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S.Vergnes "Les Frondeuses, une révolté au féminin"

Fiche de lecture : S.Vergnes "Les Frondeuses, une révolté au féminin". Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Janvier 2024  •  Fiche de lecture  •  4 510 Mots (19 Pages)  •  56 Vues

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Lisa Gaultier, Khâgne Histoire/Géo

Les Frondeuses, une révolte au féminin (1643-1661), Sophie Vergnes

Sophie Vergnes est agrégée d’histoire et docteure en histoire des universités de Toulouse II-Le Mirail et Paris VIII-Vincennes-Saint-Denis. Membre de Mnémosyne (association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre), et de la SIEFAR (Société Internationale pour l’Étude des Femmes d’Ancien Régime), ses thèmes de recherche se révèlent toucher à l’histoire sociale et politique de la France au XVIIe siècle, l’histoire de la noblesse et des contestations nobiliaires, l’histoire des femmes et du genre, l’histoire des discours et des représentations.  C’est dans cette voie qu’elle rédige cet essai, sa thèse de doctorat, afin de s’intéresser au rôle politique des femmes de l’aristocratie dans la Fronde et aux représentations dont il fait l’objet au XVIIe siècle, de façon à en faire apparaître les enjeux politiques, sociaux et culturels.

Dans Les Frondeuses, une révolte au féminin (1643-1661), il est donc question de cette révolte des élites qu’est la Fronde, qui a mis fortement en péril le pouvoir royal pendant la régence d’Anne d’Autriche et qui dure officiellement de 1648 à 1653. L’autrice commence par nuancer la formule de Denis Richet qualifiant la Fronde de « maladie infantile de l’absolutisme » afin de mieux présenter la Fronde non pas comme un mouvement vaincu et sans grande portée comme peut l’impliquer une telle formulation, mais plutôt comme un mouvement qui a eu des actions contestataires avec des motifs intéressants qui n’avaient pas vocation à être vaincus et qui ont été craints par la monarchie. La succession des décès de Richelieu et de Louis XIII donne lieu à la régence qui est perçue par les contemporains comme un moment fragile propice à la montée de contre-pouvoirs. En effet, l’ambiance tumultueuse de la Fronde débute progressivement avec la nomination de Mazarin comme 1er ministre ce qui pousse les maisons aristocratiques à vouloir le supplanter, excédés par la politique fiscale liée à la guerre franco-espagnole. Ainsi la Charte de la chambre Saint-Louis est rédigée par ses mêmes contestataires du 30 juin au 9 juillet 1648. La régente riposte en arrêtant les deux principaux meneurs le 26 aout, mais s’en suit les premières « journées des barricades » pour faire pression sociale, ce qui permet la libération des deux opposants par Anne d’Autriche. Cela est considéré comme la première phase de la Fronde dite parlementaire. Ensuite pour mettre un terme à cette opposition parlementaire, les autorités royales menées par Condé organisent le siège de Paris au début de l’année 1649 ce qui réussit à la monarchie, conduisant Condé à se présenter comme le meneur de la monarchie avec des prétentions excessives. La Vieille Fronde s’allie alors avec la monarchie contre le parti des Princes en faisant emprisonner les princes de Condé et Conti et leur beau-frère puis en 1650 une alliance se forme entre ces deux Frondes ce qui fait fuir Mazarin. Les prisonniers sont libérés et la Vieille Fronde s’estime mal récompensée par les princes se rapproche une nouvelle fois du pouvoir royal ce qui signe la dernière phase de la Fronde dite la « Fronde condéenne ». Dans les années qui suivent s’observe une pacification efficace jusqu’à ce qu’elle soit totale avec le début de règne de Louis XIV en 1661.

Juste après avoir introduit l’articulation chronologique de cet évènement, l’autrice nous partage les sources qu’elle a jugé les plus intéressantes à utiliser pour documenter cette thèse. Elle souligne tout d’abord la moindre importance des sources narratives telles les Mémoires qui permettent d’établir certains faits en ayant une meilleure connaissance de l’histoire culturelle ici notamment en saisissant davantage les rapports entre femmes et pouvoir. Toutefois, ces sources sont souvent bien trop partisanes et subjectives et ne rapportent pas la vérité pure. Alors, l’autrice utilise en grande partie des sources primaires pour valider ses propos. Par exemple, elle utilise des actes notariaux permettant d’éclairer la situation sociale, économique et familiale. Elle se documente aux archives nationales ou encore au département des Manuscrits occidentaux de la bibliothèque nationale de France en ce qui traite les sources manuscrites. Elle accorde également une importance aux travaux des contemporains sur la Fronde comme instruments de travail pour évaluer les enjeux de l’activité politique de femmes tels qu’ils ont été perçus. Elle a pu lire par exemple les travaux de Katia Béguin ou Laurent Bourquin. De plus la lecture d’œuvres littéraires de l’époque ainsi que les Mazarinades lui a permis de s’imprégner du climat politique et moral de cette époque.

Les sources qu’elle utilise se retrouvent souvent citées au fil de l’ouvrage afin de nous aider à illustrer ses propos. Ainsi on retrouve de nombreuses citations de sources primaires ou également des citations explicatives d’autres œuvres historiques contemporaines. Par exemple elle introduit la définition de Bodin en ce qui concerne la « gynécocratie ». Enfin, des portraits et images sont inclus ce qui donne une accessibilité symbolique à ses explications historiques.

L’objet de sa thèse est donc centré sur les femmes qui sont omniprésentes et qui jouent un rôle important au sein de la Fronde, importance qui s’illustre par une certaine mixité des rôles dans les témoignages de l’époque. Alors la documentation de sources partisanes met de manière plus évidente en lumière la représentation des femmes à l’époque. Ainsi l’autrice semble avoir utilisé de nombreux documents iconographiques pour saisir les enjeux plus implicites (même si le caractère véridique est moins sûr que celui de sources primaires) de leur place dans la société.

En ce qui concerne les bornes chronologiques, Sophie Vergnes ne se contente pas de traiter les 5 années violentes de la Fronde. Effectivement elle choisit plutôt de commencer par la régence d’Anne d’Autriche car l’avènement d’un pouvoir féminin n’est pas sans incidence sur les motifs qui poussent les femmes à entrer dans l’arène politique. Pour ouvrir les perspectives, l’étude s’arrête à la fin de cette régence car certaines Frondeuses restent actives au moins jusqu’à la conclusion de la paix entre la France et l’Espagne en 1659. Ainsi cela nous permet d’avoir une vision large de leurs actions et de contextualiser le sujet. Les bornes géographiques, quant à elles, sont celles de l’ensemble du royaume de France même si certaines Frondeuses n’hésitent pas à franchir les frontières parfois pour se rendre en Espagne par exemple.

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