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Autour des morts de guerre

Fiche de lecture : Autour des morts de guerre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  11 Avril 2017  •  Fiche de lecture  •  4 368 Mots (18 Pages)  •  742 Vues

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Hamza DRIDI

Master 1 Histoire de l'Afrique

27.01.16

AUTOUR DES MORTS DE GUERRE, Maghreb – Moyen-Orient.

Sous la direction de Raphaëlle Branche, Nadine Picaudou et Pierre Vermeren

Présentation:

     Le but de la  collaboration qui a donné lieu à cet ouvrage est d'étudier les morts de guerre  dans les sociétés qui partagent de manière inégales cette prégnance de la guerre tant dans leur dynamique de construction identitaires et nationales que pour certaines encore aujourd’hui dans leur expérience quotidienne. L’ouvrage se concentre sur la réalité concrète des rapports entre guerre et société au Maghreb et au Moyen Orient.

Ce n’est pas la même guerre suivant que l’on es au Moyen Orient qu’en Afrique du Nord. L’Afrique du Nord est notamment rester loin des fronts de batailles et les guerres et les morts sont à mettre essentiellement sur le dos de l'Algérie avec la décennie noir de 1990 et le long conflit de décolonisation.  Tout autre réalité dans le cas du Moyen Orient où la guerre «s’est incrustée durablement dans la vie des nations» depuis 1948.

Les auteurs insistent sur la différence entre «Morts de guerre» et «martyres» c’est un champ de questionnement different. Cette dénomination permet de sortir des considérations et de la réflexion renvoyant à un contexte culturel et religieux.  La guerre porte à l’extreme le poids des morts sur les vivants mais également celui du passé sur le présent.

Cette ouvrage étudie les sociétés qui «peine à se dépendre de la guerre» pour la simple raison que la guerre est un facteur du passé, du présent et du futur. C’est un horizon du possible. car elle est présenté au coeur des sociétés du Maghreb et du Moyen Orient contrairement à l’Europe ou elle a campé à la marge après la seconde guerre mondiale.

La volonté de ce livre est de se confronter à la question des morts de guerre. Car l'expérience de la guerre tient spécifiquement a la confrontation avec la mort de masse, la mort violente et massive de la jeunesse. Il s’agit dans ce bouquin de se confronter la question des morts de guerre et du culte qui leur est rendu a travers ses lieux, ses acteurs et ses rituels.

Les auteurs de ce volume mènent un travail de terrain mobilisant différentes disciplines académiques. Comme avancé dans l'introduction de cet ouvrage collectif peu de travaux ont été consacrés à la réalité concrète des rapports entre guerre et société au Maghreb et au Moyen-Orient. Bien que la bibliographie sur la question des morts de guerre soit importante pour les sociétés du moyen-orient la question de la place du martyr dans celle ci dans une dimension régionale n'a que très peu été abordée

Résumés: 

La mise en scène de la mémoire nationale. De la guerre d’indépendance algérienne au maqqam al-chahid d’Alger - Emmanuel Alcaraz

