Analyse : Remarque 9, Des Caractères, Livre V
Analyse sectorielle : Analyse : Remarque 9, Des Caractères, Livre V. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Mélina KHALFI • 2 Juin 2025 • Analyse sectorielle • 1 183 Mots (5 Pages) • 36 Vues
Remarque 9 (Arrias), livre V, Les Caractères
La Bruyère est un célèbre moraliste du 17e siècle dont l'œuvre s'inscrit pleinement dans le classicisme. Le portrait d'Arrias est tiré des Caractères publiés en 1688. Il figure dans le chapitre “De la société et de la conversation”. Dans [ce recueil], Jean de La Bruyère dresse une série de portraits satiriques qui représentent des contre-modèles de la société classique portée vers les valeurs de mesure, de modération et de civilité.
Comment derrière le portrait d'Arrias, anti-modèle de l'honnête homme, La Bruyère semble-t-il dissimuler une critique de sa société ?
Je vais maintenant procéder à la lecture
Le texte peut être divisé en trois temps : une première partie consacrée à la présentation du personnage d’Arrias (du début à la l.3), un deuxième mouvement centré sur la mise en situation du personnage, véritable portrait en action (l.3 à l.9), et un dernier moment où La Bruyère [dénonce] la chute inattendue, révélatrice de la contradiction fondamentale entre l’image qu’Arrias cherche à donner et la réalité de son imposture (l.9 à la fin).
1.Mouv
-Dès la première ligne, l’auteur fait preuve d'ironie sur le personnage. Le présent de l’indicatif “a” prend une dimension de vérité générale : Arrias est un personnage type qui représente un caractère.
En effet, La Bruyère place d’emblée son personnage dans le registre satirique avec avec un énoncé hyperbolique et le parallélisme dans “Arrias a tout lu, a tout vu”, marqué par la répétition du mot “tout”, ce qui l’inscrit en tant que personnage excessif et démesuré, qui sont des vices opposés à l’idéal classique.
-”il veut le persuader ainsi” montre que cette information est fausse avec le pronom de reprise. La suite est saturée par le champ lexical de la tromperie “persuader”, “ce donner pour tel”, “mentir”, “paraître”. Il veut convaincre, Arrias joue un personnage manipulateur et malhonnête. Il se confond avec Dieu notamment à travers la phrase “c’est un homme universel” et au comparatif de supériorité “mieux… que”, il valorise le vice au détriment de la vertu.
-La Bruyère dénonce le caractère théâtral d’une société qui fonde sur le paraître, comme le démontre la fausseté du personnage, Arrias cherche l’attention.
2.Mouv
-A partir de la quatrième phrase, La Bruyère met le portrait d’Arrias en action. Il invite le lecteur “à la table d’un Grand”. Il est ainsi présenté dans un dîner mondain, une tradition satirique de repas ridicules connue au XVIIe siècle, déjà utilisée par Horace et Boileau.
-Le sujet de discussion est “une cour du Nord”, qui est très éloignée des
préoccupations des français. En s’exprimant sur un sujet aussi peu connu, Arrias prend soin de choisir un terrain sur lequel il ne risque pas d’être contredit, ce qui lui permet de briller sans craindre que son imposture soit dévoilée.
-La subordonnée relative « ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent » désigne déjà l’ambassadeur et permet ainsi de se rendre compte de la possible chute.
-De la l.5-9 « il s'oriente », « il en était », « il discourt », « il récite », « il les trouve », « il en rit », l’anaphore et répétition du pronom “il” avec le champ lexical de la parole mettent en valeur le narcissisme d’Arrias à toujours vouloir ce mettre en avant en devenant l’acteur principal de ce dîner et marque encore son égocentrisme à l’aide du champ lexical du théâtre.
-Alors qu’Arrias n’est jamais allé à la “cour du Nord”, il s'approprie le récit comme s'il racontait un voyage personnel, “comme s'il en était originaire”. La conjonction “comme si” révèle la tromperie et l'étendue de son mensonge qui dissimule la vérité.
-L’énumération et l’utilisation des pronoms démonstratifs et possessifs : “des mœurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes” est ironique car le lecteur a l’impression qu’Arrias compose un récit, il est lui-même son propre public comme le montre le champ lexical du divertissement : “« Il les trouve plaisantes », « il en rit le premier », « éclater »”.
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