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La bourse et la vie

Fiche de lecture : La bourse et la vie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Mars 2018  •  Fiche de lecture  •  3 657 Mots (15 Pages)  •  513 Vues

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GARCIN

Nicolas

L2 Histoire

LA BOURSE ET LA VIE

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Introduction :

   « L'histoire est une dimension fondamentale de l'esprit humain et des sociétés ». C'est à travers cette citation que l'approche historique du célèbre historien médiéviste Jacques Le Goff prend tout son sens.

Jacques Le Goff est né en 1924, et a grandi au sein d'une famille aisé. Son père était professeur au lycée de Toulon, et sa mère professeur de piano. Il a été élevé dans la pure tradition catholique du côté de sa mère, qui était attaché aux valeurs traditionalistes. Son père de son côté, qui a servi lors de la Première Guerre Mondiale, en ressort avec une opinion critique vis-à-vis des américains. C'est à travers son éducation et les idées de son père, qu'il se forge un esprit critique, et découvre que les événements de l'histoire peuvent influer sur les mentalités.

En 1944, sous occupation de l'Allemagne nazie, Jacques Le Goff entre en Hypokhâgne au lycée de Marseille, mais peu assidu, il intègre ensuite l'Ecole Normale Supérieure. Il se tourne vers l'histoire après avoir abandonné sa préparation à l'agrégation de lettres à la Sorbonne. En 1946, il tombe sous le charme de la ville de Prague, et décide de s'y installer pour poursuivre ses études durant deux ans. Lors de son retour, il passe son agrégation et devient membre de l'Ecole française de Rome. Il part ensuite enseigner à Amiens, mais se rend vite compte que ça ne lui correspond pas, et se tourne vers la recherche. Il succède à Fernand Braudel en 1972 à la tête de l'École des hautes études en sciences sociales, où il est directeur des études. Il y met en place en 1978 le groupe d'anthropologie historique de l'Occident médiéval (GAHOM) qui regroupe des historiens médiévistes.

Dans sa biographie « Â la recherche du Moyen Âge », il narre la façon dont il a découvert cette période, en lisant Ivanhoé de Walter Scott, à l'âge de 12 ans. Mais se sont ses études qui l'ont amené à faire la part des choses concernant la vision noire de cette période qui remonte à la Renaissance. Il  défend même l'idée d'un long Moyen Âge, car selon lui les structures économiques et sociales de cette ère ont perpétuié jusqu'à la fin du XIX° sicèle.

Comme tout historien, Jacques Le Goff a des influences, celui qui l'inspira le plus fut son maitre universitaire Charles-Edmond Perrin, ainsi que l'historien George Duby, même si on verra plus loin dans mon analyse qu'il y a des divergences.

A travers sa bibliographie, on s'aperçoit qu'il est un homme de synthèse, et qu'il s'intéresse tout particulièrement à la période du Moyen Âge qui couvre du XI°au XIII° siècle. Il aborde les faits en s'intéressant tout spécialement à l'approche humaniste de la population, à travers une vision physique et culturelle de cette époque. Cette nouvelle manière d'étudier l'histoire d'un point de vu anthropologique fut mise en avant par Marc Bloch et Lucien Febvre à travers la création de la revue des Annales en 1929.

L'intention de « La bourse et la vie », l'essai  socio-économique et religieux publié en 1986 que nous allons étudier, est de dépeindre le rôle de la religion catholique, dans sa prise de position contre l'usure, car durant le Moyen-Age, le prêt d'argent était synonyme de pêché et de condamnation à l'enfer. La figure de l'usurier prend de l'ampleur au XIII° siècle. C'est durant cette période que l'économie monétaire se développe à travers l'apparition du commerce, et que le clergé subit une profonde refonte suite à la réforme Grégorienne. On assiste aussi à l'essor de la prédication, dont la pratique est sensé faire face aux mouvements hérétiques qui sont à leur apogée, ainsi qu'au développement des ordres mendiants comme les dominicains et les franciscains qui s'opposent à la richesse en préchant un retour à une vie plus simple. C'est ce rapport avec l'argent qui fit de l'usurier durant toute cette ère une figure complexe.

