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BRICS

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Par   •  29 Octobre 2014  •  3 469 Mots (14 Pages)  •  944 Vues

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Oui et non. Nul ne remet en doute le fait que les BRICS—le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et le petit dernier, l’Afrique du Sud—sont de grands pays. Ils comptent. En termes de population, de territoire et d’économie, leurs dimensions sont impressionnantes et se distinguent clairement de celles d’autres pays. Ils constituent à eux tous 40% de la population, 25% des territoires et environ 20% du PIB mondiaux. Ils contrôlent déjà quelque 43% des réserves de change mondiales, et leur part ne cesse d’augmenter.

C’est Jim O'Neill, de Goldman Sachs, qui a attiré l’attention sur l’émergence des quatre premières de ces nouvelles grandes puissances économiques en leur donnant le nom de BRIC en 2001, au moment où leur taux de croissance a commencé à monter en flèche. Mais en réalité, leur succès économique se préparait depuis longtemps.

Vingt ans auparavant, quand j’étais à la Société financière internationale (SFI) de la Banque Mondiale, nous guettions une opportunité de rebaptiser ces pays qui, malgré leurs énormes potentiels économiques, étaient encore catalogués en bloc «pays sous-développés» coincés dans le «Tiers-Monde» avec les éternels cas désespérés. À l’époque, pour la plupart des investisseurs internationaux, les marchés financiers du Tiers-Monde n’existaient tout simplement pas, alors même qu’ils commençaient à croître ; je les avais alors baptisés «marchés émergents.» Les investisseurs locaux étaient déjà assez actifs en Malaisie, en Thaïlande, en Corée du Sud, à Taïwan, au Mexique et ailleurs, les entreprises locales prenaient de l’ampleur et devenaient plus compétitives à l’exportation tandis que les régulations du marché devenaient plus élaborées.

Mais jusqu’à ce que la SFI mette en place sa Base de données sur les marchés émergents et son indice en 1981, il n’existait aucun moyen de mesurer les performances boursières d’un groupe représentatif de ces marchés, handicap de taille comparé aux autres indices internationaux faussés en faveur des pays développés comme l’Allemagne, le Japon et l’Australie. Ces toutes nouvelles recherches sur les marchés et les entreprises donnèrent suffisamment confiance aux investisseurs pour lancer des fonds diversifiés sur les marchés émergents, après le succès de fonds individuels dirigés vers des pays comme le Mexique et la Corée du Sud.

Mais il a fallu bien plus longtemps aux BRIC pour être prêt à vivre leur grand soir. Jusqu’au début des années 1990, la Russie était encore derrière le Rideau de fer, la Chine se remettait de la Révolution culturelle et des troubles de la place Tiananmen, l’Inde était encore un cauchemar bureaucratique et le Brésil subissait des accès d’hyperinflation associés à une décennie de croissance perdue.

Ces pays s’étaient débrouillés tant bien que mal à la marge de l’économie de marché mondiale, leurs politiques économiques avaient souvent été tout bonnement catastrophiques et leurs marchés financiers inexistants, bureaucratiques ou infiniment instables. Chacun d’eux dut vivre une crise profonde et potentiellement fatale qui allait les catapulter sur une voie de développement différente. Une fois cela fait, ils puisèrent dans leur vaste potentiel économique. Leur PIB total de près de 14.000 milliards de dollars [près 10.900 milliards d'euros] est aujourd’hui presque équivalent à celui des États-Unis, qu’il dépasse même en parité de pouvoir d’achat.

Mais voilà le problème lorsqu’on se demande s’il faut «compter» avec les BRICS: gros ne veut pas dire unis. Les BRICS font partie du G20 sans pour autant former un véritable bloc ou une unité économique, en son sein ou en dehors. Aucun de ses membres n’est entièrement accepté comme leader, pas même dans sa propre région. L’émergence de la Chine est vue d’un mauvais œil au Japon et considérée avec méfiance en Asie du Sud-Est. L’Inde et la Chine se surveillent étroitement. Si le Brésil est un grand fournisseur de matières premières pour la Chine–c'est du reste l'une des bases de son succès économique— les deux puissances rivalisent pour accéder aux ressources en Afrique. La Russie et la Chine se sont peut-être trouvé une cause commune en Syrie, mais elles sont en concurrence par ailleurs. Et bien que le commerce intra-BRICS s’intensifie rapidement, les pays n’ont pas encore signé un seul accord de libre-échange entre eux.

Et puis il y a l’Afrique du Sud, qui a formellement rejoint ce groupe politique flou en 2010. Intégrer les BRICS n’a pas fait d’elle leur égal: l’Afrique du Sud n’a pas la population, la croissance ou le potentiel économique à long terme des quatre autres. La candidature de l’Indonésie, du Mexique et de la Turquie aurait également semblé logique —tout comme celle de la Corée du Sud et de Taïwan, d’ailleurs, dont les PIB sont comparables mais dont les populations sont de taille bien plus modeste que celle des BRIC originels.

Les BRICS sont également à mille lieues de former un tout d’un point de vue économique. La Russie et le Brésil sont loin devant en termes de revenu par habitant, et battent largement la Chine et l’Inde—près de 13.000 dollars [10.080 euros] comparés aux 5.414 dollars [4.197 euros] de la Chine et aux 1.389 dollars [1.076 euros] de l’Inde selon les chiffres de 2011 du FMI. Et leurs trajectoires de croissance ont été très différentes. En outre, les BRICS doivent affronter une concurrence sévère de la part d’autres pays très dynamiques du monde en développement. Si la Chine et l’Inde ont paru avoir un avantage compétitif pendant un moment grâce à leurs coûts du travail réduits, des pays comme le Mexique et la Thaïlande sont aujourd’hui de retour dans la course. Et tandis que la croissance des BRICS semble ralentir, beaucoup de pays africains reçoivent davantage d’investissements étrangers, sont parfois plus stables politiquement et quittent enfin le camp des croissances lentes ou inexistantes pour celui des économies plus robustes.

2 - «La montée en puissance des BRICS est inexorable.»

C’est vrai, mais leur croissance marque le pas. Les prévisions de Goldman Sachs, entre autres, estiment que la Chine dépassera les États-Unis en termes de PIB avant 2030. En attendant, l'Empire du milieu éclipse les autres BRICS, dont le poids économique global ne devrait pas pouvoir rattraper le sien pendant cette période. Les BRICS vont approcher du poids total des sept économies les plus développées d’ici à 2030, et vers le milieu du siècle, ils devraient pratiquement faire le double.

Les consommateurs des

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