Affaire Dreyfus

L’affaire Dreyfus

Avec la IIIème République pour la première fois le régime républicain s’installe de manière durable en France. Cependant celle-ci connaît des débuts difficiles et doit tout d’abord acquérir une certaine légitimité afin de s’imposer pleinement auprès des français. Ainsi ce nouveau régime démocratique doit faire face à un certain nombre de crises dont certaines divisent profondément la société française. Ces dernières sont alors fortement médiatisées par la presse qui est alors en plein essor.

L’affaire Dreyfus demeure ainsi l’une des crises qui a le plus divisée la France sous la IIIème République et dont la presse fut le témoin privilégié de la lutte acharnée que se livrèrent dreyfusards et antidreyfusards.

On peut ainsi se demander comment les médias ont-ils influencé l’opinion publique durant l’affaire Dreyfus ?

Contexte politique et social :

Lorsque l’affaire Dreyfus surgie, cela fait déjà près de 20 ans que la IIIème République a été proclamée par Léon Gambetta, après la défaite du Second Empire à Sedan le 2 septembre 1870 face à la Prusse et l’abdication de l’Empereur Napoléon III. Cette guerre franco-prussienne s’achève quelques mois plus tard avec la cession de l’Alsace et la Lorraine au tout nouvel Empire Allemand. Dès lors un esprit de « revanche » s’installe en France et le nationalisme prend de plus en plus d’ampleur au sein de la société française. Ainsi la République commence à nouer diverses alliances militaires avec certaines grandes puissances européennes et s’engage dans une course à l’armement notamment contre ses voisins d’outre-Rhin.

A cette époque la toute jeune République a déjà connu quelques crises majeures telles que la crise boulangiste ou bien la vague d’attentats anarchistes. Il y eut également le scandale de Panama qui fut révélé par le journaliste antisémite Drumont. Cette affaire révéla le fait que les dirigeants de la Compagnie chargée de percer le canal de Panama (la compagnie de Panama) versaient des pots de vin à différents élus afin qu’ils modifient la législation fiscale. En effet la Compagnie connaissait quelques difficultés financières. Dès lors une commission d’enquête fut mise en place et interrogea une centaine d’homme politique. Le scandale provoqua notamment de vives critiques à l’encontre du système parlementaire mais également à l’encontre des Juifs de la part des nationalistes et des antisémites. Le scandale provoquera également la chute de plusieurs gouvernements.

Ainsi à cette époque, la société est également marquée par un certain antisémitisme et tout particulièrement au sein de l’armée française. Si l'antisémitisme (la haine des juifs) est aussi virulent en France, c’est notamment à cause de la publication de La France juive d'Édouard Drumont, en 1886.

La presse :

De plus, à cette époque la presse connaît un véritable « âge d’or ». En effet, cette dernière se démocratise considérablement et n’est plus réservée uniquement à l’élite en bénéficiant notamment des progrès de l’alphabétisation de la population ce qui élargi considérablement la sphère d’influence potentielle de la presse. Mais ce média de masse bénéficie surtout de la Loi sur la liberté de la presse de 1881 ce qui permet une grande liberté de l’information. Cependant cette libre parole de la presse occasionne dans certains médias des propos antisémites très virulents.

 Désormais la presse gagne de nouvelles couches sociales, à Paris comme en province, des grandes villes aux villages les plus reculés, notamment grâce :

-à l’évolution des techniques d’impression qui permettent de produire les journaux plus rapidement et donc en plus grande quantité notamment grâce à la presse rotative.

- à l’industrialisation des procédés de production et de distribution avec le développement du réseau ferroviaire qui facilite la distribution des journaux.

Il s’agit ainsi de l’avènement du quotidien d’information à grand tirage vendu à faible coût. De plus l’image gagne les colonnes des journaux et celles de leurs suppléments illustrés pour capter un lectorat croissant. Ainsi apparaissent dans les journaux de nombreuses caricatures.

(« La civilisation du journal » La figure du grand reporter apparaît.)

Nous sommes à une époque où la presse représente l’unique média de masse permettant de véhiculer les informations. Ainsi certains journaux concentrent à eux seuls près d’un million de lecteur.

L’affaire Dreyfus :

Exposé :

En 1894, une espionne française travestie en femme de ménage découvre, dans une corbeille à papiers de l'ambassade de l'Allemagne à Paris, un bordereau déchiré en plusieurs morceaux qui contient des renseignements hautement confidentiels de l'armée française, et qui est adressé à un attaché militaire allemand.

Le ministre de la guerre ordonne de ce fait une enquête et les investigations mettent vite en évidence la culpabilité du capitaine Dreyfus, un coupable idéal. En effet il est à l’Etat-major de l’armée, il a donc accès aux documents confidentiels et importants. Il est également Alsacien et parle donc allemand ce qui aurait pu lui permettre de transmettre différents messages à l’ennemi et d’échanger facilement avec ce dernier. Mais surtout il est juif or comme nous l’avons vu précédemment, une part importante de la population est antisémite à cette époque. La France fait face à une montée de l’antisémitisme. De plus vivement perturbée par le scandale de Panama (d’ailleurs étouffé par la justice elle-même), la société bourgeoise cherche un bouc-émissaire contre qui elle peut refaire l’union.

L’enquête met vite en évidence la culpabilité de Dreyfus sur la seule base d'une expertise graphologique en démontrant que l’écriture sur le bordereau correspond, en dépit de toute ressemblance, à celle du capitaine. Ainsi Dreyfus est accusé d’auto forgerie, c’est-à-dire de falsification de sa propre écriture. Il s’agit en réalité d’une théorie développée pour les besoins de l’enquête.

Dreyfus est alors arrêté le 15 octobre 1894 et nie sans cesse les faits qui lui sont reprochés malgré les fortes pressions exercées par les autorités militaires sur le suspect. Il est alors inculpé d’intelligence avec l’ennemi  et incarcéré dans le secret total.

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