la jouissance de soi.

J’ai donc, pour situer le début dans le commencement, parlé du modèle de courage des anciens. Associé à la virilité dans la société aristocratique, hiérarchisée et machiste de la Grèce antique, le courage et la gloire sont les voies royales pour ne pas sombrer dans l’oubli puisqu’en ce temps-là l’histoire se transmet par la voix des poètes. Pour les héros il s’agissait ainsi de vaincre la mort, oublieuse des hommes et de leur passions et d’atteindre l’éternité.

Au-delà du fond archaïque de notre culture, chaque période de l‘histoire pose la question des vertus qu’il faut manifester. Le courage en fait partie et ce, d’autant plus qu’il est lié au cœur, à la force, à la maîtrise pour constituer la dignité d’une manière d’être et tout autant, une posture face à la vie et à ses épreuves.

Vertu cardinale du christianisme , un de ses attributs symboliques est une armure de chevalier dont le personnage incarne la force invincible au service de la justice et des faibles. Une figure idéale, forte et juste mais qui, face au pouvoir institué, sait aussi plier un genoux avec humilité et respect, le poing fermé sur son cœur.

Au XVIII eme siècle on entreprend de séparer les ordres et il sied alors de ne pas voir chez le héros la poursuite d’une « félicité publique » mais celle, trop souvent, de la gloire personnelle. .A tout le moins, le courage nourrit l’ amour-propre et l’honneur et force le respect derrière une autre armure qui serait ici la considération .

Plus tard, la troisième république de 1875, voudra former des jeunes gens à devenir des hommes selon des normes que les sociologues appelleront des idéaux-types. Pour construire un monde au service du progrès, il faudra des hommes meilleurs : rivaux mais solidaires. L’armure ici sera intérieure : supporter sans faillir l’injonction d’être un père, un mari, un soldat, un citoyen.

La société d’alors devient vertueuse, fortement policée et l’esprit petit bourgeois du juste milieu ne supporte pas les excès. Les forces sociales en mouvement bâtissent une idéologie rédemptrice, une religion enfin libératrice et portée par la nécessité : le travail.

Mais voici que, plus l’homme- travailleur s’aliénait dans son labeur, plus son identité sociale se retrouvait dans le collectif. C’est lors de la montée du prolétariat, réduit à sa force de travail, que se forgeât une autre idéologie :celle de la résistance. Elle prit la forme des lutte sociales d’abord puis de la lutte des classes dès que les esprits purent diagnostiquer l’essence du capitalisme en termes de conflit majeur d’intérêts sur les partages des fruits de ce travail. Le courage cessait alors d’être une force pour « tenir » mais le moyen de se projeter dans un futur pour un autre ordre où une véritable égalité sociale s’instaurerait dans le communisme : chacun reçoit selon son besoin et chacun donne selon ses capacités.

Ainsi non seulement le courage est une vertu sociale depuis 2500 ans mais il participe du creuset culturel propre à la compréhension de l’histoire. Au plan individuel, il est relié à la conscience morale dans sa responsabilité vis-à-vis de soi et des autres. Progressivement, il se concrétise et vient davantage se situer dans la sphère comportementale et du choix libre de ses combats. Le courage relève alors plutôt d’un lien entre le cœur et la raison, d’une forme de balance entre passion du juste et prise de risque.

Si on se reporte à la revue Philosophie magazine qui a inspiré Roscha dans son idée de sujet on en trouve deux formes incarnées. D’abord le héros d’un jour dont l’aura médiatisée et éphémère permet néanmoins de s’enorgueillir le reste d’une vie. C’est l’homme du bon réflexe, de la maîtrise de soi ou encore celui de l’héroïsme pulsionnel. On se lance sans réfléchir car l’autre est en danger, car le temps d’évaluer les risques il sera peut être perdu. Ces courages-ci sont démocratiques et accessibles à toutes les classes sociales.

Et puis il y a les héros du quotidien, ceux que l’on croise dans la rue, dont le regard nous frappe dans le métro. Il portent en eux la volonté, et la force morale de tenir leurs structures des vie quitte à endurer des situations pénibles avec des liens familiaux instables, l’actualité repue de mauvaises nouvelles et l’écologie en berne portant dans ses plis des promesses plus qu’inquiétantes pour ses enfants.

Quel est mon vécu de ce café philo ? Que beaucoup comprennent la philo comme un jeu qui consisterait à tourner autour des mots, à donner des exemples alors que seule l’articulation des notions permet d’explorer les distinctions conceptuelles et que,- s’il est un objectif minimal à se donner-, ce serait au moins de formuler des soupçons à l’égard d’une position commune.

S’agissant du courage, de quoi parle-t-on ? D’un sentiment, d’une valeur, d’une impulsion, d’ une réaction, d’une injonction morale pour l’autre, d’une introjection à être, d’une posture, de la capacité à endurer, de l'endurance elle-même ? D’un rapport à la parole à sa

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