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Introduction, la France et l'Afrique 1830 - 1962

Cours : Introduction, la France et l'Afrique 1830 - 1962. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  2 Février 2021  •  Cours  •  2 661 Mots (11 Pages)  •  439 Vues

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La France et l’Afrique 1830-1962 Approche historiographique

Depuis les années 1980, on assiste à un profond renouvellement de l’historiographie de la colonisa=on et de la décolonisa=on, d’abord lié aux Subaltern, Postcolonial puis aux Colonial Studies, ces dernières offrant une vision plus dépassionnée de la ques=on. Néanmoins il ne faudrait pas croire qu’avant les années 1980 l’historiographie s’est peu intéressée à la colonisa=on. De fait, on présentera ici succinctement les grandes étapes de l’historiographie de la colonisa=on et des mondes colonisés depuis la fin du XIX° siècle.

1/ Fin XIXe-années 1960 : le temps de l’histoire colonialiste. Sous la IIIème République, au temps de l’apogée de l’Empire français, l’histoire coloniale devient une sous-discipline au sein de la science historique universitaire, sous la pression du lobby colonial. En 1905 : créa=on du poste de Maître de Conférences en histoire coloniale à la Sorbonne ; en 1921 : créa=on d’une Chaire d’histoire coloniale au Collège de France. Durant ceYe période, les historiens s’intéressent à la conquête française et aux ou=ls de domina=on, ou encore à l’histoire juridique des colonies, avec peu d’esprit cri=que. Ils valorisent ainsi les héros coloniaux, tels Gallieni ou Savorgnan de Brazza. Personne ou presque ne remet en doute le bienfondé de la « mission civilisatrice » de la France dans les colonies. De fait, dès l’origine, ceYe histoire est mal considérée à l’université, peu abondante, de qualité assez médiocre (descrip=ve) et sous influence (du lobby colonial). Durant les années 30, les produc=ons historiques offrent des synthèses de la « geste coloniale française ». Ainsi, en 1932, Mar=neau et Hanotaux, deux historiens favorables à la colonisa=on et membre du « par= colonial », publient une Histoire des colonies françaises en 6 volumes. Cependant, certaines études des territoires colonisés transcendent déjà les limites chronologiques de la colonisa=on et cri=quent certaines formes du pouvoir colonial. Ainsi, Charles-André Julien, dans son Histoire de l’Afrique du Nord, 1931, fait figure de précurseur en proposant une analyse historique qui débute bien avant la conquête de l’Algérie en 1830. Reste que durant les années 30, à l’instar de la quasi totalité des Français, y compris les membres du Front populaire, des historiens ont pu dénoncer les abus du système colonial sans pour autant faire le procès de celui-ci en tant que tel. Et on peut dire que jusqu’en 1960, on observe un main=en de l’histoire coloniale classique en France : valorisa=on des aspects économiques, poli=ques, militaires, culturels et administra=fs de la colonisa=on. De ce point de vue, les effets de la Seconde guerre mondiale et les déclara=ons de la Charte des Na=ons unies en faveur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, n’ont guère eu d’effet sur l’historiographie du fait colonial. C’est seulement une fois les indépendances acquises, que les choses vont bouger...

2/ 1960-1980 : les refonda=ons de l’histoire de la colonisa=on. Au moment des indépendances et dans les années qui suivirent, des historiens (Charles-Robert Ageron, Jean- Louis Miège, André Nouschi, LuceYe Valensi pour l’Afrique du Nord ; Catherine Coquery- Vidrovitch, Denise Bouche et Yves Person pour l’Afrique noire), hos=les à la colonisa=on et ré=cents au marxisme1, renouvellent l’histoire de la colonisa=on en analysant les

1 Ils ne situent pas leur approche dans la perspective léniniste de L’Impérialisme stade suprême du capitalisme. 1

mécanismes poli=ques de la domina=on coloniale et en proposant une interroga=on sociale et économique du phénomène colonial, s’inscrivant dans la démarche de deux « grands anciens » : Charles-André Julien pour l’Afrique du Nord, Henri Brunschwig pour l’Afrique noire. Ainsi, se développe une dénoncia=on de l’impérialisme qui prend deux formes. Certains historiens, tel Jean Suret-Canale dans Afrique noire. L’ère coloniale (1900-1945), publié en 1962, épousent la cause de peuples colonisés, évoquent les faits d’oppression, dénoncent le système colonial (autocra=e administra=ve, fiscalité et jus=ce d’excep=on, code de l’indigénat, etc.) et travaillent sur les formes de contesta=on rencontrées par le pouvoir colonial dans une perspec=ve an=colonialiste. D’autres historiens (la majorité), influencés par les Annales, s’intéressent quant à eux aux territoires colonisés en transcendant les limites poli=ques des colonies. Ils travaillent sur les « aires culturelles » et dans le cadre de la longue durée économique et sociale chère à Fernand Braudel. CeYe approche apparait comme une manière de laisser l’Europe de côté : l’Afrique a son histoire propre qui ne peut être abordée qu’en dépassant la temporalité coloniale et les fron=ères nées de la colonisa=on. Celle-ci n’est pas oubliée, mais elle ne cons=tue plus qu’un moment de l’histoire de ces régions2. En outre, plutôt qu’aux entreprises et aux ins=tu=ons coloniales, ces historiens s’intéressent à l’histoire des peuples colonisés. Largement inspirés par les travaux des anthropologues, les historiens tentent alors d’analyser comment avaient pu fonc=onner des systèmes historiques non occidentaux, en refusant de n’u=liser que des concepts façonnés sur et pour l’Occident. Dans tous les cas, les nouveaux travaux historiques soulignent la capacité d’ac=on des popula=ons colonisées et tentent de montrer que le phénomène colonial n’est plus qu’un phénomène de rela=vement peu d’importance à l’échelle des espaces et des périodes étudiées. Dans le même temps, des historiens, telle Hélène d’Almeida-Topor, s’engagent dans des études quan=ta=ves pour mesurer dans quelle mesure les facteurs économiques avaient ou non joué un rôle dans la ques=on coloniale aux côtés des facteurs poli=ques et diploma=ques. C’est sur cet inventaire que s’appuya Jacques Marseille pour réaliser sa thèse qui meYait un point quasi final aux débats sur la rentabilité présumée de l’impérialisme dans Empire colonial et capitalisme français (1984).

Au cours des années 70, le ton an=colonialiste fut encore plus prégnant dans l’histoire de l’Afrique, ce qu’il faut relier au courant =ers-mondiste influent durant ceYe période. De fait, la collecte des faits coloniaux s’enrichit : explora=ons, conquêtes, résistances, enseignement, missions, administra=on, économie coloniale, tout y passa. Mais ce qui était privilégié était les effets ressen=s sur le terrain considéré. En outre, pour la première fois, ce furent des anciens colonisés qui faisaient leur histoire. Ainsi, l’époque

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