Analyse linéaire Les Effarés - Rimbaud
Commentaire de texte : Analyse linéaire Les Effarés - Rimbaud. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Gabriel Perrin • 29 Juin 2025 • Commentaire de texte • 2 588 Mots (11 Pages) • 12 Vues
[pic 1]
Contextualisat° : éléments des séances sur bio, contexte littéraire et influences sur AR , notamment le romantisme engagé de Hugo Melancholia (in Les Contemplations ). Mais l’écriture de Rimbaud s’écarte de celle des romantiques et s’affine, notamment tout au long des Cahiers de Douai confiés à Paul Demeny en 1870, période où AR est en pleine révolte.
Révolte face aux injustices sociales et à la souffrance des plus miséreux, des plus fragiles. Ainsi, AR dénonce se dresse contre l’ordre établi, sur le plan social comme esthétique, littéraire.
=> Emancipat° sociale et/ou politique et esthétique
Présentat° txt : Ds le 1er cahier de Douai, se trouve le poème « Les Effarés » ; thème des enfants malheureux (des enfants, représentés comme de petits animaux, regardent le boulanger fabriquer son pain) revisité notamment dans la forme = 12 tercets composés de 2 octosyllabes en rimes suivies et d’un tétrasyllabe qui rime avec celui de la strophe suivante.
Problématiques possibles :
Comment la contemplation de la fabrication du pain devient une allégorie de l’injustice et de la misère ? En quoi ce poème, jouant sur les contrastes, se clôt sur un cri de révolte ?
Mvts du texte :
Strophes 1 à 5 : jeux de contrastes (entre les enfants affamés et transis de froid et le boulanger) qui invitent à l’ empathie Strophes 6 à 12 : de la compassion (perceptions réconfortantes) au cri de révolte (la faim ne sera pas rassasiée)
[pic 2]
un effet d’attente dans la mise en place de ce tableau
- Tableau qui retarde les informations importantes : On ne sait pas d’emblée de qui il s’agit
- le titre « effarés » = adj substantivé qui désigne un groupe au pluriel non identifié et ne trouve son explicat° qu’au vers 4 « cinq petits »
- En effet les 2 1ers tercets ne sont qu’1 seule longue phrase qui accumule les compléments circonstanciels (lieu et manière) ds les vers 1 à 4 pour parvenir enfin au sujet : « cinq petits »
- Le chiffre « cinq » + « Noirs » + voca familier « leurs culs en rond » => peuvent suggérer une meute d’animaux (chatons)
- Le rythme haché du v.4 (3/3/2) avec « à genoux » en tête de vers + exclamative en incise entre tirets « -misère- ! » => permettent de comprendre l’horreur de la situation et d’entendre le cri du poète, qui assiste au tableau en même temps que le lecteur
- tableau qui s’ouvre sur un jeu de contrastes et de lumières :
- « Noirs » / « neige » et brume => blanc
- « Soupirail » => obscurité / act° « s’allume » au présent d’énonciation => luminosité soudaine qui coïncide avec notre regard et = on est en position de spectateur
- Atmosphère qui dépasse le simple récit réaliste : le soupirail est comme une grande bouche qui respire (soupire) et qui pourrait avaler les petits, un être fantastique qui s’éveille
- Personnificat° du « grand soupirail qui s’allume »
- Antithèses entre « grand » et « petits »
- Hypotypose (description saisissante et animée) qui nous place, lecteurs, en position de spectateurs de ces enfants qui assistent au spectacle de la fabrication du pain par le boulanger
Contraste entre les enfants et le boulanger
- Contraste marqué par la reprise anaphorique du pronom pluriel « ils » par opposition aux singuliers se rapportant au boulanger
- Contraste dans l’attitude
- Attitude passive des enfants presque soumise, en tout cas fascinés :
- « à genoux » + vbs de perception « regardent, voient, écoutent » + négation totale « pas un ne bouge » (v.13)
- omniprésence des couleurs : le pain « blond », le bras « blanc », la pâte « grise », le trou « clair », le soupirail « rouge »
- Qui s’oppose à l’activité du boulanger :
- Vbs d’action qui évoque les différentes étapes de la fabrication du pain « tourne, enfourne » +,
« chante » pendant la cuisson du pain => attitude enthousiaste
- enjambement + 2 adj valorisants + article défini « faire/le lourd pain blond » => le travail du boulanger et le produit de son travail sont valorisés => ce sont les yeux des enfants fascinés devant le spectacle D’AILLEURS les points de suspension semblent exprimer l’envie
- opposition dans leurs conditions
- pour les enfants : à l’extérieur dans un état frêle et miséreux : ils sont « à genoux » « dans la neige » et
« blottis » avec allitération en labiales sonore [b] et sourde [p] dans « blottis pas un ne bouge »
- pour le boulanger : à l’intérieur et plein de santé et de vie, ce qui est suggéré par
- les adjectifs mélioratifs dans la métonymie « le fort bras blanc » (écho au « lourd pain blond »)
- « au gras sourire » avec la gutturale [g] qui suggère la bouche d’un ogre ?
