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Comment sait-on que nous sommes dans le vrai ?

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Par   •  27 Avril 2023  •  Dissertation  •  3 079 Mots (13 Pages)  •  136 Vues

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Comment sait-on que nous sommes dans le vrai ?         

        Nous n'avons pas à nous préoccuper de savoir si la vérité existe ou encore s'il est possible que nous y atteignions parce que cela est supposé par le sujet lui-même. Cependant la question est de savoir si nous sommes toujours en mesure de reconnaître la vérité quand celle-ci se présente à nous. Ce n'est pas une mince affaire si nous voulons bien nous rappeler combien il nous arrive de prendre le vrai pour le faux et inversement. En effet, la vérité peut être là présente sans que nous la reconnaissions et, plus encore, nous arrive-t-il d'être convaincu d'être dans le vrai alors même que nous nous trompons. Il s'agit de se demander s'il y a des indices qui nous permettraient de ne pas nous tromper quand la vérité se présente afin que nous soyons en mesure de l'accueillir pour ce qu'elle est. Or, s'ils existent, ils peuvent présenter deux caractères : subjectifs ou objectifs. Les premiers sont-ils des marques suffisantes du vrai ? Si les seconds existent, d'où vient qu'on puisse encore se tromper ? Cela nous amènera à une dernière question : la vérité a-t-elle effectivement besoin de se faire reconnaître par des marques certaines ou bien ne porte-t-elle pas en elle-même la puissance de s'imposer à l'esprit de l'homme ? Pour résoudre ce problème, nous répondrons aux trois questions suivantes :

Suffit-il d'être certain pour être dans le vrai ?

L'évidence est-elle une marque suffisante de la vérité ?

Enfin, la vérité ne porte-t-elle pas en elle-même son propre indice ?

        Dans le Discours de la méthode (2e partie), Descartes rappelle sa première règle pour bien se conduire dans la recherche de la vérité qui est de « ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je la connusse évidemment être telle ». Une telle règle préventive qu'il ne faut pas manquer « une seule fois » d'observer nous rappelle combien nous sommes sujets à l'erreur en ce que nous prenons très souvent le vrai pour le faux et inversement. Mais ce qu'il importe de saisir, c'est le fait que dans pareils cas, nous sommes cependant persuadés d'être dans le vrai : « combien de fois avons-nous vu que des personnes se sont trompées en des choses qu'elles pensaient voir plus clairement que le soleil. » (Secondes objections). C'est que le faux peut prendre l'apparence du vrai et le vrai sembler si peu vraisemblable qu'il peut nous apparaître à la manière du faux. Dans le premier cas, il y a la plupart de nos préjugés auxquels nous tenons tant et que nous serions prêts, comme se plaisait à le rappeler Platon, à défendre devant une foule assemblée. Dans le second, les exemples ne manquent pas de vérités rejetées par les hommes sous le prétexte de leur invraisemblance, telle l'affirmation de la rotation de la terre sur elle-même à très grande vitesse par Copernic. Comment n'en ressentons-nous pas les effets, s'exclamaient nombre de ses lecteurs ? Si ce qui est faux peut être vraisemblable et ce qui est vrai peut paraître invraisemblable, la question est bien de savoir à quoi est-il possible de reconnaître la vérité ?

D'emblée, nous comprenons que la persuasion n'est pas un critère suffisant. Je puis être persuadé d'être dans le vrai alors que je n'y suis pas. C'est que la persuasion n'est jamais qu'un accord du sujet avec lui-même qui génère une certitude qui, bien qu'elle puisse être absolue, n'en demeure pas moins totalement subjective. Il ne suffit donc pas d'être certain pour être dans le vrai. A ce titre, nous pouvons généraliser notre remarque en soutenant qu'il n'est pas de marques subjectives susceptibles de garantir une vérité. Aussi devons-nous nous déprendre de toute détermination psychologique en cette matière car aucune ne se présente comme un critère de véracité. Là où s'affirme une certitude, il n'y a que croyance et non pas savoir dès lors que l’on entend le subjectif au sens de l’individuel.  Dans la foi, la certitude est absolue et naît de la persuasion du sujet d'être dans le vrai. Mais cette persuasion, qui n'est encore une fois qu'un accord du sujet avec lui-même, est sans aucune garantie objective susceptible de la fonder. Je crois, conséquemment, parce que je ne sais pas.

Si nous revenons à la première règle énoncée par Descartes, nous voyons qu'il place la reconnaissance de la vérité non dans la subjectivité d'une certitude mais dans l'objectivité d'une évidence. En effet, n'est vrai que ce que je suis en mesure de connaître évidemment comme tel. L'évidence, contrairement à la certitude, est présentée comme une marque nécessaire et suffisante de la vérité. Est-ce bien le cas ?

        Il y a évidence et évidence et il faut commencer par les distinguer. En effet, il peut sembler évident que le soleil tourne autour de la terre puisque c'est bien ce que montrent mes sens. L'expérience semble favorable à la thèse géocentrique selon laquelle la terre ne se meut pas. Mais c'est là une évidence sensible qui ne résiste pas à l'examen. Ainsi ce qui est évident du point de vue de l'expérience sensible peut s'avérer être faux du point de vue de la raison. Et inversement, ce qui s'avère être évident pour la raison, en l'occurrence que c'est la terre qui tourne autour du soleil, peut paraître totalement invraisemblable du point de vue des sens. Donc l'évidence qui se présente comme marque de la vérité est l'évidence rationnelle qui résulte d'un examen par la raison des données de l'expérience. Aussi en arrivons-nous à ceci que c'est en examinant les évidences sensibles qu'on peut seulement en arriver aux évidences rationnelles. Il faut par l'examen contraindre en quelque sorte l'erreur de se manifester : il s'agit de « ne comprendre rien de plus en mes jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute. » (Discours de la méthode, 2e partie). Passer de l'évidence sensible à l'évidence rationnelle, c'est passer de la certitude subjective à une certitude objectivée (ou conviction) parce que fondée sur une garantie apportée par le travail critique de la raison. Si la certitude (subjective) est incapable de produire de l'évidence (objective), l'évidence (objective) engendre de la certitude. En d'autres termes, si la certitude n'est pas un critère de vérité, l'évidence en est un. Elle se définit par l'absolue incapacité de douter. Est vrai, par voie de conséquence, ce qui est absolument indubitable, ce dont je ne puis absolument pas douter, même en imagination. Il reste cependant à montrer en quoi l'évidence est une marque objective de la vérité.

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