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Libéralisme et conservatisme en Espagne au 19e siècle

Dissertation : Libéralisme et conservatisme en Espagne au 19e siècle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Novembre 2017  •  Dissertation  •  2 966 Mots (12 Pages)  •  996 Vues

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INTRO

Après une période glorieuse sous les Rois Catholiques au XVe siècle et un rayonnement culturel sous le Siècle D’or (XVIIe s.), l’Espagne connait une période de déclin. En effet, si elle s’était érigée en puissance coloniale et commerciale à cette époque, elle est freinée dans son élan lorsqu’elle entre dans une période contemporaine, synonyme de violences, d’effacement progressif ainsi que de perte de ses colonies d’outre-mer. Cependant, le moment contemporain espagnol n’est pas uniformément sombre et, en analysant ce XIXe siècle on entrevoit quelques touches d’éclat. Afin de comprendre comment la monarchie espagnole s’est peu à peu altérée jusqu’à laisser place à l’effroi du XXe siècle, il faut revenir quelques années plus tôt et précisément en 1788. Après un règne sous le despotisme éclairé du bourbon Charles III, lui succède sur le trône son fils : Charles IV. Ce dernier est alors considéré comme un roi médiocre et dominé par sa femme, Marie-Louise de Bourbon-Parme, qui le trompe avec Manuel Godoy qu’elle fit nommer premier ministre dès le couronnement de son mari. C’est dans ce contexte que Napoléon mène la Campagne d’Espagne en 1808 et que commence un long combat entre revendications révolutionnaires et restauration de l’Ancien Régime. C’est d’ailleurs à cette période que germe un idéal libéral (mot d’origine espagnole) porté sur l’étendard de la revendication nationale espagnole. Or, si une partie du peuple est favorable à cette idée de libéralisme ce n’est pas le cas de la monarchie qui, au contraire, souhaite pérenniser un projet de conservatisme et de respect des traditions de l’Ancien Régime. Par libéralisme il faut entendre, dans ce contexte et dans un registre politique, la revendication des libertés individuelles, de la souveraineté du peuple, le réformisme, ainsi que la création d’institutions constitutionnelles s’accompagnant d’une séparation des pouvoirs. En outre, ce libéralisme se traduit également économiquement avec la doctrine du « laisser-faire, laisser passer » ainsi qu’une tendance à la non-intervention de l’État au sein du marché. Cependant cette considération économique est minime à cette époque par rapport à la dimension politique du libéralisme qui se place en parfaite opposition avec le conformisme monarchique. Par ailleurs, le conservatisme renvoie quant à lui à une préservation des traditions anciennes et à une volonté de maintenir l’ordre établi par opposition au progressisme. Il s’agit dans ce cas de maintenir l’Ancien Régime et de réprimer toute once de réforme. Ainsi, à la vue de cet antagonisme prégnant il convient de se demander si le cycle de revendications libérales et de restaurations conservatrices a mené l’Espagne à une déchéance progressive, symptomatique d’une lutte apparaissant comme sempiternelle au XIXe siècle. Sous la guerre d’indépendance espagnole, entre 1808 et 1814, germe l’exorde du discours libéral sur un fond nationaliste (I). Cependant, tandis que les troupes napoléoniennes se retirent, l’heure est à la restauration et à la répression conservatrice entre 1814 et 1833 (II). Enfin, entre 1833 et 1914 s’en suit une période de chevauchement entre traditions et réformes annonçant le déclin d’une Espagne libérale (III).

I) Les fondements du nationalisme libéral espagnol (1808-1814)

A) La naissance d’un sentiment national et libéral sous le joug napoléonien

Lorsque Napoléon impose sa puissance en Espagne en 1808, le sentiment national accompagné de revendications libérales est ravivé. En effet, lorsque le Portugal refuse de se soumettre au Blocus Continental, imposé par Napoléon Ier afin d’affaiblir son vieil ennemi britannique, l’empereur français décide d’intervenir en 1807 en traversant la péninsule Ibérique et notamment l’Espagne grâce au Traité de Fontainebleau. Ainsi, cet épisode marque le commencement d’une occupation française en Espagne qui prend sa source dans la présence des troupes napoléoniennes dirigées par Murat, alors lieutenant général, à Madrid en mars 1808. Dans la foulée l’infant Ferdinand effectue un Coup d’État contre son père Charles IV qu’il renverse pour devenir Ferdinand VII. Ce succès est de courte durée puisque le père et le fils sont convoqués en Avril 1808 à Bayonne par Napoléon qui profitera de la situation instable afin d’évincer les deux souverains espagnols et d’offrir la couronne à son frère Joseph. Au sein de la population la rumeur de l’enlèvement des monarques se propage et à partir de mai 1808 le peuple s’insurge à de nombreuses reprises. Un exemple phare étant le soulèvement du 2 mai 1808 représenté par Francisco de Goya à travers ses diptyques les Dos de mayo et Tres de mayo. Ces soulèvements seront réprimés dans le sang et l’animosité envers les français croît un peu plus (l’exclamation « ¡ Muerte a los franceses ! » se propage). De surcroît, outre les insurrections populaires c’est un véritable sentiment d’hostilité commun qui s’installe. La monarchie désuète est tournée en ridicule, elle, qui était jusque-là le ciment du sentiment national. La monarchie affaiblit alors cette notion d’appartenance nationale et celle-ci se cristallise sous l’égide d’un mouvement de résistance, substituant le pouvoir « englobant » de la monarchie vaincue. En effet, les Espagnols mènent alors des guérillas (menées par les guerilleros) et forment des juntes militaires, outils de lutte contre les troupes napoléoniennes et les afrancesados (Espagnols partisans de Joseph Bonaparte). En outre, ce nationalisme est empreint de revendications libérales. Il est notamment question de réclamer des libertés individuelles ainsi qu’une souveraineté nationale. De plus, le modèle monarchique supplanté, les Espagnols aspirent à un modèle nouveau comme celui du constitutionnalisme. En somme, la répression et le joug napoléoniens font naitre, d’une part, un sentiment national et, d’autre part, de nouvelles revendications libérales.

B) Les Cortes et la Constitution de Cadix : point d’orgue de l’idéal libéral ?

Entre 1810 et 1812 c’est le moment des Cortes qui marque l’apogée du mouvement libéral avec la création d’une Constitution. Cette sorte « d’Etats Généraux à l’espagnole » qui convoque habituellement le clergé, la noblesse ainsi que les représentants des villes, sollicite les députés des circonscriptions afin d’établir un consensus. Bon nombre de ces députés sont des négociants ainsi que des bourgeois (des hommes

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