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La religion est-elle un facteur d’unité ou de division entre les hommes ?

Cours : La religion est-elle un facteur d’unité ou de division entre les hommes ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Avril 2024  •  Cours  •  2 797 Mots (12 Pages)  •  19 Vues

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Dissertation de philosophie

Sujet : la religion est-elle un facteur d’unité ou de division entre les hommes ?

        Au premier abord, il ne va s’en dire que le principe même de la religion, des croyances, des cultes et autres sectes est basé sur l’unité d’une communauté, d’un peuple, autour d’un même dogme, d’une même soumission à un être suprême. De même que d’un point de vue strictement littéral, le terme religion, provenant du latin religio, ait pour signification lien, attache. Or, il apparaît qu’au cours du temps, les mœurs changeantes, la domination d’un pouvoir ecclésiastique ou simplement les guerres d’idéologie ont finalement conduit à l’exact opposé du sentiment premier qu’inspirait la religion. Cette dernière est-elle alors un facteur d’unité ou de division entre les hommes ? La religion ne permet-elle pas un fort sentiment d’appartenance à une communauté, n’est-elle pas un facteur de forte cohésion sociale, d’une unité basée sur un culte rendu à une puissance qui nous dépasse ? Ou alors, n’est-elle pas, paradoxalement, une source inépuisable de discordance, de disparité, entre le genre humain ?

        Il est certes évident qu’en premier lieu la religion apparaît comme un facteur inébranlable d’unité, cette dernière étant au cœur du fondement même de sa définition. 

        Très vite au cours de l’Histoire, les hommes se sont unis et se sont référés à un ordre extérieur et supérieur à eux-mêmes, à une puissance transcendante, une force mystique bienveillante censée veiller sur l’humanité et lui permettre de rester moralement dans le droit chemin. Dans la pensée stoïcienne, il est important de bien conduire sa vie, et pour se faire, il faut se tourner vers le monde dont l’homme fait partie, et, dans une certaine mesure, vers Dieu, l’essence même de toute chose sur Terre. Épictète, dans ses Entretiens, développe l’idée selon laquelle tous les hommes sont des “citoyens du monde” et donc dans ce sens tous appartiennent à Dieu. Dieu est à l’origine de l’univers, il régit tout, il exerce sa Providence sur ce dernier, il se révèle dans la nature jusque dans les faits les plus insignifiants, il est la Raison du monde, le logos, et les hommes, êtres doués de raison également, sont donc rattachés à lui, par ce logos. En ce sens, si l’on admet que les hommes et Dieu sont apparentés, alors les hommes sont tous en effet les “fils de Dieu”, il existe ainsi un lien de fraternité entre chaque être humain sur cette terre. L’homme, n’est non pas, comme le précise Épictète, citoyen de Corinthe ou d’Athènes, il est “citoyen du monde”. Chaque homme, du simple mendiant ou esclave au plus grand gouverneur tel César, est issu de la semence de Dieu, réside sur la même terre créée par Dieu. « Cet univers n’est qu’une seule cité, la substance dont il est formé est unique [...] et tout est rempli d’amis: d’abord de dieux, puis également d’hommes que la nature a rapprochés les uns des autres : les uns doivent vivre ensemble, tandis que d’autres doivent se quitter, se complaisant parmi ceux qui vivent avec eux et sans s’attrister de voir s’éloigner les autres ». Ainsi, si l’on admet que Dieu est notre père, et que tout individu est donc, par extension, notre frère, il n’est plus question de division entre les hommes, l’humanité n’est alors rien d’autre qu’un seul peuple, qu’une seule grande fratrie indissociable. Le monde comme totalité est un être raisonnable et sage, et l’adoration de ce monde, de cette même et unique humanité, permet aux hommes de vivre en une unité harmonieuse. 

        Cependant, outre l’adoration d’un être immanent comme preuve d’unité entre les hommes, les pratiques religieuses participent également comme ciment de la société.

