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Yougoslavie et communauté internationale

Dissertation : Yougoslavie et communauté internationale. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  16 Avril 2018  •  Dissertation  •  6 871 Mots (28 Pages)  •  631 Vues

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Eclatement de la Yougoslavie titiste et communauté internationales (1989-1995)

    Le 29 novembre 1945, sur les ruines de la seconde guerre mondiale, l’assemblée constituante donne à l’ancien « Royaume de Yougoslavie » sa nouvelle dénomination, la « République populaire fédérative de Yougoslavie ». Elle est fondée par Tito sur les principes universaliste du communisme, bien que cette dernière se détache de l’URSS de Staline dès 1948. Le nouvel état est composé de six républiques et de deux provinces autonomes, définie comme « une communauté d’état nationaux dans laquelle l’Etat fédéral repose sur la volonté des peuples yougoslaves, de vivre côte à côte dans un état fédératif ». Les six républiques sont la Slovénie, la Croatie, la Serbie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine. Les deux provinces autonomes font parties de la Serbie, au sud de celle-ci, le Kosovo, au nord la Voïvodine.  Il n’y a pas de frontière d’Etat entre les républiques, la Yougoslavie constitue un territoire étatique et économique unique. Sauf en Bosnie-Herzégovine dont la population est multinationale, chaque peuple dispose de son état national, dans lequel les minorités nationales jouissent d’un droit à leur développement culturel et au libre emploi de leur langue. Le fédéralisme permet à Tito de pratiquer un jeu d’équilibre entre nations et nationalités. Il tente ainsi de canaliser les sentiments nationaux et nationalistes en permettant l’expression de chaque culture et d’un minimum de statut politique. Il n’hésite pas à utiliser également la répression. Il favorise les nations périphériques et les plus petites, les Slovènes, les Macédoniens, les musulmans de Bosnie et même les Albanais du Kosovo, au détriment des grandes nations centrales, la Serbie et la Croatie. La révision constitutionnelle de 1974, ayant pour but d’endiguer les nationalismes montants, en leur octroyant plus de libertés, ouvre la voie à une transformation en confédération, au sein de laquelle l’Etat central n’exerce que les pouvoirs que les Etats constitutifs veulent bien lui concéder (elle offre une autonomie aux régions du Kosovo et de la Voïvodine). Le nouveau contexte qui en découle amorce le développement, au sein des républiques, d’un nationalisme sectaire. On observe une tendance à l’ethnicisation des problèmes d’ordre économique et social. Chaque république s’identifie de plus en plus au groupe ethnique qui y est majoritaire. De plus, la perception dominante de l’opinion publique est irritée par la représentation disproportionnée des communistes serbes dans la hiérarchie dirigeante de la fédération, notamment dans l’armée fédérale. Tito maintient donc les tensions et les déséquilibres entre concessions et répressions, n’hésitant pas à diviser pour mieux dominer.  A sa mort en 1980, la situation économique yougoslave est catastrophique. Trois facteurs s’ajoutant au problème économique participent à la dislocation de la fédération. Le problème de la dispersion des Serbes en premiers lieux. En effet, 4,9 millions de serbes vivent en Serbie (en excluant les deux républiques autonomes du Kosovo et de Voïvodine). 3,3 millions sont dispersés dans les autres républiques yougoslaves. Pour ces derniers, ils leur paraient inacceptable de vivre dans ces républiques où ils sont minoritaires, si celle-ci devenaient des Etats nationaux. En 1986, un mémorandum de l’académie des sciences Serbe est publié. Il déclare la Serbie victime d’une véritable coalition antiserbe, et sous influence de la Slovénie et de la Croatie au sein des institutions fédérales. Il pointe de plus les risques qu’encourent les minorités serbes au Kosovo, en Bosnie et en Croatie. Il existe des frictions, mais le texte va jusqu’à parler de risque de génocide. En 1987, Slobodan Milosevic devient président de la Serbie. Il inculque à la population serbe les idées ultranationalistes du mémorandum de 86, via des campagnes pour l’unité Serbe qui réunissent des millions de personnes dans les grandes villes serbes. En 1989, il supprime l’autonomie de la Voïvodine et du Kosovo (où la population est à 82% albanaise) contre leur volonté. Au niveau du collège fédérale, l’équilibre des forces est alors bloqué, à quatre contre quatre. Soit la Serbie, le Kosovo, la Voïvodine et le Monténégro face à la Croatie, la Slovénie, la Bosnie et la Macédoine. Lors du dernier congrès du Partis Communiste Yougoslave pour sauver la fédération en 1990, les premiers défendent une Yougoslavie centraliste, tandis que les seconds, une décentralisation de cette dernière face à l’hégémonie grandissante des Serbes au sein de la fédération. Cet échec et l’arrivée au pouvoir de dirigeants nationalistes résultant des premières élections libres, annoncent la dissolution. L’effondrement du bloc soviétique, la chute du mur de Berlin, et la fin de la guerre froide font perdre à la Yougoslavie son statut géopolitique spécial entretenu avec les Etats-Unis, pour qui dorénavant elle passe au second plan. Le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie proclament leur indépendance et exige une dissolution à compter du 30 juin et son remplacement par une confédération de républiques souveraines. Le refus de Slobodan Milosevic qui enjoint l’armée fédérale d’intervenir militairement oblige la communauté internationale, soit la Communauté Européenne, l’Union de l’Europe occidentale, la CSCE puis l’ONU de prendre part à la crise qui risque de déstabiliser la région et la sécurité européenne.

