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Louis XVI et l’échec du réformisme autoritaire ( 1774-1789 )

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Par   •  26 Novembre 2013  •  5 218 Mots (21 Pages)  •  860 Vues

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Louis XVI et l’échec du réformisme autoritaire (1774-1789)

I. La France entre tradition et mutations : l’accumulation des tensions

A. Une société d’ordres vacillante

1. Une société hiérarchisée, traversée de clivages multiples

La société française reste toujours hiérarchisée. Elle organisée en ordres (et non pas en classe sociale). Chacun des 28-29 millions de français se définit toujours par le corps auquel il appartient. Dans le tiers état on retrouver les domestiques, artisans boutiquiers, les laboureurs, les bourgeois puis au-dessus le bas clergé ainsi que la moyenne et petite noblesse. Tout en haut se trouve le haut clergé (cardinaux, évêques, abbés) ainsi que la haute noblesse (princes, grands, noblesse de cour). Chaque groupe a ses libertés et ses privilèges. Le roi se considère comme le garant de cet ordre-là. Cette hiérarchie se manifeste par une mise en scène constante (costumes, ordre dans les processions, sièges à l’Eglise). Le paysan porte sur son dos le clergé et la noblesse. Cette société est de plus en plus en bouleversement car chacun des ordres est extrêmement hétérogène. De plus en plus le clivage apparait entre les privilégiés (nobles) et roturiers. Du point de vue spatial s’ajoute une distinction entre les citadins (19-20% de la population) où la hiérarchie est souvent visible et basée sur le niveau de fortune et les paysans. Le peuple urbain se décline en moyen et bas peuple. Ce peuple est organisé en corps et communauté de métiers. Les conditions de vie sont d’autant plus difficile qu’il y a un mouvement des campagnes vers les villes (ce n’est pas encore un réel exode rurale). Cela pose un problème d’emploi. La population reste à 80% rurale. Dans les campagnes, le poids du système seigneurial (voire féodal qui n’existe plus vraiment) reste encore fort et pesant. Les droits seigneuriaux sont de plus en plus contestés dans la mesure où le seigneur a déserté la campagne et ne joue plus son rôle de protecteur traditionnel. C’est un ensemble social qui parait simple et que certains pensent encore comme immuable mais qui en réalité est de moins en moins cohérant.

2. L’inégale répartition des fruits de la croissance

Cette inégale répartition exacerbe les tensions sociales. Les sujets de Louis XV et Louis XVI ont conscience de vivre des temps biens meilleurs que leurs ancêtres (« beau XVIIIème siècle »). Ce n’est pas vrai pour toute la France. Il y a encore des poches de pauvreté à côté de régions économiquement développées. Le système bancaire est encore très peu développé. Les progrès ne bénéficient pas à tous. Ils bénéficient surtout à ceux qui vendent car les prix augmentent comme les propriétaires fonciers avec des surplus à vendre, les négociants, les manufacturiers, les boutiquiers, les artisans. Certaines familles nobles cumulent et amassent des fortunes considérables. Si on veut être sûr de faire fortune, le moyen le plus sûr est encore les affaires du roi. Les laissés pour compte de la croissance sont tous ceux qui ne disposent pas de moyens de productions, ceux qui sont dépendants et qui n’ont que leur force de travail. Dès les années 1730 pour ceux qui n’ont rien, le salaire réel baisse d’à peu près 25%. Les prix augmentent mais pas les salaires. La conséquence c’est que ces hommes de la campagne et de la ville doivent consacrer l’immense majorité de leurs salaires à la nourriture. Ils n’achètent plus de biens divers ce qui met en difficulté l’artisanat et les manufactures puisqu’il y a une mévente de ces produits qui augmente le chômage ainsi que des salaires bas. A partir des années 1770-1780, ce cercle vicieux est beaucoup plus visible. Les mendiants constituent le tableau habituel des grandes villes. Il y a également de l’errance. Ce sont des problèmes qui deviennent pressant et il y a la crainte de désordres. La police surveille de plus en plus cette foule « sans foi, ni loi ». Dès 1770 sont créé des dépôts de mendicité qui sont des établissements vers lesquels on dirige les mendiants lorsqu’ils sont arrêtés dans la rue (sorte de prison). Un certain nombre de seigneurs ne savent pas mettre en avant leurs terres et ont pour seul moyen pour maintenir leur noblesse de chercher des terres appartenant anciennement à leur famille. Les communautés villageoises protestent contre ces demandes. Il y a des actions antiseigneuriales lorsque le seigneur tente de s’approprier les terres de la communauté. Il y a une certaine agitation dans les campagnes. Jean Nicolas dans la Rébellion des campagnes a analysé tous les mouvements populaires possibles du XVIIIème siècle. Il repère entre le début du règne personnel de Louis XIV et 1789, 8500 mouvements de protestations qui montrent la lente maturation de ce qui va se produire de manière concentrée dans les années révolutionnaires. Pendant longtemps on a prétendu que le XVIIIème siècle était calme par rapport au XVIIème et XVIème siècle. C’est la même chose pour le règne de Louis XIV qui a également connu des contestations. 40% des mouvements de protestations ont lieu entre 1765 et 1789, essentiellement dans les villes et dans 40% des cas le motif essentiel étaient l’impôt, le fisc. Les impôts indirects étaient plus lourds et c’est ce contre quoi protestaient les Français. Les cibles principales sont les fermiers généraux. Derrière les impôts viennent la lutte pour le pain avec les émeutes de subsistance. Dans ces émeutes, l’un des rôles essentiels est celui des femmes. On a tendance à oublier que les modestes sujets du roi n’ont pas attendu, la diffusion des idées des Lumières pour agir au nom de ce qu’ils estimaient être leur droit. La seule chose qu’ils ont pour agir c’est de se mettre en mouvement.

3. Le problème de l’égalité au sommet

Les bourgeois accèdent de plus en plus à des charges économiques et administratives importantes. Mais ces bourgeois ne voient pas d’autre possibilité de consécration que d’entrer dans l’ordre supérieur de la noblesse. La classe bourgeoise n’existe pas en tant que telle. Nobles et bourgeois se rencontrent assez souvent dans les académies, les sociétés de pensée, les salons.

Leur mode de vie se ressemble de plus en plus, les intermariages sont courants. Cependant, paradoxalement on assiste à une crispation des privilégiés sur leurs droits notamment dans les dernières décennies de l’Ancien Régime. De plus en plus, ils exigent et le roi suit, d’avoir le monopole des places dans le haut clergé et même des places ministériels.

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