        Le regroupement des hommes sous forme de sociétés s’est fait notamment via l’adoration d’un même culte entre les individus, facteur d’unité et de cohésion dans un groupe. Des sociétés primitives aux sociétés modernes, la religion a toujours tenu une place centrale chez l’homme. Il ne s’agit effectivement pas d’un hasard, puisque la religion, plus qu’un facteur d’unité, est un “ciment de la société”,  à savoir qu’elle agit comme un idéal moral à suivre, auquel vont adhérer les individus qui composent la société, elle est en un sens nécessaire pour le bon fonctionnement de cette dernière, puisqu’elle permet le vivre ensemble en condamnant notamment les comportements déviants et immoraux. Ainsi, Émile Durkheim écrit, dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse, « Une religion est un système (…) de croyances et de pratiques qui unissent en une même communauté morale tous ceux qui y adhèrent ». D’après Durkheim, religieux n’est pas ce en quoi en croit, religieuse est la manière dont on croit en ce quoi on croit. Ce sont donc les pratiques qui forment l’unité, pas l’objet de croyance. La religion est nécessaire, du moins dans les sociétés mécaniques où le sentiment collectif est très marqué, car elle empêche l’anomie et la solitude morale de l’individu, en l’incluant dans un système qui le dépasse, en créant le sentiment d'appartenance à une communauté, ce qui passe par l’élaboration de rites, de pratiques, permettant d’insérer pleinement l’individu dans le système religieux. Nous pouvons citer comme exemple le film Le Village, de M. Night Shyamalan qui illustre parfaitement cette idée : cette communauté, totalement recluse du monde moderne, vit pourtant en une harmonie presque utopique, où la criminalité, l’argent, la quête de pouvoir, n’existent pas. “Les anciens”, créateurs du village, ont ici un rôle sacerdotal, car, en élaborant une croyance et des rîtes  autour de ceux “dont on ne parle pas”, ils fédèrent la communauté et créent ainsi une réelle unité entre les individus (bien que basée sur la peur).         En ce sens, la religion, via les pratiques religieuses, permet de créer de solides liens sociaux entre les individus, une cohésion, une unité, qui fédère les hommes sous une même croyance.

        Ainsi, la religion permet un sentiment d’unité entre les individus, puisqu’elle les rapproche, que ce soit par la fraternité ou les rites religieux.

Nonobstant, les différents courants religieux s’étant établis au cours du temps ont fini par aboutir à des rivalités, interreligieuses ou schismatiques, à des guerres d’idéologie pourtant antagonistes de l’idée principale que prônent ces dites religions ainsi que des relations de dominance entre une élite et le peuple

En effet, bien que, dans la grand majorité des religions monothéistes, l’un des dogmes principaux est d’aimer et d’aider son prochain, force est de constater qu’il fut peu respecté au cours de l’histoire, même par les représentants de Dieu en personne. Comme le souligne Voltaire dans bon nombre de ses écrits, et notamment, dans son conte philosophique Micromégas, les hommes, même les plus érudits, peine à se mettre en accord lorsqu’il s’agit de dialoguer de théologie. Alors que Dieu, censé unir et prôner l’amour et la paix entre les hommes (“ Tu aimeras ton prochain comme toi-​même ”, parole divine tirée du Lévitique), produit paradoxalement l’effet inverse sur ces derniers, incapables de s’accorder sur une vision unique de la religion, chacun prêchant sa propre paroisse. Et bien que les religions s’adonnent à proférer des messages bienveillants à l'égard d’autrui, il en va de même que chaque monothéisme proclame l'existence de son dieu comme l’unique et le seul légitime. Ainsi, s'ensuivent de lourds conflits afin de décider de quel ou quel dieu, quelles ou quelles pratiquent sont les plus saintes et les plus à même d’être sauvegardées et employées. Rien qu’en se cantonnant au continent européen, il est aisé de constater les différents conflits ayant pour thème la religion. Lorsque Martin Luther fut paraître ses 95 thèses à l’origine de la réforme protestante en 1517, il scinda définitive l’Église chrétienne, entraînant au passage une haine viscérale entre catholique et protestants, allant même jusqu’à la profanation de la parole divine, comme l’atteste le massacre de la Saint Barthélémy (ou plus récemment, le Bloody Sunday en Irlande), pourtant contraire au 5e commandement de Dieu (“Tu ne tueras point") et à la parole de Jésus (“ Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent ”, Évangile de Matthieu). Cependant, Voltaire ne blâme pas la religion en tant que telle, il s’agit plutôt du fanatisme, de l'obscurantisme, qui est à combattre. “La religion, loin d'être pour elles [les âmes] un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés”, en ce sens, la religion, telle une épidémie, est destructrice, autant pour l’individu en soit que pour les peuples, qui les anéantit, les divise, au lieu de les unir. 

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