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Le droit de résistance au XVIe siècle

Commentaire de texte : Le droit de résistance au XVIe siècle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 241 Mots (9 Pages)  •  483 Vues

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Ce document est un extrait de l'ouvrage De la République écrit par Jean Bodin (1529-1596) un érudit humaniste ayant eu une formation religieuse et juridique. Cet auteur était un intellectuel renommé, en effet il a commencé une carrière ecclésiastique avant d'être délivré de ses vœux et d'étudier puis d'enseigner le droit avant de devenir avocat. Jean Bodin était un théoricien politique célèbre qui a notamment développé une théorie sur la souveraineté et l'indépendance du monarque. Partisan de l'absolutisme, il a adhéré à un groupe de catholiques modérés : Les Politiques qui pensent que la paix et l'unité du royaume passent avant l'unité religieuse. Jean Bodin s'est également intéressé au protestantisme ce qui influencera son œuvre. Jean Bodin a également été député du Tiers-état en 1576, année ou il publie la République, qui est une œuvre capitale pour la pensée politique occidentale.  La République est parmi ses œuvres les plus connues, ce livre sert encore de référence aux juristes de nos jours.

Jean Bodin écrit cet ouvrage dans une période de troubles. Les guerres de religion font rage en France, le livre est publié quatre ans après le massacre de la Saint Barthélémy, où l'auteur a été témoin du carnage. C'est également une période où de nombreux traités politiques ont été publiés, dont certains, comme celui de François Hotman Francogallia, défendaient la monarchie modérée à laquelle s'opposait Jean Bodin. On voit également apparaître progressivement un renforcement de l'autorité du roi et ce, malgré les nombreuses difficultés auxquelles le royaume doit faire face.

Ce texte nous explique comment traiter avec le droit de résistance vis à vis d'un tyran. En effet, il évoque la vision des Anciens, c'est à dire des auteurs antiques, pour lesquels il était possible de lutter contre le roi et nous dit également les cas où la résistance est illégitime. Jean Bodin insiste tout particulièrement sur le fait qu'il n'est pas possible qu'un sujet puisse commettre un tyrannicide car il ne possède pas la souveraineté. De plus, si le tyran est un tyran d'exercice, c'est à dire qu'il n'a pas usurpé le pouvoir, l'auteur dit que légitimer le droit de résistance pour les sujets mettrait à mal le système monarchique, mais que le salut des sujets du tyran pourrait venir d'un Prince étranger, qui lui possède la souveraineté. Le tyrannicide dans ce cas-ci est décrit comme positif.

Ce document écrit en 1576 met donc en lien le droit de résistance et la souveraineté du roi, et il s'inscrit dans une optique de théoriser la monarchie absolue. Cela rejoint certains textes du fascicule donné en cours notamment les extraits de traités absolutistes tel celui de Guillaume Budé De l'institution du Prince, ainsi que l'autre extrait de la République. Ce texte entre en opposition avec le texte de Théodore de Bèze proposé qui est lui pour le tyrannicide.

Dans ce texte, l'auteur décrit ce qu'il entend par tyran : «celui qui, de sa propre auctorité, se fait Prince souverain».

Les différents types de tyrans ont été distingués par Thomas d'Aquin au XIIIe siècle :

Il y a d'une part les tyrans d'usurpation dont l'arrivée au pouvoir n'est pas légitime. On a donc le droit de résister, mais ce doit être les représentants du peuple qui décident de la mort.

Les tyrans sont, pour Jean Bodin, ceux qui s'approprient le pouvoir par divers moyen. Or pour ce type de tyrannie, son jugement rejoint celui des auteurs antiques : le droit de résistance et même le tyrannicide sont légitimes «cestuy là soit mis à mort». Il rejoint donc la thèse de Thomas d'Aquin qui veut que les tyrans d'usurpation soient combattus contrairement aux tyrans d'exercice, qui eux ne peuvent l'être, puisque Dieu a choisi de les mettre en place.

 D'autre part, il y a le tyran d'exercice qui est arrivé au pouvoir de manière légitime, mais qui  ne respecte pas les lois naturelles, ainsi que la loi de Dieu. Ce Prince-là devient un tyran d'exercice « s'il est cruel, exacteur et méchant à outrance».

Dans ce texte, l'auteur évoque le fait que les anciens donnaient « de grands loyers et récompenses aux meurtriers des tyrans », il fait ici référence aux auteurs grecs et romains, pour qui le droit de résistance et même le régicide était vu comme foncièrement positif. Chez les athéniens par exemple, lorsque l'Ecclesia déclarait un dirigeant ennemi public, le tyrannicide devenait un droit civique qui était récompensé par des sommes d'argent, des tyrannicides se sont même vus obtenir des statues à leur effigies, ainsi que l'auteur le rappelle ici. De grands penseurs grecs, comme Aristote dans son ouvrage Politique, ont défendu le tyrannicide qui était selon eux un droit naturel. Ainsi Harmodios et Aristogiton, ont assassiné en 514 avnt J.C le prince Hipparque, frère du tyran Hippias d’Athènes , et ont été grassement récompensés. Jean Bodin cependant oppose à cela que ces régimes n'était pas des régimes monarchiques tels qu'il en existe au XVIe siècle en Europe. Et que la souveraineté des régimes antiques était alors partagé et non pas réunie dans les mains du roi comme c'est le cas pour les monarchies héréditaires. La référence aux éphores du régime spartiate qui pouvaient révoquer les rois était utilisée par des théoriciens monarchomaques pour légitimer le droit de résistance au XVe siècle.

Les penseurs romains ont également légitimé le tyrannicide : la création de la loi Valeria qui déclarait légal de commettre un tyrannicide si l'on prouvait que la personne avait voulu s 'emparer du pouvoir. On peut aussi remarquer que les athéniens ont élaboré des lois pour protéger le tyrannicide. On note que ces cas de tyrannicide ne concernent que les tyrans d'usurpation. En effet, puisque les régimes athéniens et romains n'étaient pas des régimes monarchiques, le tyran se faisait dirigeant de sa propre volonté. Les Anciens n'ont donc pas cherché à parler du droit de résistance dans le cas d'un tyran d'exercice qui serait venu au pouvoir de manière légitime. Jean Bodin montre son opposition à cette pratique car selon lui elle conduit à la mort de Prince qui ne sont pas des tyrans, et que le meurtrier se fait passer pour un «libérateur de la patrie» en se servant de ces lois.

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