Emmanuel Alcaraz dans le premier article se pose la question de la mise en scène liée au Maqam al-chahid à Alger en se demandant comment ce complexe contribue il à la fabrication d’une mémoire nationale de la guerre d’indépendance qui relève elle même de registres idéologiques multiples a savoir : le populisme arabe Musulman et l’idéologie de la mémoire du Djihad. En effet ce complexe mémoriel situé à Alger inauguré en 1982 englobant une oeuvre colossale emblématique de la ville d’Alger avec la flamme du souvenir et le musée national du Moudjahid représente l’équivalent de la tombe du soldat inconnu en France. Dans cet article, l’auteur, comme il l’indique lui même, revient sur la chronologie officielle de la guerre d’indépendance mais plus encore sur les croyances officielles mises en scène dans ce complexe qui permettent aux dirigeants algériens de se poser en héritier des «martyres» de la guerre d'indépendance. Ce monument a en ce sens deux objets. Dans un premier temps il est bâti pour commémorer des martyres mais des martyres tombés pour l'indépendance. Ainsi les chahuta sont morts a la fois pour la résurrection de l’Etat algérien et pour Dieu, entre tradition musulmane et nationalisme intransigeant. Ce monument s’inscrit dans un vaste projet urbain qui a vu le jour dans une Algérie qui sort de la période de Boumedienne. C’est l’armée qui dirige la construction de ce vaste lieu de mémoire sous la direction du colonel Hocine Senoussi, un proche du général Larbi Belkheir. En 1991, le quartier pauvre voisin de ce «  morceau d’Amerique » a massivement voté pour le FIS. Le complexe mémoriel est à ce moment là ultra surveillé et est lieu de tension d’une frange de la population qui souhaite sa destruction y voyant là une influence occidentale corruptrice. Cependant ce complexe demeure aujourd'hui le symbole de la ville d’Alger. Le monument figure sur les billets de 200 dinars. C’est l’un des premiers monuments musulmans de ce genre qui a été construit dans une capitale. Il a influencé notamment la tour Azadi de Téhéran. C'est le premier monument au martyrs construit dans une capitale d'un pays musulman, c'est en ce sens que le maqam se distingue. Le maqam devient aussi le lieu central des commémorations officielles de la guerre d'indépendance. Avant l'inauguration de celui ci, le lieu central de la commémoration était le cimetière El Alia d'Alger où sont enterrés les dirigeants historiques. L'auteur y décrit le protocole de commémorations qui relève d'un rituel politique et religieux. En effet le religieux y tient une place importante bien que le politique en Algérie prédomine dans tout les aspects. Comme  l'avance Emmanuel Alcaraz, comme le Maqam, le musée national du moujahid est placé sous le contrôle du ministère des Moudjahidine. Une étroite tutelle du pouvoir algérien qui marque profondément l'histoire du musée en particulier lors de la commémoration du dixième anniversaire de l'indépendance et pour la commémoration du 8 mai 1945 en 1974 en présence du président Boumedienne. Y sont célébré les héros morts approuvé par le pouvoir algérien. L'auteur de cet article avance l'idée que cette volonté de Boumedienne est animée par une volonté de ne pas laisser l'histoire algérienne s'écrire par des étrangers en référence à un ouvrage du journaliste français Yves Courrière consacré à la guerre d'Algérie. Ce musée participe à la fabrique de la mémoire nationale de la guerre d'indépendance algerienne. A travers le choix de ses événements et de leur interprétation, le musée est un des acteurs qui participent à la construction de la mémoire nationale ancrée dans plusieurs registres idéologiques. Cette commémoration est appuyée également pas les historiens, les médias et les manuels scolaires dans une volonté commune de la fabrication du roman nationale. Le musée participe a mettre en avant plusieurs idéologies. La première d'entre elle étant l'idéologie arabo musulmane. Toute cette représentation se fait dans le but de glorifier le chahid et le moudjahid. Il faut démontrer au visiteur que la guerre d'indépendance a été un djihad comme l'avance l'auteur «  le but du FLN est l'indépendance nationale et la restauration de l'Etat Algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». L'autre idéologie dominante est celle du populisme ou plutôt «d'islamo populisme». Le musée national du moudjahid met en scène un peuple algérien et musulman paré de toutes les vertus et unanime dans la lutte contre le colonisateur. Dans sa description de du musée national l'auteur insiste en conclusion sur le fait que le musée national du Moudjahid est en réalité un plaidoyer adressé au gouvernement français afin qu'il demande pardon au peuple algérien et ceci en prenant en témoin les officiels étrangers en visite en Algérie, le Maqam et son musée étant des lieux de passage obligés. Ce cérémonial s'inscrit plus largement dans une forme de mondialisation de la mémoire.

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