- il se trouve de l’autre côté du soupirail, à l’intérieur là où il fait « chaud comme un sein » => la comparaison qui suggère la chaleur dont ils sont dépourvus, insiste sur le très jeune âge des enfants en connotant la maternité (le sein et le pain sont tous deux nourriciers ; pain symbole du sein nourricier)
- ces jeux de contraste invitent à l’empathie du lecteur
- le pain prend une valeur symbolique : tout le 5° tercet connote le nourrisson blotti au creux du sein maternel)
une scène esthétisée et musicale
- le poète fait appel aux sens et ainsi rend cette scène plus touchante, produisant un effet d’immersion, le lecteur partage l’attente des enfants
- la vue : le tableau joue sur le clair-obscur et les nombreuses couleurs
- l’ouïe : le grésillement du pain « ils écoutent le bon pain cuire » est mêlé au « vieil air » chanté par le boulanger
- le goût : du pain est suggéré par l’adjectif « bon » (polysémie du mot ? => bonté morale ? )
- le toucher (et l’odorat ?): « le souffle […] chaud » du soupirail
- la musicalité des strophes insiste sur la beauté poétique de la scène :
- sonorités harmonieuses sur l’ensemble de ce 1er mvt : qui reprennent les sons du mot « boulanger »
- l’assonance en [ou] : « genoux, boulanger, lourd, tourne, enfourne, trou, boulanger, sourire, bouge », particulièrement présente au vers 14 : « Au souffle du soupirail rouge » (suggère une chaleur réconfortante ? le souffle d’un ogre mangeur d’enfants ???)
- l’ allitération en [b] : qui peut suggérer la rondeur de la gourmandise du pain
- rythme des strophes et des vers courts qui entraînent :
- nombreux enjambements, donnent une forme d’élan, lié aux actions successives de la fabrication du pain (la pâte est travaill2e, puis enfournée, puis le pain cuit)
- rythme proche de celui d’une chanson avec des strophes et des vers courts (2 octosyllabes et 1 tétrasyllabe) qui entraînent des enjambements et cachent des alexandrins coupés en 3X4 : « le boulanger//au gras sourire//chante un vieil air »
- les perceptions et la musicalité participent à la force émouvante de ce texte
[pic 3]
- même effet d’attente dans ce 2ème mvt : 7 strophes composées d’une seule et même phrase complexe, dont le rythme semble suivre l’émotion du poète :
- Tout d’abord, reprise anaphorique de « quand » => succession de 3 propositions subordonnées circonstancielles de temps =>
- Font surgir l’action qui produit l’instant magique, le moment crucial => retardé au 3ème vers du tercet « on sort le pain »
- Retardent l’arrivée de la proposition principale : « ils ont leur âme si ravie, ils se ressentent si bien vivre »
- Puis reprise de « si » (v.23-25 )qui annonce la proposition subordonnée circonstancielle de conséquence
« qu’ils sont tous là » (v.27)
- Mais le vers 27 tant attendu, qui doit donner la conséquence, est finalement assez décevant : « qu’ils sont là, tous » => ce n’est qu’un verbe d’état qui ne change rien à la situation initiale + adverbe « là » (=
déictique= qui renvoie à la situation d’énonciation) : comme si le poète nous les montrait du doigt,
...