Lecture linéaire : La rencontre entre le chevalier Des Grieux et Manon Lescaut
Commentaire de texte : Lecture linéaire : La rencontre entre le chevalier Des Grieux et Manon Lescaut. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar marineleguen10 • 26 Septembre 2025 • Commentaire de texte • 1 409 Mots (6 Pages) • 15 Vues
Lecture linéaire 1 – La rencontre entre des Grieux et Manon : une rencontre en marge de la société.
Pour commencer, le narrateur des Grieux présente les circonstances de sa rencontre. On remarque un jugement négatif sur cette rencontre de la part de ce dernier. En effet, il utilise l’interjection « Hélas ! » qui témoigne d’un jugement rétrospectif marqué par le regret : il aurait préféré ne jamais rencontrer Manon et avancer son départ d’Amiens d’un jour comme nous le montre l’exclamation à la forme négative, ligne 1. Ainsi, avant même de commencer son récit, il le dramatise pour attirer l’intérêt du lecteur et souligner l’importance de cet épisode. De plus, l’utilisation du conditionnel passé « j’aurais porté » traduit l’irréversibilité des conséquences associées à la perte de « l’innocence » (ligne 2). Ce jugement de la part du narrateur ne peut avoir lieu que parce qu’il a vécu cette rencontre et subi les évènements funestes qui en ont découlés. Il montre ainsi qu’il n’était pas en pouvoir d’échapper à cette rencontre qu’il présente comme une œuvre du destin.
Le récit de cette rencontre ne commence véritablement qu’à la ligne 3, lorsqu’il emploie le passé simple « nous vîmes » afin d’expliquer où il se trouve et ce qui se passe. Des Grieux dresse un cadre spatio-temporel précis à travers les noms de villes « Amiens », « Arras » mais aussi l’indicateur temporel « la veille ». L’évocation de détails montre que le cadre se resserre passant de la ville « Amiens » à un lieu, « l’hôtellerie » à ce que lui voit : « le coche ». Cette description contribue alors à un effet de réel et en focalisant son regard sur ce qui se passe devant lui des Grieux fait disparaître Tiberge de la scène, on comprend que ce dernier n’est pas si important, il est relayé au statut de personnage secondaire. Dans cette scène de rencontre, le narrateur doit et va se focaliser sur Manon.
Par ailleurs, l’arrivée du coche est l’élément déclencheur et marque le début de cette scène de rencontre. Son importance est marquée par le passé simple ; le participe présent « étant » fait de la promenade de des Grieux et Tiberge une action de second plan qui est alors interrompue. Cet élément qui semble anecdotique puisque les deux amis n’ont « pas d’autre motif que la curiosité » (ligne 4) lorsqu’il le suive, est en réalité l’élément le plus important de cet extrait, celui sans lequel rien de tout cela ne serait arrivé.
La rencontre se fait enfin et le narrateur est immédiatement fasciné par ce qu’il voit. C’est aussitôt le coup de foudre. Plusieurs choses ici : tout d’abord le récit de des Grieux semble montrer une agitation qui règne dès l’arrivée du coche. La succession des verbes au passé simple et l’emploi de l’adverbe « aussitôt » indiquent l’apparition des femmes et leur disparation presqu’immédiate mais cette rapidité est contrastée par la conjonction de coordination « Mais » qui va venir opposer les femmes et le coche qui « s’empress[ent] » et Manon qui « s’arrêt[e] ». Cela met en contraste cette jeune femme qui se distingue au milieu de cette effervescence. Ensuite, cette dernière est mise en valeur. D’abord par le parallélisme de construction de la phrase ligne 5 : elle est décrite comme « fort jeune » et immobile alors que l’homme à côté est déjà « d’un âge avancé » et pressé. Cela participe à rendre Manon exceptionnelle aux yeux de des Grieux. Mais à cela s’ajoute bien sûr l’adverbe de quantité « si » qui accompagne l’adjectif « charmante » pour en marquer l’intensité : des Grieux est sous le charme, littéralement. En effet, étymologiquement « charmante » vient du latin carmen qui signifie « poème » mais aussi « parole magique » or Manon agit comme une enchanteresse sur le jeune narrateur bien que ce pouvoir ne sera pas exclusivement exercé en bien lors de la suite du roman. Aussi, le jeune homme n’hésite pas à utiliser l’hyperbole pour appuyer ce caractère exceptionnel de Manon : il se voit « enflammé tout d’un coup jusqu’au transport » (ligne 8) à tel point qu’il la considère comme « la maîtresse de son cœur » (ligne 9) alors qu’il la connaît à peine, cette expression achève de la mettre sur un piédestal.
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