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L'importance de la poésie

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Par   •  27 Novembre 2025  •  Cours  •  9 512 Mots (39 Pages)  •  4 Vues

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Cours

Introduction

I/ une définition problématique

Mallarmé définit la poésie et en dit qu’« une telle question est un coup de poing dont j’ai la vue un instant éblouie ». Ainsi, cette citation est déjà une mise en abîme de la complexité de définition de la poésie.

dimension métapoétique où on définit la poésie dans le poème lui-même. Les poètes se posent souvent des questions sur la fonction des poèmes en temps meurtris. Lorsque leur activité entre en contradiction avec les évènements de leur temps «  à quoi bon des poètes dans des temps si difficiles ? ».

Théodore Adorno, philosophe allemand d’origine juive, s'est interrogé sur la nécessité d’écrire.

 »écrire un poème après Auschwitz est barbare ». De fait, pour lui il est impossible d’écrire un poème aujourd’hui dans des temps où règne la guerre et la pauvreté. Pour lui, il n’y a plus possibilité d’écrire ou bien même de lire des poèmes aujourd’hui. Finalement, ce n’est que plus tard qu’il va revenir sur ses propos et qu’il en viendra à dire que la poésie est indispensable même juste pour garder un souvenir de la Shoah. Mais évidemment il faut que cela soit mesuré. Il se corrige lui-même en disant « il se pourrait bien qu’il ait été faux qu’affirmer qu’après Auschwitz il n’est plus possible d’écrire des poèmes ». Cette réflexion lui est parvenue à la suite de la lecture d’un poème : Fugue de mort, par Paul Celan. Il fait attention à bien écrire et à réfléchir aux mots qu’il utilise pour ne pas minimiser le traumatisme de la Shoah, il écrit aussi en allemand, ce qu’il trouve difficile mais nécessaire, et de plus, il tient à garder sa langue d’origine même si c’est aussi la langue de l’ennemi.

« L’impossible nous ne l’atteignons jamais mais il nous sert de lanterne » R. Char

1/ une étymologie très ouverte

À proprement parler, la poésie c’est faire quelque chose, c’est l’art de composer de manière artisanale.

A. Machado nous dit « la poésie, c’est quelque chose que font les poètes »

Dans le poème d'Eugène Guillevic « J’ai vu le menuisier » on retrouve cette idée de travail artisanal. Il décrit ce que le menuisier fait lorsqu’il construit une armoire et compare les étapes à celles du poète. Par exemple, la phrase « comparer plusieurs planches » peut être comparée au choix des mots que font les poètes pour utiliser le bon lexique afin de partager leur idée. Ou encore la phrase « donner la juste forme », pour le poète cela pourrait se résumer à la forme qu’il donne au vers, des sonnets italiens ou bien marotiques par exemple. Eugène Guillevic était un militant communiste qui n’était pas destiné à devenir poète. Ainsi, sa poésie est tournée sur le réalisme. Il observe les autres poètes de son époque qui eux étaient surréalistes mais lui reste ce que l’on pourrait qualifier « d’assez normal ».

Sa poésie est en distiques d’hexasyllabes. Avec une anaphore du premier vers dans les cinq premiers distiques « j’ai vu le menuisier ». Le premier vers parle donc de son observation du menuisier. Il y a une analogie entre le travail du menuisier et celui du poète comme nous avons pu le voir avant. Il y a donc une sorte de hiérarchie entre l’art et l’artisanat.

Dans l’antiquité le mot poésie avait une extension très large et servait à définir tout travail de création littéraire.

Ensuite, à l’époque contemporaine la définition est restée assez large et va meme jusqu’à déborder de la création littéraire. Par exemple lorsque l’on dit d’un paysage qu’il est poétique. Le mot poétique devient donc presque un synonyme du mot romantique car il est utilisé par exemple pour décrire un passage littéraire qui soit beau, plaisant à lire.

Paul Valéry nous dit « la plupart des hommes ont de la poésie une idée si vague que ce vague même de leur idée est pour eux la définition de la poésie », Tel Quel 

André Breton dans Nadja utilise des images pour décrire la femme qu’il aime « yeux de fougère » pour décrire ses yeux verts.

Le poète est aussi celui qui tente de capter un instant, la mélancolie et pour se faire, il faut porter un regard neuf, s’arrêter sur quelque chose… et qui va utiliser le langage pour traduire sa surprise, les couleurs etc. Pour les poètes c’est le miracle de voir pour la première fois, pour eux c’est toujours la naissance du monde.

« Les poètes voient dans les choses, plus que les choses » Victor Hugo, préface des Odes et ballades. « Ce que ça coûte d’écrire vous ne le soupçonnez pas, oui l’humeur vague où vous baignez je la crispe en paroles, mes yeux sur vos épaules pour vous aviser : une certaine attention que vous n'apprîtes pas, et c'est pourquoi la sourde déception vous entoure souvent. » « ce qui au vol vous échappe, je suis la pour vous le dire ». Michel Deguy, Actes

Il y a en poésie une extraordinaire variété de formes et de motifs. Les alexandrins, les vers libres, la prose… une diversité de formes/de types d’écriture. Le mot poésie peut s’employer pour les écrits traditionnels ordinaires mais aussi novatrices.

2/ ce que nous apprennent les dictionnaires

la définition de poésie dans le Larousse est elle même complexe et ils ont eux même dit : « il n’est pas de mot du dictionnaire plus difficile à définir que celui-là ». Et la plupart des définitions se font écho. Ensuite, les définitions qui sont proposées sont assez réductrices et excluent certaines formes de poèmes. La poésie va souvent être définie par les vers car elle constitue une unité de mesure de base des poèmes. Les alexandrins ont par exemple façonné notre oreille à la Renaissance mais le vers reste tout de même noble.

Selon Mallarmé « le vers est tout dès qu’on écrit ».

« La poésie consiste à passer à la ligne avant la fin d’une phrase » est une citation de A. Gide qu’il a dit sur le ton de l’humour mais qu’il est tout de même intéressant de retenir. Pour lui, la segmentation du discours poétique est identitaire.

Étymologie du vers ⇒ versus, sillon, ligne tracée dans le champ. Désigne le mouvement qui consiste à revenir à la ligne.

La définition formelle, élargie est : « le poème est un art du langage. Le poète est celui qui construit un langage dans le langage ». La poésie est donc vue comme un art du langage. Autre conception : la poésie qui consiste à dévoiler, à exalter la sensibilité et dans cette sensibilité, la capacité de souffrir. Musset nous dit alors : « frappe toi le cœur c’est la qu’est le génie ». Cela vient surtout à l’époque romantique où se développe la capacité de vivre très intensément ses émotions. Par exemple dans La nuit de mai de Musset. Il invite le poète à scinder sa souffrance et la mettre sous la forme de vers. On peut en faire une comparaison avec le pélican qui, pour nourrir ses petits lorsqu’il n’a plus rien d’autre, se laisse mourir en les laissant le manger vivant. Cela montre que les poètes doivent s’offrir à leurs lecteurs et leur donner leur cœur « rien ne nous rend si grand qu’une grande douleur » (tiré du poème).

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