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La réforme militaire de Charles VII

Commentaire de texte : La réforme militaire de Charles VII. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  5 472 Mots (22 Pages)  •  1 738 Vues

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HUCHET Guillaume                                                                                                               27/02/2017

LARDEUX Marie                                                                                                              

L2 Histoire – Groupe 3

Histoire Médiévale

Commentaire de texte :

La réforme militaire à travers l’ordonnance de 1439

Entre 1422 et 1440, le roi de France Charles VII (1422-1461) est obligé de réunir chaque années les deux états de Languedoïl et de Languedoc afin d’obtenir l’octroi des impôts nécessaires à ses besoins et, en particulier, à la guerre. Ces derniers sont indispensables au roi s’il veut être en mesure de rémunérer les mercenaires qu’ils engagent et qui sont essentiels aux renforts de ses troupes. En effet, en ce milieu du XVème siècle, l’armée de France n’est ni une armée permanente ni totalement sous les ordres du roi. Cette armée est pour autant une question déterminante dans une période de conflits importants. Le pays est alors empêtré dans ce qu’on appellera plus tard Guerre de Cent Ans, un conflit qui l’oppose à l’Angleterre depuis 1337. La France dispose, au début de ce conflit avec son voisin anglais, d’une armée bien plus supérieure en nombre. Cette dernière repose sur le principe de l’Ost féodale et est donc formée de chevaliers amenés par les vassaux de la couronne à la suite de l’appel du roi. Elle est renforcée d’un arrière banc constitué d’hommes entre 18 et 60 ans souvent issus des campagnes. Pourtant, elle doit faire face à une armée anglaise, certes moins nombreuse, mais composées d’hommes entrainés et de vétérans soldés, ce qui en fait une armée de métier. La première moitié du conflit est une succession d’échecs pour la France qui paye de lourds tributs. Cette situation difficile a pour conséquence de déstabiliser le pouvoir royal et de diminuer largement la légitimité du roi. A cette époque, la France est divisée et la totalité de ses territoires ne sont plus sous son contrôle. Les anglais dominent la Guyenne ainsi qu’une large partie du Nord mais les Bourguignons, désormais alliés des anglais, happent eux aussi toute une partie de l’Est. Malgré ces temps troublés, la France comme l’Angleterre connaissent aussi des périodes de trêves durant lesquelles chacun des deux se renforcent et préparent les conflits suivants. Le roi de France durant ces trêves ne ressent plus le besoin de rémunérer les troupes de mercenaires et n’en a pas forcément les moyens. De ce fait, et jusqu’à ce que leur présence lui soit utile, ils se retrouvent dans la nécessité de subvenir à leurs besoins par eux-mêmes. De ce fait, les capitaines à la tête de ces mercenaires, entraînent leurs troupes dans le pillage, le vol ainsi que le meurtre des civils à travers le territoire. Les Etats généraux de 1439 se déroule donc dans un climat extrêmement tendu ainsi que dans une France confronté à un besoin d’évolution. Le texte étudié est une ordonnance soit un acte législatif émis par un pouvoir exécutif. Elle est rédigée et émise le 2 Octobre 1439 sous le nom de Lettre de Charles VII pour obvier aux pilleries et vexations des gens de guerre, à Orléans durant les Etats généraux auxquels les trois ordres à savoir, noblesse, clergé et tiers-états sont réunis.  Ces derniers permettent d’aborder deux sujets fondamentaux, la guerre anglo-française mais aussi l’armée, l’impôt et leur réforme nécessaire qui font l’objet de l’ordonnance. Le roi y fait valoir l’importance ainsi que le besoin de réformes dans le but de ramener l’ordre dans l’armée ainsi que la nécessité par la suite de l’y maintenir. Cette ordonnance se trouve le treizième volume des Ordonnances du Louvre sous le titre de Lettre de Charles VII. Le but de cette ordonnance est d’être publiée à travers le pays et donc de faire résonner auprès de chacun les décisions prises durant ces états généraux. Charles VII à travers l’ordonnance de 1439 met en place l’affermissement et la légitimité de son autorité ainsi que du pouvoir royal par la mise en place d’une armée permanente et d’un moyen de la financer. Nous étudierons les raisons ainsi que les besoins émis par le roi pour la mise en place de cette ordonnance, puis nous analyserons la manière dont le souverain mène ses réformes et enfin comment ces dernières mènent à un renforcement de l’autorité royale.

Dès les premières lignes de l’ordonnance, le roi de France Charles VII, explique les raisons ainsi que les motivations qui sont à l’origine des réformes qu’il compte entreprendre : « Pour obvier et donner remède à faire cesser les grands excès et pilleries commises par les gens de guerre… » (l.1-2). Ainsi, il souhaite trouver une solution aux problèmes importants que posent les routiers et les mercenaires qui, du fait de l’absence de soldes, saccagent différentes régions du pays et mettent à mal ses populations. Ces gens de guerre sont pourtant les hommes du roi, ils sont dirigés par des capitaines souvent issus de rangs illustres et sont levés sur ordre ainsi que pour les besoins du souverain. Pourtant, ils représentent, de par leur insubordination et leur manque quasi-total de discipline, une épine dans le pied de Charles VII déjà à la tête d’un royaume en perdition. Les exactions commises par ces gens de guerre ont « … été dit et remontré au roi par les gens des trois états de son royaume. » (l.2-3), ce qui fait qu’elles sont aussi multiples qu’elles touchent la totalité de la population à savoir la noblesse, le clergé et surtout le tiers-état qui composent ces états. En effet les sources de doléances afin de trouver une solution au problème que pose les écorcheurs sont nombreuses et proviennent aussi bien du peuple comme le témoignage d’Enguerrand de Monstrelet que des classes supérieures notamment par la lettre au roi du Duc de Bourgogne.  Les motivations premières du roi sont donc de limiter d’abord, puis à long terme, de stopper la propagation dans le pays de ces écorcheurs dont le surnom donné par les populations elles-mêmes laisse deviner leurs agissements. Cette volonté est renforcée par l’appui des Etats Généraux que le roi convoque et durant lesquels, en présence des trois ordres, il compte bien faire appliquer ses décisions. Il y est fait mention de leur organisation « à présent assemblés en cette ville d’Orléans» (l.3) ainsi que des forces en présences qui permettent au roi de légitimer l’ordonnance et les décisions qui en découlent car elles sont soutenues par la majorité du peuple français que l’on soit de la noblesse “plusieurs prélats et autres seigneurs” (l.4), du clergé “gens d’église” ou du peuple “et gens de bonnes villes” (l.4). On peut noter l’absence de certains groupes sociaux comme les plus petits sujets, les paysans qui sont à cette époque représentés par les bourgeois de villes qui sont censés englober les intérêts d’une ville et de sa campagne. On peut aussi noter la présence de la « Reine de Sicile » (l.4) qui est Marie d’Anjou, descendante de la Maison d’Anjou-Sicile, femme de Charles VII et reine de France de 1422 à 1461. Le roi est donc présent en personne aux Etats Généraux mais est aussi accompagné de sa famille.  Cette réunion nationale lors de laquelle tous les sujets sont amenés à faire des doléances et donc fait part au roi de leurs opinions ainsi que de leurs intérêts, permet de donner un sens à l’ordonnance. En effet, les réformes entreprises le sont donc « …par l’avis et la délibération des seigneurs de son sang […] et gens de bonnes villes. » (l.3-5) et ne sont pas mise en place par la seule autorité royale. En réalité, le roi assure un pouvoir certain sur les Etats généraux et leur déroulement, les décisions prises étant donc directement liées aux siennes.

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