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Arlette Farge, La Vie Fragile

Fiche de lecture : Arlette Farge, La Vie Fragile. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  21 Janvier 2019  •  Fiche de lecture  •  4 659 Mots (19 Pages)  •  849 Vues

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Arlette Farge est une historienne française spécialisée dans l'étude du siècle des Lumières (XVIIIème siècle) et directrice de recherche au CNRS, née le 14 septembre 1941 à Charleville. Au début de sa carrière, elle tente d'élaborer une thèse sur le vol d'aliment au 18ème siècle. Pour se faire, elle utilise les archives judiciaires en guise de sources. Ces archives sont ce que l'on appellerait de nos jours « des plaintes ». Elles sont en effet très détaillées puisqu'elles mettent en scène les paroles, comportements, attitudes, descriptions des vêtements, des circonstances sociales des évènements. Arlette Farge dit pouvoir sentir, et entendre Paris à travers les archives. Paris est une ville si sonore et colorée qu’une maigre description en procure une imagination suffisante. L’auteure développe les moindres détails donnés afin de les mettre en reliefs et d’en faire ressortir une réalité.

Arlette Farge décrira ces archives comme « cinématographiques » lors d'un entretient pour le site internet Nonfiction.fr. En effet, dans une société orale telle que celle du 18ème siècle, et où le taux d'analphabétisation est très élevé, il est alors très important de rapporter chaque détail oral. A la vue de ces sources riches et inexploitées, Arlette FARGE se créera une passion pour ces sources et les utilisera comme base de toute sa future bibliographie. Après être partie faire sa thèse aux Etats-Unis, lors des luttes des étudiants noirs et des féministes américaines, elle revient en France où elle se spécialise dans l'étude des milieux les plus pauvres de la capitale. Les années suivantes, elle travaillera sur les thèmes des identités populaires sous l'influence de son partenaire de recherches Michel FOUCAULT et de l'écriture de l'histoire du 18ème siècle avec son groupe de recherche « groupe d'histoire des femmes ».

« La vie fragile, Violence, pouvoirs et solidarités à Paris au XVIII siècle », 1986, HACHETTE, traite des relations inter-sociétales du XVIIIème siècles et de leurs importances sociales. Ces faits sont inspirés d'histoires réelles. La construction de son œuvre de 324pages se présente ainsi : Trois grandes parties (« Les métamorphoses du sentiment », « Le travail et ses marges », « Les foules » ) et leurs sous-parties. Elle s'organise autour de trois espaces : celui du couple et de la famille, celui du labeur et celui de la ville et des foules. Elle effectue en effet une infiltration progressive : d'abord individuelle, privée, puis aborde le premier comptoir de socialisation et de contact avec la société : le travail, pour découler sur le collectif à son paroxysme : la foule. Il est à noter que ces faits concernent la classe populaire et s'appuient sur des archives judiciaires, et ne concernent donc que des évènements malheureux.

Elle reproche aux historiens renommés tels que Lucien Febvre, Georges Lefebre, Robert Mandrou, Jacques Le Goff de ne pas représenter les gens du peuple dans leurs ouvrages. En effet, ce que recherche l'auteure, c'est une histoire totale des relations sociales, politiques, humaines, qui inclurait également les femmes de la même manière que les hommes, beaucoup trop absentes dans les ouvrages historiques, et que l'on retrouvera dans cette œuvre. L’auteure rompt les liens avec la domination des médiévistes et des modernistes dans l’histoire urbaine, en se tournant vers l’analyse de la classe populaire et non les classes dominantes. Son champ historiographique cherche à mieux comprendre les réalités quotidiennes des citadins de la rue. Cette méthodologie nous renvoie donc à l’histoire des politiques urbaines mais d’un point de vu local et non étatique dominant : L’industrialisation et la croissance urbaine émanent de la progression des villages vers un mode de vie plus urbain, de la transformation des usages du sol, et l’intégration maladroite des paysans dans l’urbanité à travers les critères d’appartenance à l’urbanité afin d’être définit comme « citadin » . C’est cette histoire de la formation des groupes sociaux urbain qui est corrélée à l’industrialisation, la croissance démographique et urbaine de la ville de Paris au 18ème siècle.

La Vie fragile est un livre histoire sociale exposant le trajet de l'homme et de la femme parisiens du XVIIIème siècle, soit vécu soit observé. Cette œuvre donne la trame des affrontements, des querelles et des faits divers amenant à des brutalités, des désespoirs et des trahisons. La société parisienne du XVIIIème siècle est une société où la sphère privée est encore peu existante. L'entassement et la promiscuité permanente des individus les soumet à l'observation constante des parents, amis, voisins, connaissances, et créer ou bien disloque les alliances. L'honneur et la réputation étant majeures dans cette société où les conceptions et idées de la vie sont en constante confrontation, les individus qui la composent sont continuellement tiraillés entre le privé et le public. Cette participation du peuple à la vie de cette société cautionne et renforce le consentement aux pouvoirs qu'ils contestent pourtant ; C'est en exposant ce monde de précarité et de risques qu'Ariette FARGE brise les conventions traditionnelles des historiens représentant le peuple comme primitif ou crédule, ou ne le représentant pas du tout.

I) Paris au XVIIIsièce : le contrôle social, éthique et mœurs à Paris

Au début du 18ème siècle, on compte à Paris 20 quartiers, 14 faubourgs et 2 villages. La population de Paris connaît un important développement démographique au 18ème siècle avec 500 000 habitants au début du siècle contre 600 000 habitants à la veille de la révolution. Les réalisations urbaines principales du 18ème siècle sont les boulevards dans les quartiers densément urbanisés. Lieux de rencontres, il reste cependant peu de place pour les embellissements urbains, si ce n’est des interventions ponctuelles autour d’un seul édifice dans le cadre de la promotion de la royauté. Dans un siècle où les royautés sont en concurrence entres elles à travers l’exposition des richesses telles que la construction d’espace dédiées et de monument royaux, Paris exprime sont dynastie artistique et intellectuel et devient la « capital de l’Europe ». Le français est considéré comme la langue de la sociabilité et de la bourgeoise. Ainsi, l’art de vivre Français est lui aussi copié.

La première révolution industrielle eût lieu au 18ème siècle, et ses innovations vont au-delà des innovations techniques ; Elles

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