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Biographie de Marc Bloch

Fiche : Biographie de Marc Bloch. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2017  •  Fiche  •  4 421 Mots (18 Pages)  •  956 Vues

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BISMUTH Terry

Historiographie

Biographie de Marc Bloch

I/ La naissance d’une autre histoire

A/ Un héritage assumé

B/ Une rupture consommée

C/ Contours d’une nouvelle histoire

II/ Abattre les cloisons  

A/ Faire œuvre de précurseur

B/ Fédérer les disciplines

C/  Oser comparer

III/ Le patriote et le savant

A/ L’expérience du combattant

B/ Le « paradoxe Bloch »

C/ Des voies à suivre

   La vie des grands historiens se confond souvent avec leur projet intellectuel. Marc Bloch, patriote et savant, illustre les débuts d’une aventure intellectuelle, celle des Annales, aventure comme canonisée par le destin héroïque de Bloch. Héritiers critiques de l’école méthodique, Marc Bloch et son collègue Lucien Febvre entendent inaugurer une nouvelle façon de faire de l’histoire, plus large, centrée sur des nouveaux objets d’études, exploitant de nouvelles méthodes, fédérant les disciplines et pratiquant un comparatisme judicieux. Combattant intrépide, Bloch refuse par ailleurs l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques.

   Avant d’être novateur, Marc Bloch est un héritier, né dans le sérail en 1886 à Lyon. Fils d’un professeur d’histoire ancienne à l’université de Lyon, son père Gustave, Marc Bloch accomplit de brillantes études secondaires et supérieures (Ecole normale supérieure, agrégation d’histoire et géographie, fondation Thiers) et poursuit une carrière universitaire classique, devenant dès 1919, à 33 ans, professeur à la faculté de Strasbourg aux côtés d’enseignants reconnus comme Lucien Febvre et André Piganiol. Il soutient une thèse de doctorat allégée intitulée Roi et Serfs et publie de nombreux articles et ouvrages. Echouant à rejoindre le Collège de France, il devient en 1936 professeur à la Sorbonne. Ce parcours est comparable à celui d’autres gloires universitaires de son temps. Pour autant, Marc Bloch, dès sa thèse, s’illustre par son originalité.

Dans le dernier quart du XXe siècle, Gabriel Monod, avec Gustave Fagniez, lance la Revue Historique, à laquelle collabore Gustave Bloch, qui marque une nouvelle école historiographique. Outre le combat d’opinion mené par la revue, Monod entend défendre le travail sur archives et la référence aux sources, socles sur lesquels reposent largement l’historiographie postérieure. Gabriel Monod s’inspire beaucoup des travaux des historiens allemands, notamment de Léopold Von Ranke séjournant à Berlin ou à Göttingen. Marc Bloch cultive un semblable intérêt à l’endroit de l’historiographie allemande, et séjourne au demeurant à Leipzig en 1908. Il demeure impressionné par le développement de l’histoire régionale en Allemagne.  

Charles-Victor Langlois (1863-1929) et Charles Seignobos (1854-1942), sous la direction duquel Marc Bloch présente sa thèse, insistent sur les exigences d’une recherche rigoureuse et précise. Langlois, archiviste paléographe et professeur à la Sorbonne, est un spécialiste reconnu du Moyen Age. Directeur des Archives de 1913 à 1929 et membre de l’Institut, il s’illustre par ses recherches sur les derniers capétiens directs, renouvelant l’approche historiographique par le culte du document d’archive. Seignobos est une autorité respectée, professeur à la Sorbonne et membre de la Ligue des droits de l’homme. Il est considéré à l’instar de Charles-Victor Langlois comme l’un des chefs de l’école méthodique en France, à savoir le courant d’historiens très soucieux de la lecture critique des sources manuscrites. Polyglotte, il excelle en particulier dans la connaissance de l’histoire de l’Allemagne. Son Histoire politique de l’Europe contemporaine (1897) le propulse sur le devant de la scène intellectuelle de son temps. C’est une autorité que Marc Bloch admire pour la rigueur exemplaire de sa méthode historienne. Pourtant, la vraie gratitude est celle du disciple qui prend quelquefois ses distances avec son maître Seignobos.

Pour eux, dans la tradition du positivisme et de son culte du fait avéré, le travail historien est « travail critique par excellence ». Avant de se laisser aller à une synthèse parfois rapide, l’historien, de leur point de vue, doit consacrer beaucoup de temps et d’énergie aux différentes opérations qui composent la critique, aussi bien externe qu’interne. Ils lèguent une volonté constante de promouvoir un certain style historique, sobre et retenu dans l’expression, entièrement au service de la restitution la plus fidèle possible des résultats de la recherche. Marc Bloch adhère en partie à cette conception de la « profession » de l’historien. Mais il entend aussi s’en démarquer.

  Sans négliger ce qu’il doit à l’école méthodique, Marc Bloch est surtout influencé par Henri Berr (1863-1954), fondateur de la Revue de Synthèse et de la collection l’Evolution de l’humanité qui rompt avec une tendance à la compilation d’évènements et qui propose déjà une recherche pluridisciplinaire, et donc un décloisonnement des disciplines, notamment en donnant une large place à la sociologie. Philosophe de formation, passionné par l’histoire des sciences, animé par un idéal de progrès dont témoigne la collection de synthèse historique qu’il créée en 1913 « l’évolution de l’humanité », ardent analyste de la mentalité allemande par sa double ascendance alsacienne et lorraine, il appuie toutes les initiatives novatrices et brillantes de son temps. Dans la Revue de Synthèse, Marc Bloch publie en 1930 Du monde antique au monde barbare.

Avec son collègue Lucien Febvre, Marc Bloch fonde en 1929 une revue intitulée les Annales d’une histoire économique et sociale. Bloch estime que l’entreprise de la Revue de Synthèse d’Henri Berr ne va somme toute pas assez loin dans la refondation systématique de l’histoire comme discipline. Il se détache surtout de l’école méthodique dont il reconnait le souci de rigueur mais dont il déplore l’étroitesse, reprenant à son compte les jugements de Lucien Febvre. Marc Bloch regrette, de la part des historiens positivistes comme Seignobos, le refus des rapprochements et des comparaisons ainsi que le cloisonnement des disciplines dans une case séparée des autres. En outre, Bloch reproche beaucoup à Seignobos son incapacité à intégrer l’économie dans l’histoire. Or, selon lui, cette dimension est incontournable.

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