Pour rédiger son ouvrage, Jacques Le Goff c'est basé sur les recherches de ses prédécesseurs historiens, ainsi que de sources écrites, pour donner une vision précise des mentalités de cette période. C'est le cas des exempla, dont les récits brefs avaient pour but de convaincre un large public, à travers un message moralisateur inséré dans un sermon.

Jacques Le Goff a divisé son œuvre en six chapitres, en suivant un plan thématique. La première partie « Entre l'argent et l'enfer : l'usure et l'usurier » sert d'introduction, en mettant en lumière la pratique de l'usure, ensuite dans le deuxième chaptre « La bourse : l'usure » l'auteur se penche sur sa condamnation à travers les écrits religieux, et définit dans le chapitre trois la notion de l'usurier « voleur de temps ». Le quatrième point de son œuvre concerne le sort réservé à l'usurier lors de son décès, puis dans le chapitre cinq met en avant la naissance du purgatoire, ce qui implique un changement dans les mentalités. Enfin, la dernière partie s'intéresse au rôle que tient la femme de l'usurier, dans le salut de son mari.

Résumé de l'oeuvre :

    C'est à partir du XII°siècle que les prémices du capitalisme font leurs apparitions au sein de la société, en la personne de l'usure. Ce nouveau type de péché qui se caractérisait par un prêt d'argent au taux d'intérêt abusif, mettait à mal les traditions chrétiennes qui ne cautionnait pas cet usage, car cela était contraire aux Saintes-Écritures. Cette pratique dont l'on peut retrouver des traces écrites à travers les manuels de confesseurs et les exemplas prit son essor à une période de remise en question sur la conception du péché et la pénitence. Dorénavant, c'est la moralité du pécheur qui prédomine sur ses actes. Le concile de Latran IV de son côté rendit la confession obligatoire, au moins une fois par an à Pâques. Dans cette configuration les confesseurs ne savaient comment s'y prendre face à l'usurier, c'est pour cela que les théologiens écrivirent des manuels ou des sommes, dont les règles à suivre pour mener un bonne confession furent utile pour trouver des réponses à ces aveux.

L'usure était qualifié de monstre à multiples visages. Dans cette configuration, il était compliqué de faire la part des choses entre ce qui était licite et non. C'est avant tout la place de l'argent dans cette pratique, qui fut à la base de sa condamnation auprès de la communauté religieuse. Durant cette période, l'échange se caractérisait par un troc d’objets de valeurs similaires, tandis que l'usure désignait une transaction financière. En cas de questionnement, la Bible était le livre a consulté pour avoir un éclaircissement sur ce sujet. Les écrits, ne laissaient aucun doute sur la condamnation de cette pratique, comme en témoigne des extraits issus de l'Ancien Testament « Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour l'argent ni pour vivres, ni pour aucune chose qui se prête à intérêt ». Par contre, cette pratique était permise envers les étrangers, c’est à dire les ennemis. L'usurier lui, se voyait refuser l'accès au paradis, si il continuait à percevoir de l'argent. Se sont les premiers conciles, comme celui de Nicée en 325 qui furent à l'origines de ses interdictions. Charlemagne se chargea de l'interdire aux clercs et aux laïcs. Dans un premier temps, le problème est d'ordre mineur, c'est à partir du XII° siècle quand l'économie monétaire se généralisa, que l'usure est devenu un problème majeur. Chaque concile pointa du doigt cette pratique, même le Code de droit canonique s'agrémenta d'une législation contre ce fléau, qui était perçu comme du vol et de l'oisiveté. Une recrudescence des condamnations contre l'usure a lieu entre le XII°siècle et le milieu du XIII°siècle, cela s'expliqua par la crainte qu'éprouvait l'Église de voir la société bouleversée par les pratiques usuraires. Le clergé avait aussi peur de voir les paysans quitter leur campagne par attraît pour ce nouveau modèle, car rejoindre la ville pour devenir usurier pouvait avoir un effet négatif sur le long terme et développer par exemple des famines. L’usure était donc un péché contre la justice et le juste prix.

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