La poésie du XIXème au XXIème siècle

OBJET D’ETUDE 

La poésie du XIXème au XXIème siècle

PARCOURS ASSOCIE

Émancipations créatrices

TITRE DE L’ŒUVRE ETUDIEE EN OBJET D’ETUDE

Cahier de Douai de Rimbaud (1888 et 1893)

BACCALAUREAT ECRIT/ DISSERTATION N°1

SUJET De quelles émancipations créatrices Le Cahier de Douai de Rimbaud témoigne-t-il ? 

ELEMENTS POUR UNE INTRODUCTION

Il y a une précocité fulgurante chez Rimbaud : il rédige ses premiers poèmes dès 1870 à l’âge de16 ans. Mais il cesse son activité poétique vers ses 20 ans en 1875 pour vivre une vie d’aventurier. C’est en raison de ses poèmes mais aussi de cet abandon de la vie bourgeoise, de la fuite vers l’ailleurs que, très souvent, Rimbaud est associé à la liberté, à la révolte. Mais tous les auteurs n’admirent pas le choix de Rimbaud : ainsi Camus le condamne car selon lui il n'y a rien à admirer, rien de noble ou d’aventureux, chez un homme qui a commis un « suicide spirituel », chez un homme qui est devenu un « trafiquant bourgeois » et a consenti à l'ordre matérialiste des choses. La vie de Rimbaud reste donc un mystère. Le Cahier de Douai  est aussi une œuvre de jeunesse un peu ambiguë. En effet, c’est une œuvre empreinte d’un patrimoine littéraire mais aussi de liberté et d’audace (lesquelles, quelques années plus tard, vont pulvériser la tradition poétique et la renouveler, la moderniser dans des recueils comme Une Saison en enfer et Illuminations). Les poèmes de jeunesse de Rimbaud montrent qu’il est redevable à ses prédécesseurs mais aussi qu’il cherche à s’en éloigner, à s’en émanciper

On peut donc légitimement se demander de quelles émancipations le Cahier de Douai est le témoin : cette émancipation est-elle vraiment totale ? De quoi s’émancipe la poésie de Rimbaud ? Rimbaud s’émancipe-t-il aussi en tant qu’individu ? Nous verrons donc que l’émancipation n’est pas totale (avant l’émancipation il y a une fidélité à la tradition littéraire, presque un hommage du bon élève à ses prédécesseurs. Rimbaud est presque redevable à ses prédécesseurs) ; puis nous découvrirons que son recueil révèle des indices d’une émancipation poétique : Rimbaud est sur le point d’inventer une poésie nouvelle, il est précurseur de la modernité lui aussi, il réinvente la poésie ; enfin nous nous demanderons si son émancipation n’est pas une révolte et une interrogation qui dépassent le cadre poétique : il s’émancipe d’un ordre établi pour proposer du nouveau…

ELEMENTS POUR UNE CONCLUSION 

(Résumé) S’inscrire dans une tradition poétique mais aussi s’émanciper des codes littéraires et refuser un ordre établi  créent les conditions d’une liberté totale. Rimbaud incarne la révolte pour de nombreux artistes. (Ouverture) D’ailleurs les poètes qui ont compté dans l’histoire de la littérature sont souvent ceux qui ont remis en cause la tradition : il n’y a peut-être pas de création sans émancipation d’un modèle littéraire précurseur… (Autre ouverture possible) Rimbaud a donc réussi à changer la poésie. Mais dans Une saison en Enfer, qui raconte poétiquement son histoire avec Verlaine, dans la partie « Vierge folle, l’époux infernal », il écrit : « Il a peut-être des secrets pour changer la vie ? » et révèle ainsi un projet plus intime et radical : vivre autrement. Si l’on considère sa brève et aventureuse vie, Rimbaud semble avoir préféré vivre ses rêves plutôt qu’écrire ses rêves.

1ère PARTIE : Avant de témoigner d’une émancipation créatrice, d’un affranchissement créateur, nous allons d’abord montrer que Le Cahier de Douai est un recueil fidèle à la tradition littéraire du XIXème siècle dans laquelle Rimbaud a forgé ses connaissances et ses goûts.

ARGUMENT 1 : Rimbaud s’appuie sur un passé littéraire : ce n’est pas un cancre mais un excellent élève qui exploite ses connaissances littéraires pour nourrir son imagination, son style, son inspiration, son écriture. En fait la tradition nourrit lla forme et les thèmes de ses poèmes.

Exemple 1/ Rimbaud est fidèle aux formes traditionnelles incarnées par des règles fixes de versification qui ont présidé à l’écriture des poèmes des siècles durant. Au XIXème les poètes commencent à se libérer, à s’affranchir de ses codes mais les écarts sont timides. La versification canonique domine chez Rimbaud. Le Cahier de Douai douze poèmes sont des sonnets (Le Châtiment de Tartufe, Venus anadyomène, Morts de Quatre-vingt-douze…, Le Mal, Rages de Césars, Le Dormeur du val, Au Cabaret-Vert, La Maline, L’Eclatante victoire de Sarrebrück, Le Buffet, Ma Bohême) La plupart des poèmes sont en alexandrins, forme la plus noble du vers français et leurs rimes et césures sont souvent des plus classiques : Sensation p.19 v. 1-2 : « Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers/ Picoté par les blés, fouler l’herbe menue » Roman p. 67 v. 1 : « On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans »

Exemple 2/ La mythologie source d’inspiration Soleil et chair p.30 Ce poème célèbre la genèse du monde. Le poète imagine un monde où le christianisme n’existe pas encore : le monde est sans péché, sans culpabilité, la Nature y est belle est sensuelle si bien que chacun se sent libre. Rimbaud multiplie les références académiques en évoquant des figures mythologiques traditionnelles qu’il connait parfaitement : Vénus, « satyres lascifs » des « faunes animaux », une « Nymphe blanche », « les veines de Pan », Cybèle, Astarté, Aphrodité, la lyre, « Kallipyge la blanche » « le petit Eros » Ariadné, Thésée, Lysios, Europé, léda, Cypris, Héraclès, une Dryadde, Séléné, Endymion…

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