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Dissertation la passante du Sans-Soucis

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Par   •  22 Mai 2023  •  Dissertation  •  3 836 Mots (16 Pages)  •  116 Vues

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SUJET : A propos des relations entre roman et reportage au XXe siècle, Myriam Boucharenc, spécialiste de la question, écrit : « Quand le roman ne s’est pas replié sur lui-même ou tourné vers le récit poétique, il ne craint pas de s’en remettre au réel, non plus celui, “réaliste”, des grandes fresques, mais de l’actualité́, du quotidien, de l’ordinaire. [...] Sans doute parce qu’ils contiennent ce que Kessel nommait “le romanesque de la vie” ». Vous commenterez et discuterez cette affirmation en montrant comment elle éclaire – ou non – votre lecture de La Passante du Sans-Souci de Joseph Kessel. Votre dissertation devra s’appuyer sur des exemples précis.

Joseph Kessel, figure clé de la Résistance, parolier du Chant des partisans, reste, encore aujourd’hui, un personnage emblématique de cette période de l’Histoire. Reporter de son métier, Joseph Kessel puise d’abord son inspiration pour ses romans dans les reportages qu’il fait. Ses œuvres sont fortement marquées par cette double identité et même si c’est une pratique courante à l’époque, il reste une figure d’exception puisqu’il est le seul à avoir lié aussi bien les travaux de reporter et d’écrivain.

Dans le discours de Myriam Boucharenc que nous allons utiliser aujourd’hui, elle cite Joseph Kessel en parlant du « romanesque de la vie ». Il serait important avant toute chose de préciser cette notion. Il s’agit de faire d’un reportage un roman donc de rester proche de la réalité, ou plutôt du quotidien. Il est important de préciser cela puisqu’elle peut donner un sens à l’histoire.

L’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui, La Passante du Sans-Souci, fut publiée en 1936 et se situe dans une période de transition entre la fin des Années Folles et le début de la Seconde Guerre Mondiale, c’est donc une période de trouble et de tension durant laquelle, les contemporains disent adieu aux plaisirs des années 1920 et se retrouvent confrontés à la montée du nazisme et à un avenir incertain. Elle fut rédigée après que Joseph Kessel ait décidé de quitter le journal Gringoire qui commençait à publier des articles à tendance antisémite.

Nous allons donc aujourd’hui, nous demander dans quelle mesure, Joseph Kessel, dans son œuvre, La Passante Du Sans-Souci, est capable de s’en remettre au réel, de représenter son « romanesque de la vie », et s’il ne se laisse pas emporter par le récit poétique ou le réalisme de Gustave Flaubert par exemple. Nous commencerons donc par observer la manière dont Kessel s’en remet au réel en évoquant la représentation de la réalité du début de la guerre, une première pour cette époque, en passant par la représentation des bas-fonds parisiens et en finissant par les descriptions sans embellissement de la vie que fini par mener Elsa Wiener. Nous nous tournerons ensuite vers son utilisation possible du récit poétique et du réalisme en commençant par son utilisation de forme d’écriture d’Émile Zola, nous verrons ensuite comment son œuvre peut être un hommage à Baudelaire et nous finirons par les représentations d’Elsa qui ne touche jamais le moi intérieur ou très rarement puisque vue par d’autres.

La vie de Joseph Kessel fut marquée par son rôle important dans la Résistance. Accompagné de son neveu et ami Maurice Druon, il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres après avoir quitté la France pour rejoindre le général de Gaulle à Londres. Il fera ensuite, après la Libération, partie des reporters qui assisteront au procès du maréchal Pétain en 1945. Cette partie de sa vie peut donc expliquer le sens qu’il a donné à son œuvre même si comme nous le savons, La Passante du Sans-Souci fut rédigée de nombreuses années avant cela. Kessel est, toutefois, l’un des premiers à parler de camps de concentration et de ce qui s’y passe réellement alors même que la Seconde Guerre Mondiale n’a pas encore commencé. Pour utiliser un exemple précis, nous pouvons citer un extrait du roman à la page 84 lorsque le narrateur dit : « on sentait la misère physique, les coups, la faim, un sadisme sauvage étaient sur le point de briser un homme jeune et fort ». Michel, ce personnage encore trop éloigné nous est décrit par l’horreur qu’il subit, par ses souffrances et aussi à travers les yeux d’Elsa mais avec une justesse et un réalisme incroyable. Dans la même lignée, lorsque plus tard, à la page 98, Elsa reçoit une nouvelle lettre de Michel, le narrateur écrit : « Il était malade. Surmenage. Cœur affaibli… On l’avait expédié dans l’infirmerie du camp. Mais la nourriture y était à peine meilleure que l’innommable bouillie que l’on servait aux internés. Le médecin lui avait accordé seulement deux semaines de repos - l’infirmerie était surpeuplée » là encore, Kessel nous montre l’horreur qui peut être subie par les internés et pourtant, il n’y a que peu de détails, cela renforce une idée selon laquelle Kessel a réellement conscience des conditions de vies de ces personnes mais aussi du fait qu’ils ne peuvent pas dévoiler plus qu’il ne faut. L’absence de détails peut s’expliquer de même par le fait que Michel a du mal à se laisser aller et à faire voir à Elsa ses faiblesses. On peut donc reconnaitre dans ces extraits le style journalistique du reportage kesselien. Enfin, le dernier épisode que nous pouvons citer pour cette partie se rapporte à la sortie de Michel du camp, à la page 140, lorsque le narrateur parle avec Max. Ce dernier annonce ainsi : « Monsieur Michel n’est plus au camp de concentration. […] Il n’a pas le droit de quitter la ville voisine. La police le surveille. L’hôpital ne l’accepte pas. Il n’y a pas de secours de chômage pour lui. Il n’a qu’à mourir de faim et de froid. » Cette annonce, presque plus brutale que les deux précédente annonce une couleur vraiment sombre pour l’avenir de Michel, alors que cette nouvelle aurait pu être merveilleuse, c’est presque pire qu’avant. Et là encore ce souci de réalisme se fait sentir très fortement. Par ces exemples, nous pouvons très clairement ressentir cette idée de « romanesque de la vie », l’idée que la vie en elle-même est assez poétique pour en faire un roman même à travers des histoires difficiles et l’une des périodes les plus sombres de notre histoire contemporaine puisqu’encore aujourd’hui c’est une époque qui nous touche et nous émeut.

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