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TD Personnel sur le mémorandum toupuri: histoire du nord Cameroun

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Par   •  2 Décembre 2017  •  TD  •  2 070 Mots (9 Pages)  •  858 Vues

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INTRODUCTION

Le mémorandum est une forme de revendications ethno-régionales ayant pris de l’ampleur dans les années 1990. Généralement rédigés par les élites politiques et intellectuelles, ils sont adressés à la haute autorité de l’État pour lui faire part des problèmes que vivent les communautés au nom desquelles ils sont écrits. Cependant, il n’en demeure pas moins que les mémorandums sont utilisés par les élites comme une arme de chantage politique en vue de se frayer un chemin dans l’arène du pouvoir. Dans cette avenue, les mémorandums s’inscrivent dans la logique de la production contextuelle de l’ethnicité. D’où le concept de minorités politiques, régulièrement évoqué pour justifier leur rédaction. Quant au mot « Toupouri » ou « Thaï Pouri », c’est un grand ensemble de peuples qui regroupent Doré, Massa, Moundang, Kera, Moussey, car « Thaï » en Toupouri signifie rassemblement, union et « Pouri » signifie « beaucoup ». C’est donc un melting-pot. Ils sont en grande partie constitués de Massa, puis viennent les Kera, les Marhaï ou Moundang et Doré. Par la force de lien ethnique, ils sont devenus membre d’une même culture partageant la même langue. Sur quelle base se fonde le mémorandum des toupouri ? Répondre à cette interrogation fera l’objet de notre analyse.

I –LE PROBLEME POLITIQUE : la marginalisation des Toupouri comme facteur de revendication

D’emblée, convient-il de distinguer l’ethnicité politique des «toupouri »  des autres types d’exploitation des référents identitaires connus ailleurs. Autrement dit, pourquoi la marginalité politique des «toupouri» au Nord-Cameroun phénomène difficile à démentir ? Comment se perçoit la marginalité politique « toupouri » ? La configuration qu’a prise la « revendication toupouri » depuis un certain temps à la suite de la libéralisation de la vie politique au Cameroun ne peut se comprendre qu’en référence à un contexte idéologique et politique qui conditionne la rétribution politique de postes de responsabilité. Bref, il s’agit de la logique du donner et du recevoir. La marginalité politique « toupouri» dont la sous-représentation politique est l’élément fondamental de définition s’exprime par une inadéquation entre le nombre de ces populations et leur poids sur la carte national.

1- le concept de minorité : le déséquilibre des toupouri au rang des  sociétés

Le concept de minorité politique ne renvoie pas forcément à l’effectif
démographique, comme c’est le cas lorsqu’on définit les minorités ethniques. Il renvoie plutôt à la question de la représentation politique des différents groupes ethniques dans l’appareil d’État. A ce sujet, Geissler (1996) écrit qu’en tant que minorité politique, un groupe ethnique se retrouve dans une situation sociale défavorable en ce qu’il manque de représentants dans l’appareil d’État. Stasi Ulis et Abu-Laban (1991) abondent dans le même sens lorsqu’ils considèrent la représentation politique des groupes ethniques comme étant indispensable pour la défense de leurs intérêts au niveau de l’État. Dans le cadre des revendications, les auteurs font généralement usage du concept de minorité politique pour dénoncer la dis-proportionnalité entre l’importance démographique des populations et leur représentation au sein de la fonction publique. Stasi Ulis et Abu-Laban (1991) précisent cependant que les représentants politiques n’agissent pas toujours dans le sens de promouvoir les intérêts des communautés dont ils se réclament les porte-paroles. En fait, sans entrer dans un débat, On assiste ici à un cumul d’une identité contradictoire (mis en marge) parmi une majorité démographique et une minorité politique au rang desquels figurent les TOUPOURI. Comparativement au groupe voisin islamo-peul par rapport auquel on mesure la marginalisation « toupouri », nul ne peut démentir la visibilité du déséquilibre. Si l’on s’en tient seulement à l’équipe gouvernementale au sens strict du terme, étalon de mesure assez suffisant pour apprécier l’exclusion des « toupouri » car les ministres relevant de ce dernier groupe ne représentent pratiquement rien par rapport au poids numérique de leur clientèle locale. Cette réalité est tellement saillante au Cameroun. Pour s’en convaincre, il faut seulement s’en tenir à l’observation de Jean-Marc Ela selon laquelle «
cette situation de marginalisation résulte de la manière dont l’Etat colonial et l’Etat postcolonial ont géré le pays (…). Le kirdi s’est retrouvé doublement soumis à un système de domination lamidale, ensuite coloniale et postcoloniale ». En tout état de cause, il existe une rupture profonde aux causes multiples entre la masse « toupouri » et l’Etat central camerounais depuis le projet nationaliste, colonial et postcolonial. La revendication politique qu’on observe aujourd’hui, due au déséquilibre structurel qui a induit une affirmation réactive des élites puis de la masse dans une certaine mesure, est et reste politique. Ce qui veut ainsi dire que la question toupouri ne saurait plus être soustraite du débat ethnique au Cameroun sans toutefois s’apparenter dans une certaine mesure à la question bamiléké qui serait un projet de traduction politique du contrôle des surfaces économiques et démographiques, à la limite une quête d’hégémonie au Cameroun selon l’imagerie populaire et même la culture savante. La question toupouri est aussi différente de la question berbère qui reste davantage linguistique. Contrairement aux Bamiléké, les toupouri ne disposent d’aucun pouvoir économique quelconque pour prétendre influencer le pouvoir politique suprême, ils n’ont aucune tradition mercantile encore moins une culture d’épargne. Leur situation, sans toutefois demeurer unique en son genre, reste tout de même spécifique en période de pluralisme politique où le capital humain constitue une ressource d’acquisition des positions de pouvoir.

2- le problème du poids démographique

Malgré leur poids, les toupouri restent mise en marge de la société. De manière générale, les auteurs des mémorandums dénoncent la situation ambiante et ambivalente dans laquelle se trouvent leurs communautés. En faisant recours aux statistiques produites par le Bureau central des recensements et des études de population (BUCREP), les élites révèlent l’importance démographique de leurs communautés, qui dans le contexte démocratique, constitue un enjeu important pour le maintien du régime politique en place. Elles soutiennent en outre qu’en dépit de leur poids démographique, leurs groupes ethniques ou régionales demeurent une minorité au plan politique (Fendjoungué, 1993; Bigombe, 1993). En outre, les toupouri cherchent à revendiquer leur intégration au sein de la nation a fin de prôner leur ethnie. Ici le problème de revendication et de la marginalisation n’en demeurent pas moins qu’il soit culturellement dominé ou politiquement cela mérite aussi d’être analysé sur le plan religieux et culturel.

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