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Est-il difficile d'être soi-même ?

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Par   •  2 Janvier 2024  •  Dissertation  •  2 655 Mots (11 Pages)  •  34 Vues

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Est-il difficile d’être soi-même ?

        Nous avons tendance à dire que « je n’étais plus moi-même » quand nous sommes dans la situation d’un acte que nous éprouvons. Généralement, nous signifions à la fois une absence de notre identité, et la revendication de cette identité. Le terme « difficile » renvoie à la notion d’efforts, énonçant implicitement qu’il faudrait faire un effort pour être soi-même, ou bien à l’inverse, que les efforts que l’on fait pour être soi-même nous éloignent de qui nous sommes « naturellement ». On en vient donc à se demander si être soi-même, c’est être naturel ; si notre identité est comparable à une identité mathématique, comme lorsqu’on dit que « 1+1=2 ». Auquel cas, notre identité serait la même que ce qui fait qu’une chose, un morceau de bois par exemple, est elle-même. Ainsi, en poussant la réflexion, on se demande s’il est possible de nier sa propre identité, mais aussi si cela est volontaire, comme pour Sartre, ou bien inconscient, selon Freud. Nous discuterons trois aspects de cette problématique : La difficulté/l’impossibilité d’être soi-même tandis qu’on pense l’être ; la nécessité pour la conscience d’être elle-même ; mais encore la disparition du soi et de l’individu, ou bien « se fondre dans la masse ».

        Nous ouvrirons la réflexion par l’affirmation que nous ne sommes jamais véritablement nous-même, soit qu’il est impossible d’être soi-même. En outre, nous échafauderons notre développement par les thèmes du langage, de la connaissance, du jeu et du temps.

        Au même titre que le langage nécessite un signifiant, les mots ; et un signifié, une « chose » ; la connaissance suppose toujours deux éléments : un sujet connaissant et un objet connu. A la différence du langage cependant, la connaissance généralement ne se trouve pas déformée. Le langage lui est déficitaire : la médiation par le langage nécessitant des étapes d’interprétation et de narration qui transforment l’information et en perdent la véracité. Au stade de connaissance, cette étape de subjectivisation n’a pas encore lieu et ce qui est su peut être considéré dans une  certaine mesure comme vrai. Dès lors, lorsque la connaissance, soit l’objet connu, est soi-même, nous aboutissons à une absurdité. En effet, dire donc que nous ne connaissons nous-même impliquerait que nous somme à la fois le sujet connaissant et l’objet connu ! Nous pouvons voir là une critique du cogito Cartésien : le doute nous amène à expérimenter une situation absurde : celle d’une conscience qui s’exerce et s’observe en train d’exercer. Cela reviendrait à voir un musicien poser son instrument pour s’écouter jouer, le tout à la fois ! De même, lorsque nous disons nous connaitre nous-même, nous passons nécessairement par la médiation du langage, usant de mots pour nous décrire. Alors, nommer serait connaitre. Donc, nous connaissons nous car nous savons nous nommer, nous définir ? Cependant ces mêmes mots sont de pures conventions qui ne possèdent aucun lien avec ce qu’ils désignent, alors ces définitions que nous usons pour nous caractériser perdent de leur sens et se connaitre par le langage semble impossible. Aussi, « le gladiateur ne meurt […] jamais dans son lit ! », disait Diderot dans le paradoxe du comédien. Selon lui, Un acteur, pour émouvoir, doit sortir de sa propre identité et simuler celle que le rôle qu’il doit jouer lui prête. L’acteur prend toujours ses distances par rapport à son identité pour être crédible. L’art du comédien est de se dépouiller de son identité et de la monotonie du monde. Or, nous pouvons nous considérer tous acteurs dans le sens ou l’interaction par le langage nécessite une interprétation et une modification des faits et des souvenirs. Dès lors, nous nous distançons de la personne que nous sommes « véritablement » afin d’interpréter un rôle en face d’autres individus.

        D’un autre point de vue, celui-ci plus temporel, il semble impossible d’être soi-même dans le sens ou l’identité est insaisissable. Vivre dans la conscience des choses, donc la conscience de soi,  c’est retenir ce qui s’est passé dans le présent pour mieux anticiper l’avenir. Pourtant, l’instant en tant que tel est une illusion puisque lorsque que je prends conscience de l’instant, celui-ci se trouve déjà dans le domaine du passé. Le moi de l’instant est à cet égard insaisissable. Il devient difficile d’être soi-même au présent puisque notre conscience se projette dans le passé. De plus, si nous intégrons le corps au soi, il peut être difficile de se connaitre. Je change perpétuellement, « Le moi n’est jamais le même » (Montaigne, Les Essais), il devient donc réellement ardu pour mes pensées de me distinguer et de me connaitre. l’information n’est donc plus vraie. Nous pouvons raccrocher cet exemple à notre mémoire. A précédemment été dit que notre mémoire est lacunaire, qu’elle est sujette à interprétation Or si les souvenirs que j’avais de moi ne sont pas complets, comment puis-je être sûr qu’ils sont véritables et comment puis-je être sûr de qui j’étais, et alors comment être sûr que la vision que j’ai de moi aujourd’hui n’est pas biaisée ? Comment être certain de la personne que je suis devenu ? Le temps influe donc sur la vision que nous avons de nous-même.

        Jusqu’ici, nous avons considéré le « être soi » comme un état, naturel ou non, qu’il est impossible d’atteindre pour de multiples raisons. Cependant, l’individualité peut être vue comme un chemin : « Devient qui tu es » (Nietzche). Cette phrase paradoxale fait de l’individualisation un processus qui devient alors réalisable et être soi-même semble atteignable dans le temps.

        Désormais, nous nous attarderons sur les motifs de l’obligation pour notre conscience d’être soi-même et sur l’individualité à travers les notions de temps, de nature, et en étoffant nos réflexions sur le cogito Cartésien.

        Par opposition à un objet, l’être Humain vient au monde sans définition, c’est lui-même qui se forge sa destinée au travers de croyances, de rêves ou bien encore d’espoirs. Du moment même de notre naissance, nous pourrions donc dire qu’un stylo est entre nos mains, afin d’écrire comment et pourquoi nous vivons, qui nous sommes et à quoi nous servons. L’existence d’un tel objet, confirme que nous avons beau changer continuellement dans le temps, il reste que nous sommes des êtres pensants qui s’approprient leurs propres pensées. Implicitement, ces changements et l’appropriation de ces pensées confirment notre existence, la pensée étant peut-être l’expression de notre conscience et de notre désir d’être qui nous sommes, quand nous sommes. La connaissance que j’ai de mon moi physique par les pensées confirme mon existence. « Je suis toujours ici et maintenant » (Hegel). Aussi, nous avons vu que l’instant est une illusion, qu’il n’existe pas. Nous vivons dans le présent de notre conscience, mais qui cependant ne se fait par sur l’instant. Donc par le biais de notre conscience, les 3 dimensions du temps agissent ensemble. Dès lors, si je sais qui j’étais, aussi bien physiquement que mentalement, dans le passé, et que je suis certain que je serais moi-même dans quelques instants, alors comment ne pas affirmer que je suis moi-même à l’instant ? Le temps que je formule ces pensées je me situerais déjà dans le futur dans lequel je suis certain d’être moi-même. Du moment de notre naissance à notre mort, nous avons la possibilité de choisir qui nous sommes et quand nous sommes, devenir soi-même devient alors un processus interminable dans lequel je suis certain d’exister physiquement à l’instant où je pense, et auquel j’ajoute la certitude d’être moi dans quelques instants. Être soi devient donc une évidence.

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