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En quoi la liberté revendiquée comme règle de l’abbaye conduit-elle à l’éloge de la vie artistocratique laïque ?

Dissertation : En quoi la liberté revendiquée comme règle de l’abbaye conduit-elle à l’éloge de la vie artistocratique laïque ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2023  •  Dissertation  •  2 037 Mots (9 Pages)  •  155 Vues

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Explication de texte n°10 : L’abbaye de Thélème

Probématique : En quoi la liberté revendiquée comme règle de l’abbaye conduit-elle à l’éloge de la vie artistocratique laïque ?

Toute leur vie était régie par des lois, des statuts ou des règles, ,mais selon leur volonté et leur libre. arbitre. Ils se levaient du lit quand bon leur semblait; buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les forçait ni à boire, ni à manger, ni à faire quoi que ce fût d'autre. Gargantua l'avait établi ainsi. Leur règle tenait en cette unique clause : « Fais ce que tu voudras. » Parce que les gens libres, de bonne nature, bien instruits, conversant en nobles compagnies, ont par nature, un instinct, un aiguillon (qu'ils nommaient « honneur ») qui toujours les pousse à agir vertueusement et les détourne du vice. Et si une vile et contraignante oppression les affaiblit et les asservit, ils sont obligés de se détourner de ce noble penchant qui les guidait

spontanément vers la vertu pour déposer et briser le joug de servitude. Car nous entreprenons toujours ce qui

est défendu,

et convoitons

ce dont

nous sommes

prives.

Par cette liberté, ils rivalisèrent de louable émulation pour faire, tous, ce qu'il voyaient plaire à un seul. Si quelqu'un ou quelqu'une disait « buvons », tous buvaient. Si l'un disait « jouons », tous jouaient. Si une autre disait « allons batifoler dans les champs », tous y allaient. Si l'on partait pour une chasse, ou une chasse au vol, les dames montées sur de belles haquenées avec leur palefroi magnifiquement harnaché portaient chacune, sur leur poing mignonnement ganté, ou un épervier, ou un faucon Lanier, ou un

émerillon; les hommes portaient les autres oiseaux. Ils étaient tous si noblement instruits, qu'il n'y en avait aucun parmi eux qui ne sache l'art de lire, d'écrire, de chanter, de jouer harmonieusement d'instruments, de parler cinq à six langues ; tous savaient en chaque langue composer des vers ou des textes en prose. Jamais on ne vit de chevaliers si

preux, si galants, si habiles à pied et à cheval, plus vigoureux, plus prestes, et sachant mieux manier toutes sortes d'armes, que ceux qui étaient là. Jamais on ne vit de dames si distinguées, si jolies, plus brillantes, plus douées de leurs mains, dans les travaux d'aiguille, et pour toute activité féminine vertueuse et libre, que celles qui étaient là.

Rabelais, Gargantua, 1534

Introduction :

Rabelais est connu pour être l’un des grands humanistes du XVI siècle, à un moment où les intellectuels retrouvent la foi en l’homme et un appétit de savoir. Gargantua, qu’il publie en 1534, deux ans après Pantragruel, est considéré comme une œuvre majeure de la Renaissance, car elle regroupe nombre des thèmes qui caractérisent cette période, comme l’idée que l’homme est fondamentalement bon. Dans cette analyse, nous verrons que la des ription faite de l’abbaye se rapproche d’une utopie, qui cache en creux une critique sévère des ordres monacaux de l’époque de Rabelais. Pour terminer nous remarquerons que la vie en communauté a peu en commun de cueille des moines d’où le questionnement d’un monastère laïc.

Mouvement 1 : « fais ce que tu voudras »

A la ligne 1 et 2 se trouve une antithèse qui oppose la liberté aux règles. Tout comme le libre-arbitre, qui signifie l’opposé de la règle. Il y ici une opposition entre la vie civile et la vie monastique via une utopie de vie monacale avec une forme de liberté et de libre arbitre qui présiderait au quotidien les moines. Ce qui entraine une redondance a propos de ces lois, ce sont eux qui décident de s’y soumettre. Ils y sont volontaires. Certes il est nécessaire de poser un cadre de vie en communauté mais rien ne les retient.

De la ligne 2 à 3 une énumération de verbes fait un rappel sur justement cette idée de choix. « Se levaient », « buvaient’ mangeaient’ travaillaient’ dormaient ». Ce sont des actions simples et quotidiennes voire vitales comme boire et manger . Le pronom « ils » monte que ce sont les moines qui sont acteurs car c’est le sujet des verbes conjugués précédemment.Ils sont donc maîtres de leur choix. C’est pour cela que l’on retrouve cette idée de libre-arbitre et une forme de liberté. De plus la proposition subordonnée circonstancielle « quand le désir leur en venait » introduit la notion de « désir » au sein du monastère. Il est normalement condamné par l’Eglise or ici il est au cœur des décisions et est lié à la bonne chère : boire et manger. Il permet d’évoquer les péchés capitaux : la gourmandise.

De la ligne 3 à 4, la négation lexicale et syntaxique vient montrer que les actions ne sont pas décidées par un tiers. Ils sont totalement maîtres d’eux et de leur choix. Il y a l’idée qu’il n’y a aucune contrainte extérieur et que personne ne décide à leur place.

La ligne 4 est une phrase lapidaire, elle rappelle que l’acte fondateur de l’abbaye émane d’un laïc, un géant Gargantua. L’abbaye est fondée sur la volonté et le choix de la devise lui revient également. Cette phrase est synonyme de l’humanisme rabelaisien qui est extrêmement positif en se qui concerne la nature humaine. Si on laisse l’homme exprimer son libre-arbitre alors il sera bon et fera de son mieux.

La ligne 5 est donc sa devise soit la règle unique qui dirige l’abbaye. Cette seule règle est un paradoxe car elle hérite en règle la liberté. La liberté de choix, le libre-arbitre devient alors une loi et une contrainte or la liberté devrait être l’exact opposée. Ils sont obligés d’être libres ce qui peut sembler finalement très exigeant car il est parfois plus facile de se plier à une loi que d’être libre. Sartre y voit lui un sujet d’angoisse existentielle.

De la ligne 5 à 7 débute une argumentation pour justifier cette devise et montrer qu’elle ne mène pas forcément au chaos et à l’anarchie. L’énumération d’adjectifs avec les modelisateurs « bon » et « bien » met en relief l’idée que la liberté rend bon et que ceux qu’ils l’ont e feront bonne usage. Il y a donc l’introduction d’une

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