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L'ère des nationalismes

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Par   •  16 Novembre 2018  •  Cours  •  2 331 Mots (10 Pages)  •  437 Vues

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L’ère des nationalismes

C’est au cours de ce siècle que s’est construit le modèle de l’État national.

L’Europe au cours du 19e siècle est traversée par de très grandes mutations : l’industrialisation, l’urbanisation, la diffusion massive de la culture écrite, la démocratisation en marche, l’affirmation de la puissance de l’État, le renouvellement profond des sciences et des arts. Il faut y ajouter une autre grande mutation, le nationalisme. Il entretient des liens étroits avec tous les autres bouleversements contemporains. Le nationalisme est lié très étroitement à la modernisation en marche.

La nation communauté homogène est en effet une réalité récente, dont les prémices se dessinent en Europe à partir de 1780. C’est dire, contrairement à ce qu’affirmaient les doctrines du nationalisme intégral, que la nation n’est pas une donnée naturelle inscrite de tout temps dans le cœur des hommes.

La nation n’est pas une donnée qui va de soi, mais un «artefact», une construction historique, le résultat d’un développement, le produit d’une volonté humaine. Ernest Gellner affirmant cette origine volontariste en conclut que ce sont « les nationalismes qui créent les nations », Dans le même sens, citons Éric Hobsbawm : «Ce ne sont pas les nations qui font l’État et le nationalisme ; c’est l’inverse.»

Le nationalisme s’est en effet développé à partir de sollicitations diverses : économiques, sociales, culturelles, territoriales et politiques, sollicitations qui ont été en s’affirmant au cours de la période. Ns. Ce qui existe, ce n’est pas une nation linguistique, ethnique, etc., ce sont des systèmes d’idées et de représentations qui ont cherché à imposer leur vision aux réalités. Cependant, ces données, prises isolément ou mêlées, sont des bases sur lesquelles des volontés politiques unificatrices se sont appuyées en utilisant leur capacité dynamique et mobilisatrice.

  1. Les sollicitations économiques : l’État-nation en Europe au 19e siècle est lié indiscutablement et indissolublement au processus de l’industrialisation. Il appartient à cet âge industriel.

D’un point de vue purement économique, l’État-nation constitue alors par sa dimension spatiale la structure la mieux adaptée à la phase économique que traversent les pays européens : d’un côté il dispose d’une certaine extension territoriale qui peut offrir une infrastructure importante, des ressources, des forces de travail suffisantes ; d’un autre côté cette extension territoriale garantit une vente satisfaisante à une production massive.

Es progrès des communications assurent une homogénéité nouvelle. Mais les progrès des communications et des transports n’ont pas seulement joué un rôle économique, ils ont aussi favorisé la perception dans les têtes d’une homogénéité plus forte et plus charpentée.

Mais la mobilité accrue au cours de ce siècle a induit un autre effet : la destruction progressive de la société agricole et le déracinement des hommes par l’exode rural. Cette destruction a rendu nécessaires de nouvelles formes de communauté et d’intégration, la création de nouvelles solidarités. La nation est l’une d’entre elles, la principale sans doute.

  1. Les sollicitations culturelles : l’État-nation prend également ses racines dans des évolutions culturelles de première importance.

Les nations modernes sont contemporaines de la diffusion de la chose imprimée dans les masses. L’alphabétisation, les progrès des techniques de communication ont rendu possibles l’accélération et la massification de l’information, à une échelle qui est sans précédent. Le. Ils avaient le pouvoir tout neuf de manipuler une opinion publique sans cesse élargie en flattant ses passions les plus basses, et notamment en exaltant le chauvinisme par des campagnes de presse. Par ailleurs, il est clair que la presse donnait un élan nouveau à l’homogénéité linguistique des populations et encourageait les revendications linguistiques, tout en favorisant la construction d’un parler national.

Les arts, la littérature, la musique encouragés officiellement participent à l’exaltation de la fierté nationale. Le nationalisme, voire le chauvinisme, trouvent là un terrain d’action, comme le montre ce petit fait significatif.

  1. Les sollicitations et les volontés politiques : celles-ci semblent bien avoir joué un rôle déterminant dans le processus de la construction de l’État-nation. Expression de la volonté générale issue du peuple (J.-J. Rousseau). En d’autres termes, il coïncide avec l’irruption des peuples sur la scène politique. C’est ce que voulait signifier Renan lorsqu’il parlait de « la nation comme plébiscite de tous les jours», ou encore Lavisse avec sa formule : «la nation voulue et consentie par elle-même ». Or, toute la période en Europe est marquée par l’émergence progressive de volontés démocratiques au rythme de la maturation politique des populations. On peut retenir comme point de départ de ce processus « révolutionnaire » la proclamation du tiers état comme Assemblée nationale en France en 1789.

L’essor de la nation en Europe au 19e siècle coïncide donc avec une marche progressive vers la démocratisation. L’adoption du suffrage universel, à des dates plus ou moins précoces dans les différents pays, en est le signe le plus marquant.

Ainsi, les masses interviennent-elles désormais dans le jeu politique, celui-ci n’est plus seulement une affaire de dirigeants et de diplomates. Elles interviennent non seulement par le suffrage universel, mais aussi par le poids de l’opinion publique sur les gouvernements, qui ne peuvent s’en affranchir totalement ou qui cherchent à l’utiliser. Les foules frondeuses ou exaltées pèsent dans le jeu politique. La grande presse quotidienne à bon marché et à grand tirage informe et forme l’opinion. Les foules, mais aussi les masses organisées, celles encadrées par le mouvement ouvrier ou par les Églises par exemple.

Développer le sentiment national autour d’eux en affirmant la puissance de l’État, en exaltant l’orgueil d’appartenir à un peuple actif et investi d’une mission particulière dans le monde, est un moyen de s’assurer cette confiance dans la durée.

Par ailleurs, l’industrialisation produisait des inégalités sociales accroissant les tensions et les contestations au sein de la société européenne. Les grèves et les émeutes sanglantes ont scandé un siècle particulièrement conflictuel. Les gouvernants face aux dangers d’explosion sociale se trouvaient devant la nécessité de maintenir la cohésion nationale. Le nationalisme a été une réponse au socialisme internationaliste et de lutte des classes, qui se développait et engendrait des peurs. Le nationalisme constituait donc pour les gouvernants un moyen de renforcer ‘unité de la communauté nationale, de faire oublier si possible les tensions croissantes.

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