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Gautier Map et la convocation au Latran

Commentaire de texte : Gautier Map et la convocation au Latran. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  4 186 Mots (17 Pages)  •  877 Vues

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        Notre texte narratif, traduit du latin, est tiré de l’ouvrage  étudiant  les structures ecclésiales et les conciles oecuméniques  intitulé Latran I, II, III et IV, du docteur ès lettres Raymonde Foreville.  Cette dernière tira ce texte  d’un  recueil en cinq livres  intitulé De Nugis curialum au sein du dernier chapitre (31) du livre I.

Nous pouvons traduire ce titre apocryphe par  Contes de courtisans voir plus péjorativement, selon les termes de Perez Marylène, par « balivernes de courtisans ». Ce recueil consiste plus particulièrement en des appréciations sur la vie de cour et sur la société ecclésiastique du XIIe siècle. Nous retrouvons au sein de cet ouvrage aussi bien des anecdotes sur les rois de l’époque, des récits de miracles, des histoires galloises, des contes de fées et mêmes de vrais romans de caractère purement fictifs. Il faut souligner que sa publication est l’oeuvre d’un compilateur anonyme ayant rassemblé les récits écrits rédigés par Gautier Map.

        Ce dernier, né vers 1135,  est un clerc anglais présenté dans les récits comme un talentueux conteur et homme d’esprit. Son  cursus  débute à Gloucester puis à l’université de Paris. Remarqué pour son érudition  le souverain anglais l’invite à étoffer sa cour  et à exécuter des missions diplomatiques. On peut  également supposer que ses liens avec la monarchie anglaise  l’amena  à être  titulaire d’une prébende de la cathédrale d’Hereford et également de finir archidiacre à Oxford vers 1196. Il meurt aux alentours de 1210.

Contemporain des faits, ses récits nous permettent d’analyser en particulier la pensée de la « haute sphère » ecclésiastique et nous informe de manière plus ou moins biaisée des faits relatifs qui suivent la réforme grégorienne.

        En effet, aux XI et XIIe siècle nous assistons à l’essor de la papauté par l’affermissement de l’autorité pontificale. Ceci nait des volontés de Grégoire VII (1073-1085) qui apporte le statut de juge suprême universel à la fonction papale. Il proclame également que « seul le pape dispose des insignes impériaux ». S’en suit dans le siècle suivant, la conception que les souverains pontifes attendent  l’obéissance de l’empereur. Ces éléments sont constitutifs de la  « Querelle du sacerdoce et de l’empire ».

Après plusieurs schismes et guerres  les tensions s’apaisent vers la fin du XIIe siècle. Alexandre III (1159-1181) et le concile du Latran III démontre la prise d’un réel avantage sur l’empereur Frederic Barberousse (1155 à 1190) avec  l’affirmation de la suprématie temporelle pontificale. S’en suit une production intellectuelle théologique et normative s’inspirant du droit romain que l’on qualifie de « renaissance du droit romain ». Ces éléments au service de la figure papale permettent de faire face à l’essor économique et l’importance des cités urbaines qui créèrent des besoins normatifs et théologiques nouveaux. De plus, cette période d’âge d’or du droit canonique permet l’institution dans l’Église d’un pouvoir centralisé, ce qui accentuant le  pouvoir de juridiction sur toutes les églises. Le pontificat d’Alexandre III instaure cet instrument qui est l’appel au Siège apostoliques des décisions de justices émises par des ordinaires. Les causes transmises à la connaissance du pape étaient confiées à des juges délégués, le souverain pontife affirme donc les éléments de la réforme grégorienne.

Dans ce siècle ou s’instaure une discipline chrétienne dont l’emprise est inédite pour les populations cet instrument trouve son utilité. Notamment lorsque nait un mouvement dissident de laïques  dans la cité lyonnaise vers les années 1180.

        Dans notre texte, Gautier Map nous relate cet état de fait par le biais de sa convocation au jugement des Vaudois lors du concile du Latran III. Ces hommes et femmes laïcs disciples de Pierre Valdès, embrassent volontairement la pauvreté afin de pratiquer un évangélisme pur. Le jugement dont il est question dans ce texte,  émane du désir des vaudois  souhaitant obtenir l’autorisation de prêcher. Ce mouvement faisant appel au Siège apostolique voit  une réponse positive d’Alexandre III qui propose d’en étudier les fondements par un interrogatoire.

        Ainsi,

        Pour éclairer cette interrogation notre étude abordera dans un premier temps les conceptions et mentalités du XIIe siècle, pour ensuite aborder l’encadrement normatif et les conceptions pontificales  issues du concile du Latran III  pour finir sur  les éléments constitutifs de la  dissidence vaudoise.

En premier lieu il est important d’appréhender  la société du XIIe siècle et de chercher à comprendre ses conceptions et ses mentalités. Il s’agit la de poser un socle afin de structurer notre raisonnement.

        I- La société au XIIe siècle : mentalités, instructions et pratiques religieuses

a- clerc et illitterati :

        L’accès à la culture savante et chrétienne au XIIe siècle reste le privilège d’une minorité . Cela concerne les cercles élitistes et notamment les hommes de l’Eglise. L’accessibilité à la culture chrétienne et au latin  demeurant réduite, hommes et femmes se contentent de l’oralité qui est primordiale au sein de la société médiévale. La réforme pastorale privilégie de ce fait la parole et donc par conséquent ce que l’on nomme la « prédication ».

Au sein de notre texte Gautier Map désigne les vaudois comme « gens simples et sans lettres »  (Lignes : 1 & 2) et démontre leur manque de culture ecclésiastique. Ajoutant également qu’ils ont présenté « un livre écrit en langue française qui contenait le texte et la glose du Psautier » (Ligne 3). Ici, s’oppose la parole d’un clerc instruit a ceux que l’on peut désigner comme des « illitterati ». C’est-à-dire ceux qui ignoraient le latin et qui ne pouvaient avoir accès à la culture chrétienne par traduction et non pas par  les textes originels. Cette lacune concernait, au XIIe siècle, presque tous les laïcs augmentant les difficultés à la compréhension et a la bonne pratique d’une culture chrétienne. Ainsi en général nous retrouvons en Occident une religion dite « populaire » démontrant une adaptabilité qui permis d’imprégner religieusement ces hommes et ces femmes.Dans des cas plus excessifs cela produit un fossé et par conséquent le rejet de cette instruction de la culture chrétienne.

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