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Pouvoir féodal du Midi

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Par   •  18 Mars 2017  •  Cours  •  2 533 Mots (11 Pages)  •  611 Vues

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Nous sommes ici en présence de trois iconographies de style roman qui font parties du Liber Feudorum Maior,  cartulaire enluminé rassemblant les archives des différents comtés rattachés à la maison barcelonnaise. Si les documents du cartulaire s'étalent du début du XIIème siècle à 1196, l'ouvrage fut collationné entre 1170 et 1196. Il faut préciser qu'il s'agit d'un cartulaire laïque et non pas religieux. L'avocat qui fut en charge de rassembler les actes sous les ordes d'Alphonse Ier s'appelait Ramon de Caldes. Il nous reste peu d'information sur sa vie.

Ce cartulaire est créé dans un contexte d'instabilité politique. Autant avec l'Aragon, au prise au sud avec la reconquista, et au nord avec les problème féodaux. Cette période est d'ailleurs le début de l'apogée de tous ces rapports féodaux-vassaliques. Il faut également évoquer les conflits incessants entre la maison de Barcelone et les comtes de Toulouses. Religieusement, c'est l'époque des débuts de la réforme grégorienne, qui possède également un impact sur le système féodal.

Le style roman des trois miniatures se ressent essentiellement dans les voûtes en demi-cercle, typique de cette période. Il faut remarquer que chaque voûte délimite un personnage, à l'exception du comte et de la comtesse de Cerdagne rassemblés en une voûte chacun.

Nous pouvons voir dans la première miniature, à doite, Alphonse II d'Aragon affublé de son sceptre et de sa couronne qui est face à Ramon de Caldes, entre eux deux nous pouvons distinguer un amas de documents. Derrrière Alphonse IIsont représenter une foule de gens regardant vers le ciel. A l'extrême gauche, en contrebas l'on peut voir un scribe écrivant sur un pupitre.
La seconde miniature représente quatre personnages, qui de gauche à droite sont respectivement, Almodis de la Marche, Raymond Bérenguer III, Guillem Ramon de Cedagne et Adélaide de Cerdagne. de l'or est disposé sur les genoux d'alphonse tandis que sa main gauche donne au comte de Cerdagne une portion d'or.

La troisième miniature, de quatre personnages également, représente, toujours de gauche à droite, Cécile de Provence, Ermengarde de Carcassonne, Bernard Aton IV de Nîmes et Gausfred III de Nimes. Le père tient la main droite des deux jeunes gens de ses mains croisées.

« Esquisse » des mœurs de la vie féodale

Si les actes écrits nous permettent d'avoir une certaine vision de la façon dont se déroulaient les différentes cérémonies de l'époque, les miniatures ont cela d'intéressant qu'elles nous permettent de visualiser certains rites.

Apport matrimonial

  • La troisième iconographie par exemple, représente le mariage entre la fille de Bernard Aton IV Trancavel : Ermengarde de Bézier (arrière petite fille de Rangarde de la marche par son père) et Gausfred III de Roussillon, nous avons donc ici une représentation précise du déroulement d'un moment de la cérémonie du mariage et plus exactement de la dexterarum junctio.
  •  La place prépondérante du père de la fiancée qui effectue la dexterarum junctio et se place entre les deux fiancés rappelle le statut dépendant de la future mariée et la place de marieur ou conjunctor du père. Cette mainbour, ou jonction des mains, symbolise le transfert de la puissance paternelle à maritale, et par là tous les bénéfices qui ont été négociés préalablement en vue du mariage.
  • Cette jonction des mains est le moment central de ce processus de fiancaille qui se déroulait en trois temps: la donation des anneaux, la remise de la charte des Douaires, et enfin l'échange du baiser.
  •  La miniature renforce cette image de la potestas paternelle grâce à son aspect symbolique : Bernard Aton IV (tout comme Alphonse II dans le premier document) est représenté barbu et aux longs cheveux, symbole caractéristique du pouvoir et d'avoir déjà atteinds un certain âge et par là une certaine sagesse et expérience.
  • Cette miniature, en nous montrant le rôle essentiel du père, nous rappelle par la même occasion que les mariés ne sont finalement que des atouts dans les stratégies matrimoniales si chères à l'époque.
  • Il faut également rajouter que c'est un rituel tout à fait laîque et nous montre que le droit grégorien n'a pas encore influencé ces moeurs.

Rédaction du Liber Feudorum Maior

  • Le document deux qui illustre l'acte 817 du LFM entre Alphonse Ier de Barcelone et le comte de Cerdagne, nous fait ostensiblement voir un serrement de leur main droite. Cette action, si caractéristique de la fides entretenue entre seigneurs, est ici la représentation iconographique d'un lien, ligamen, entre les deux parties.
  • Ce serment n'est qu'une illustration des serments transcrits dans le Liber Feudorum Maior et représentés dans le premier document au centre même de la miniature, leur importance est telle qu'ils prennent la place d'une colonne entière, au même titre qu'un personnage éminent. On compte à peu près 1000 documents qui ont été compilés afin de faire le LFM. C'est tout un système d'archivage qui a débuté par Alphonse Ier en 1170 et qui ne se termine qu'à sa mort en 1196.
  • Si c'est l'avocat Ramon de Caldes qui les a recherchés et triés en grande partie, ce sont les scribes qui ont la fonction de les recopier. Ces derniers, représenté par le scribe de droite du doc 1, nous laisse toujours une trace en signant chaque document de leur nom. (photo). De plus, le liber feudorum Maior, apporte un soin particulier à son cartulaire en y ajoutant enluminures et miniature. La première lettre capitale de chaque paragraphe est recopié avec autant de soin qu'on peut facilement les qualifier de lettrines. (photos) Les documents qui composent le liber sont divers serments, hommages, convenientae, numérotés et compilés l'un à la suite de l'autre. (photo)
  •  L'intérêt du LFM est d'autant plus grand qu'il possède des convenienta et certains hommages associés aux serments. On comptabilise en tout 73 convenienta et 62 serments pour le XIème siècle et respectivement 56 et 177 pour le XIIème.

Consolidation du pouvoir de la couronne aragonaise 

Mais si ce document est riche de renseignements pour les chercheurs, les historiographes s'accordent et estiment que le but premier de la réorganisation des archives comtales dans le Livre des Fiefs est bien la consolidation du pouvoir aragonais. Si le premier document est concentré sur la rédaction du LFM, les deux autres légitiment l'agrandissement territorial qu'avait fait les comtes barcelonais, qu'il s'agisse d'Alphonse II ou de ses ancêtres.

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