Le roi de France et la guerre à l'époque moderne

DISSERTATION - td histoire moderne

→ Le roi de France et la Guerre - 1515 / 1598.

        « On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut. » disait Nicholas Machiavel au XVIème siècle. Et en effet, les multiples évènements guerriers de cette époque prouvent qu’il a raison. Les guerres commençaient au bon plaisir des différents rois qui les commandaient, et se terminaient tant bien que mal, quand une des deux parties prenait le pas sur l’autre. Le roi de France, c’est-à-dire l’individu qui en vertu de l’hérédité, exerçait à vie l’autorité souveraine, était très souvent en guerre. Il luttait contre d’autres états européens, ou bien prenait part à des luttes à l’intérieur de son territoire, lorsque ses sujets se battaient entre eux. Ces guerres commençaient toujours par une déclaration de guerre et se terminaient en principe par un traité ou un édit.

En cela, 1515 est une année marquante puisqu’elle voit la victoire française contre l’Italie et les gardes Suisses à la bataille de Marignan au mois de septembre (13/14) et l’entrée triomphante du nouveau roi François Ier à Milan le 11 octobre. L’année 1598 est aussi marquante dans le sens où elle voit l’adoption d’un édit majeur au niveau des guerres dans le royaume de France : l’édit de Nantes, édit de tolérance promulgué en avril par Henri IV, met fin aux guerres de religions qui ont déchiré le royaume pendant tout le XVIème siècle. Pendant ce siècle, le royaume de France a connu quelques agrandissements de territoire. François Ier y ajouta la Bretagne et l’Auvergne durant son règne ; Henri II, Calais et les « 3 évêchés » au nord et à l’est ; et enfin Henri IV apporta au royaume en devenant Roi de France les possessions des Rois de Navarre. Nombre de ces apports se sont fait par la guerre.

        En quoi le lien qui unit le Roi de France à la guerre est-il singulièrement modifié entre 1515 et 1598 ? En effet, le « Roi de guerre » qu’est le Roi de France s’affirme particulièrement pendant cette période, même si la logique qui unit ce roi à la guerre reste sensiblement la même.

        Tout d’abord, nous pouvoir voir que le Roi de France s’affirme tout particulièrement comme un roi de guerre durant cette période.

        La première marque de son rôle de roi de Guerre apparaît au moment du sacre. En effet, tous les rois de France se font sacrés lorsqu’ils arrivent au pouvoir lors s’une cérémonie religieuse. L’Eglise reconnaît alors au souverain une autorité de droit divin. Le sacre se passe en quatre parties, dont trois sont directement reliées au rôle guerrier du monarque. Le premier moment est celui du serment, avec des serments plus affirmés qu’avant au niveau militaire. Entre autres, le nouveau monarque prête un serment de paix envers son peuple, s’engageant à le protéger contre toutes attaques ; ainsi qu’un serment de protection contre les hérétiques, où le roi s’engage à délivrer son peuple de leur présence en les repoussant hors des limites du royaume. Le deuxième moment important est celui de l’adoubement. On remet au roi les insignes de chevalerie, soit des souliers, des éperons en or qui symbolisent la fonction militaire et le rôle de chevalier du monarque, et une épée, prétendument Joyeuse (l’épée de Charlemagne), qui rappelle au roi qu’il doit défendre son Royaume et l’Eglise.

        Le Roi de guerre s’affirme aussi par son pouvoir militaire immense. En effet, il commande une armée, constituée principalement après 1515 de militaire de métiers. Le rôle des nobles dans la guerre diminue au profit de la constitution d’une armée nationale dont la guerre est le métier. Elle est composée d’une infanterie, des soldats armés à pieds (pivot des attaques) ; d’une cavalerie, qui joue le rôle d’éclaireur, poursuit les fuyards après les batailles ou couvre la retraite des troupes en cas de défaite ; d’une artillerie, armée de canons qui doit semer la panique dans les rangs de l’infanterie adverse ; et de l’intendance, qui gère le paiement des troupes, les approvisionne... De plus, après la bataille de Marignan en 1515 remportée par le tout jeune roi François Ier et son armée, celle-ci peut compter sur le soutien des Gardes Suisses, des mercenaires réputés imbattables que les français ont défaits à Marignan. Avec la paix perpétuelle de Fribourg en 1516, le pouvoir militaire du roi s’accroit donc grâce au soutien indéfectible que lui accordent ces Gardes Suisses. De plus, le droit de la guerre est souvent le droit du vainqueur, ce qui permet lors des victoires françaises d’augmenter considérablement le pouvoir militaire du souverain.

        Enfin, le rôle de Roi de guerre du souverain Français s’affirme particulièrement à la Renaissance, avec l’apparition d’un véritable art de la guerre. Le développement de nouvelles techniques et armes comme les canons, les arquebuses, les artilleries ou les pistolets, rend inefficace les traditionnels châteaux forts du Moyen-Age.  C’est la Renaissance militaire. On invente également le bastion, en réponse au développement de l’artillerie, pour sécuriser les places fortes. Les agissements en tant de guerre changent également : il y a des campagnes de raid-éclairs pour prendre l’ennemi par surprise sans lui laisser le temps de réagir. Il faut également dévaster le pays ennemi et surtout, couper les lignes de communication et de ravitaillement. Avec la constitution d’une armée de métier, apparaît aussi un nouveau type de siège : lest attaquants attendent que les soldats ennemis se rendent, faute d’être payés ou de manger à leur faim.

Entre 1515 et 1598, le Roi de France s’affirme donc tout particulièrement comme un roi de guerre, grâce à son sacre et à l’augmentation de son pouvoir militaire. Cette affirmation est également soutenue par l’avènement d’une véritable Renaissance militaire. Ensuite, nous pouvons voir que le roi, lorsqu’il fait la guerre, suit une logique assez similaire d’une fois sur l’autre.

Cela s’exprime tout d’abord dans les causes des guerres. Celles qui se sont déroulées sur la période 1515/1598 représentent particulièrement bien les deux grandes causes des guerres débutées par le Roi de France. La première cause est territoriale. Les monarques cherchent par la guerre à reprendre leurs droits sur des territoires disputés par plusieurs puissances. Cela doit permettre d’assurer un statut de grande puissance au niveau européen. Prenons l’exemple des Guerres d’Italies. François Ier cherche à reconquérir le nord de l’Italie car son épouse Claude de France dont il est très épris est duchesse de Milan, et que cette région est disputée par Maximilien Ier de Habsbourg et Ferdinand II d’Aragon qui soutiennent les Sforza. Il  veut donc reprendre ses droits sur cette partie de l’Italie, ce qui causera la cinquième guerre d’Italie. La seconde cause est quant à elle religieuse. Le roi cherche à respecter son serment envers l’Eglise et son peuple en chassant par la force les hérétiques hors du Royaume. C’est le cas avec les guerres de Religion qui ont duré 36 ans en France. Le Protestantisme se développait avec les « 95 thèses » de Luther publié en 1517 et l’action de Calvin notamment en France. Les rois ont alors cherché à réprimer ceux qui se convertissaient. C’est avec le massacre des huguenots à Wassy, en 1562,  et le parti finalement pris par le roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis pour les Catholiques que la première guerre de religion débuta. L’intolérance des rois envers les religions causa donc des guerres.

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