On se demande donc dans quelle mesure les guerres civiles balkaniques à la suite de la chute de la Yougoslavie révèlent-elles les limites de la communauté internationale dans le règlement des crises ?

Dans un premier temps, nous verrons l’impuissance européenne face à l’amorce de la désintégration menant aux guerres serbo-slovène et serbo-croates. Nous analyserons ensuite l’entrée en jeu de l’ONU et le règlement de la guerre civile en Bosnie-Herzégovine.

    Les proclamations d’indépendances Slovènes et Croates de Juin 91 entérinent le début de la désintégration de la Yougoslavie titiste, et marque le début des guerres civiles.

   De septembre 1990 jusqu’à juin 1991, on peut observer les prémices d’une agonie de la fédération, suite aux résultats électoraux des premières élections libres.  En Croatie, le gouvernement nationaliste fraichement élu en mai, entreprend des gestes provocateurs contre la minorité serbe croate. Il ressort par exemple les drapeaux de l’état indépendant de Croatie d’Ante Pavelic, nazi et épurateur de la minorité serbe de Croatie durant la seconde guerre mondiale, et il supprime à l’alphabet cyrillique, son caractère officiel. En réponse, la minorité serbe organise un référendum sur son autonomie, et de facto la création d’un état serbe en Krajina et en Slavonie orientale, sur le territoire croate. En résulte la création de la « république autonome Serbe » disposant de son parlement autoproclamé « le conseil national serbe ». Milosevic les encourage à former des milices et groupes paramilitaires alors que des violences interethniques commencent à éclater entre ces dernières et la garde nationale croate. La Slovénie de son côté conserve son armement bien que normalement réquisitionné par l’armée fédérale, et importe illégalement des armes de Croatie, d’Allemagne et d’Autriche, dès 1990. En février 1991, les deux états sécessionnistes décident de suspendre toute autorité fédérale sur leur territoire respectif. En parallèle, ils se mettent d’accord sur un projet de confédération avec la Macédoine et la Bosnie-Herzégovine. Le 15 mai, le mandat à la présidence de la république fédérative de Yougoslavie du Serbe Borislav Jovic arrive à sa fin. Selon la règle de la présidence tournante, c’est au tour de l’anticommuniste croate Stipe Mesic qu’il advient d’occuper ce poste. La Serbie, le soupçonnant de préparer l’indépendance croate, parvient à s’y opposer grâce aux quatre voix qu’elle dispose au sein de la présidence fédérale collégiale (Kosovo, Voivodine et Monténégro en plus de la sienne).  L’état yougoslave est paralysé. Lors du référendum sur la souveraineté de la Croatie trois jour plus tard, 94% des suffrages s’expriment en faveur du oui et éveille l’attention des diplomates européens et américains.

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