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Citation de madame de Scudéry

Dissertation : Citation de madame de Scudéry. Recherche parmi 302 000+ dissertations

Par   •  4 Mai 2025  •  Dissertation  •  4 076 Mots (17 Pages)  •  8 Vues

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Tournier disait “nous ne serions jamais tombé amoureux si nous n’avions jamais lu une histoire d’amour ou si on ne nous en avait jamais raconté quand nous étions petits”. Cela semble offrir à la littérature un rôle essentiel dans la vie, dans la mesure où elle serait une nécessité si l’on désire vivre pleinement et complètement. Dans une lettre destinée à Bussy-Rabutin, écrite en 1675, madame de Scudéry accorde également beaucoup d’importance à la littérature. Elle écrit “car enfin on dira ce qu'on voudra du grand Livre du monde, il faut en avoir lu d'autres pour savoir profiter de celui-là”. Cette conclusion (l’adverbe “enfin” montre que cette phrase est la conclusion d’un raisonnement) présomptueuse montre que, pour madame de Scudéry, la lecture d’un maximum de livres est  essentielle dans la compréhension du monde qui nous entoure. Elle affirme qu’il est obligatoire d’avoir lu une diversité d'ouvrages afin d’en comprendre d’autres, et plus implicitement, il faut avoir lu pour mieux comprendre et appréhender la vie. Ces propos peuvent paraître tout de même réducteurs, dans la mesure où chaque livre dispose d’un message qui lui est propre et qui peut se suffire à lui-même.

Mais alors la lecture d’une multitude d'ouvrages est-elle obligatoire pour pouvoir appréhender le monde dans son ensemble, comme l’affirme madame de Scudéry ?

Il est vrai que le l’œuvre renvoie à la bibliothèque, comme l’affirme Malraux,  ainsi, il est nécessaire d’avoir lu d’autres livres si on veut en comprendre un en particulier. Néanmoins, chaque livre dispose d’une dimension particulière, on peut donc apprendre beaucoup d’une lecture sans être un grand lecteur. Finalement, la réflexion mérite d’être élargie à la vie, en effet, “le grand Livre du monde” est une périphrase pouvant désigner la vie et le monde. Ainsi, nous finirons par analyser l’importance de la littérature dans la compréhension de ces dimensions.

Il est nécessaire d’avoir acquis de l'expérience à travers la lecture avant de pouvoir prétendre comprendre l’essence des livres, car chaque livre est en résonance, il faut donc avoir beaucoup lu pour que le sens profond des livres ne nous échappe pas. A ce sens profond, s’ajoute un sens universel, qu’il est fondamental de découvrir. Cette dimension universelle peut se décliner sous plusieurs formes, les auteurs ayant une façon personnelle de voir les choses. Il est donc nécessaire de lire de nombreux ouvrages, afin d’accroître le champ de réponse.  

La plupart des œuvres disposent de référence à d’autres œuvres, ou à des faits historiques. Il est donc obligatoire d’avoir une grande culture afin de pouvoir comprendre ces références. Ces références, qui peuvent prendre la forme d’intertextualité, peuvent en effet faire passer un message, changer le sens d’un texte. Par exemple, dans Salammbô, Flaubert débute son livre par la phrase suivante : « c’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilca ». D’apparence futile, cela représente en réalité une mise en situation spatiale et temporelle. En effet, plusieurs références aux guerres puniques se trouvent dans cette citation. Tout d’abord “Mégara, faubourg de Carthage”, lieu  carthaginois emblématique de ces guerres qui a fait l’objet d’une attaque par le romain Scipion au printemps 147. “Hamilcar” est également une référence à ces guerres. En effet, ce dernier a été le stratège des armées carthaginoises, pendant le IIIe siècle après JC. Dans cet exemple, il aurait été impossible de saisir l’implicite de cette phrase sans connaître les guerres puniques.

        C’est pourquoi le lecteur doit opérer une lecture esthétique et historique, qui ne peut s’apprendre qu’en s’entrainant. De ce point de vue, il est alors primordial de beaucoup lire et de lire de façon attentive, en menant une démarche extrinsèque (placer l'œuvre dans un contexte et la relier avec d’autres œuvres) qui a tendance à être omise. Allant dans ce sens, le préambule de La Vie mode d’emploi de Georges Perec est une véritable réflexion métalittéraire, dissimulée sous une apparence d’un notice pour faire des puzzles. En effet, il parle dans ce texte de la fabrique littéraire et de la relation ludique qui unit l’auteur et le lecteur. L’auteur parle d’un “reflet à peine terni dans un miroir” : cette citation d’apprnce anodine fait en fait référence à l’oeuvre phare de stendhal Le rouge et le Noir, dans laquelle on peut trouver ces mots : “Le roman, c'est un miroir que l'on promène le long d'un chemin”. Selon Stendhal et donc Perec, la fonction du roman n’est pas de refléter la réalité, mais plutôt de nous permettre de nous évader. Néanmoins, il conviendrait de ne pas s’attarder sur ce sujet. Plus tard, il aborde le sujet des “embûches rencontrées par les amateurs” qui désignent quant à elles la lecture herméneutique. Ces deux exemples, loin d’être les seuls, montrent que ce texte est rempli de références extérieures qu’il est difficile de voir sans entraînement. Cela démontre également que chaque livre, au-delà de sa valeur particulière, dispose d’une valeur universelle qu’il est intéressant de comprendre.

        Le lecteur doit dépasser la particularité de l'œuvre et découvrir ce qui la transcende. En effet, chaque livre doit être appréhendé pour sa valeur universelle, dans la mesure où la valeur particulière de l'œuvre peut paraître moindre. Si on lit un livre sans chercher plus loin que le sens littéral, ou bien si on lit un livre sans essayer de le contextualiser et de voir l’impact qu’il a aujourd’hui et qui pour certains ouvrages dépasse le temps, on est souvent déçus. Prenons comme exemple l’Odyssée d’Homère. Un lecteur enfant voit dans cet ouvrage l’aventure d’un héros (Ulysse qui traverse des épreuves pour rentrer à Ithaque) avec des monstres (Charybde et Scylla, les Cyclopes, les Lestrygons, les sirènes…). Un adolescent voit des histoires d’amour entre certains personnages (l’amour d’Ulysse et de Pénélope, le désir de Circé…). En revanche, le lecteur adulte peut voir dans cette histoire une suite de rencontres manquées entre Télémaque et Ulysse, comme l’a repris Daniel Adam Mendelsohn dans son roman Une Odyssée, un père, un fils, une épopée. Le lecteur adulte peut également rapprocher l’histoire d’Homère avec celles des migrants d'aujourd'hui, qui traversent les mers et bravent les tempêtes pour rejoindre la terre. Cet exemple montre parfaitement qu’il est important de dépasser la lecture plaisir et simpliste de l’enfant et de l’adolescent, car cela permet de donner à l'œuvre un impact réel qu’elle n’avait pas forcément en elle-même.

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