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Les humanistes et l’invention du « Moyen Âge »

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Par   •  27 Février 2022  •  Dissertation  •  1 334 Mots (6 Pages)  •  303 Vues

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Les humanistes et l’invention du « Moyen Âge »

 

 

L’humanisme est un mouvement culturel, philosophique et artistique né en Italie au cours du XIVe siècle avant de se développer en Europe. Les humanistes prônent alors un retour aux auteurs et à la philosophie antique afin de renouveler les arts et les lettres vus comme décadents depuis la chute de l’Empire romain. Ils opposent donc l’époque des Anciens à la leur tout en se présentant comme les précurseurs d’une « renaissance ». Cette idée suit une logique chrétienne qui attend une renaissance de l’esprit promise par Jésus. C’est donc au cours de cette période de construction et de développement de l’humanisme que va émerger une découpe du temps en trois périodes : l’Antiquité, vu comme un âge d’or, le « Moyen Age » et la « Renaissance ». Mais quelle était la vision des humanistes sur cette période de transition qui les avait précédés ? Le terme de medium tempus apparait tout d’abord chez Pétrarque (1304-1374) et se développe auprès des humanistes italiens comme Flavio Biondo qui l’associe à l’historiographie. Cependant le point de vue négatif des humanistes italiens est bien vite critiqué par les humanistes allemands qui voient cette période intermédiaire de façon beaucoup plus élogieuse.

 

Né en 1304 à Arezzo, Francesco Petrarca est plus connu sous le nom francisé de Pétrarque. Fils d’un notaire exilé de Florence, Pétrarque a eu une éducation soignée et a suivi les cours de l’université de Montpellier puis de Bologne. Devenu poète, il participa à la construction de ce mouvement humaniste en cherchant à remettre les enseignements et la littérature des antiques. C’est dans l’une de ses Épîtres métriques, écrite entre 1352 et 1354, qu’il fait mention pour la première fois du terme medium tempus dans la phrase « In medium sordes, in nostrum turpia tempus confluxisse vides » qui signifie « aujourd’hui est un entre-deux sordide et tu vois bien combien toutes les choses immondes ont conflué vers notre époque ». La connotation associée à cette période qui précède le présent est donc très négative. Mais pour Pétrarque cette période n’est pas pire que celle qu’il vit. Cette vision négative vient du fait que pour le poète une véritable coupure se fait entre l’Empire romain et la période suivante. L’exaltation dont il fait preuve pour l’antiquité romaine est une manière d’exalter l’Italie et de la remettre en position de grande puissance du monde alors qu’elle n’est en réalité qu’une partie du Saint-Empire Germanique. L’opposition entre le temps glorieux de l’Antiquité s’oppose donc à une période décadente.

C’est cette glorification de l’Italie que prône Flavio Biondo dans son Italia illustrata, parue entre 1449 et 1453. Né à Forli, probablement en 1388, Flavio Biondo est un historien, archéologue qui fut aussi secrétaire des papes Eugène IV, Nicolas V, Calixte III et Pie II. Dans son œuvre, Italia illustrata, il décrit historiquement et géographiquement les quatorze régions italiennes en insistant sur leur héritage antique. Il définit alors plus précisément cette période intermédiaire qu’il date de 410, avec la prise de Rome par les Goths, jusqu’au XVe siècle. Pour Flavio Biondo, le véritable problème de ce medium tempus réside dans le fait qu’aucun auteur n’ait écrit l’histoire, ce qu’il voit comme une disparition de la culture et de l’éloquence. Cependant sa vision de cette période intermédiaire est contrastée. Les aspects négatifs sont rattachés aux barbares et aux allemands, il va jusqu’à refuser d’appeler les rois germaniques empereurs, tandis qu’il montre que la fin de l’hégémonie romaine a permis aux villes italiennes de se développer.

 

La vision négative du medium tempus par les humanistes italiens est donc liée intrinsèquement à la glorification de l’Italie en la rattachant à un passé célèbre et en la détachant du Saint-Empire. Il n’est donc pas étonnant que les humanistes allemands du XVe siècle aient eu une vision différente de la période précédant la leur. Jakob Wimpfeling (1450–1528) écrit ainsi Epitoma en 1505, une chronique entièrement consacrée à l’Allemagne et à son histoire. Il énumère ainsi les empereurs et les opposent aux héros gréco-romains afin de montrer leur supériorité. Se faisant, il détaille l’histoire de cette période intermédiaire entre son temps et celui de l’Antiquité. Il n’y a donc plus de notion de rupture ou de décadence. C’est au contraire un âge d’or pour cet humaniste allemand qui remet la figure de Charlemagne comme le modèle de tous les souverains. Quant aux temps où la politique est de moindre influence, Jakob Wimpfeling ne les présentent pas comme plus sombres ou inférieurs. Au contraire, il exalte les inventions qui en ont émergé comme l’imprimerie.

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