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Socialisme Africain

Mémoire : Socialisme Africain. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2015  •  6 701 Mots (27 Pages)  •  1 276 Vues

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Socialisme africain

Le terme de socialisme africain désigne un ensemble de doctrines et de politiques suivies au XXe siècle par plusieurs dirigeants d'Afrique subsaharienne ayant visé, dans des contextes et dans des optiques très divers, de définir une forme de socialisme spécifique au continent africain. L'expression peut désigner, selon le contexte, les tentatives de théorisation d'un socialisme africain, ou l'ensemble des pratiques politiques, de divers dirigeants politiques et chefs d'État africains, notamment les présidents Léopold Sédar Senghor au Sénégal, Ahmed Sékou Touré en Guinée, Julius Nyerere en Tanzanie, Kenneth Kaunda en Zambie, et Kwame Nkrumah au Ghana, ainsi que le leader indépendantiste Amílcar Cabral en Guinée-Bissau.

Définitions

Une absence d'unité géographique et doctrinale

Élaborées au moment de l'indépendance des pays d'Afrique noire, les diverses formes de socialisme africain ont comme point commun la référence aux valeurs sociales et culturelles de l'Afrique, ainsi que des références au courant d'idées panafricaniste : elles ne présentent cependant pas une ligne politique commune et ont connu des fortunes diverses. Les régimes politiques et les idéologies propres au socialisme africain, fortement associées aux personnes des chefs d'État qui s'en sont fait les promoteurs, n'ont pas perduré après le départ de ceux-ci du pouvoir. L'existence même d'un socialisme spécifiquement africain ne fait d'ailleurs l'objet d'aucune unanimité chez les socialistes du continent. Diverses sections du Rassemblement démocratique africain, union de partis africains francophones, sont apparentées au socialisme mais le RDA ne dispose, au cours de son existence, d'aucune doctrine ou idéologie commune. L'absence d'unité à l'échelle régionale des conceptions africaines du socialisme et les résultats mitigés des diverses expériences menées amènent, dès le début des années 1970, à considérer comme un échec l'implantation en Afrique subsaharienne d'un socialisme propre au continent

Variantes du socialisme africain

Sénégal

En juillet 1959, peu avant l'indépendance du Sénégal, Léopold Sédar Senghor présente, lors du congrès constitutif du Parti de la Fédération Africaine, le rapport Pour une voie africaine du socialisme. Senghor exprime sa vision du rôle du socialisme dans l'histoire de la négritude et dans le développement du continent africain. Senghor adopte certains éléments du marxisme mais juge les théories de Marx datées, et surtout inadaptées au contexte africain, car nées dans le contexte de la société européenne du XIXe siècle. Senghor mêle les concepts tirés de Marx à une spiritualité inspirée des travaux de Pierre Teilhard de Chardin et refuse l'athéisme ainsi que la notion de lutte des classes, jugeant cette dernière contraire à la tradition africaine d'unanimité et de conciliation. Le président sénégalais théorise un « socialisme existentiel » qui commencerait par assurer aux Africains l'abondance en développant les forces productives. Le socialisme vu par Senghor se marie avec le concept de négritude, qu'il envisage comme étant l'ensemble des valeurs culturelles du monde noir ; pour lui, la victoire de la négritude est celle du socialisme[1],[2].

Au niveau international, Senghor envisage, après avoir réussi sans violence la décolonisation, une nouvelle « décolonisation culturelle et économique », qui consisterait à remettre en cause le système impérialiste pesant sur les pays producteurs. Mamadou Dia, Premier ministre de Senghor jusqu'à leur rupture en 1962, envisage la construction d'un socialisme dans la tradition communautaire, dans le cadre d'un plan économique établi avec un objectif global, qui serait celui d'une civilisation mondiale solidaire. Sur le plan économique, pour Senghor comme pour Dia, la coopérative doit être l'instrument clef du socialisme africain : les unités économiques de base doivent être les coopératives villageoises, qui combineront traditions africaines et valeurs démocratiques

Dans la pratique, néanmoins, les premières prennent le pas sur les secondes, et le Sénégal connaît une stagnation économique dès 1963 : l'Office national de commercialisation agricole pour le développement (ONCAD) est créé par la suite pour encadrer les Centres régionaux d'assistance au développement (CRAD) qui distribuent semences et matériels aux coopératives. Au plan idéologique, l'approche de Senghor fait l'objet de critiques, y compris dans les milieux politiques sénégalais, sur son aspect trop intellectualisant et davantage tourné vers une réflexion sur l'essence de l'africanité que vers une analyse des réalités sociales. Au plan des réalisations pratiques, l'ONCAD et le mouvement coopératif connaissent dans les années 1970 une impopularité croissante du fait d'une mauvaise gestion étatique ; Abdou Diouf, successeur de Senghor, dissout en 1981 l'ONCAD dans le cadre d'une lutte contre la bureaucratie. L'idéologie du socialisme africain est abandonnée au Sénégal sous la présidence de Diouf

Ghana, Guinée, Kenya, Zambie et autres pays

Au Ghana, Kwame Nkrumah envisage, dans une optique avant tout panafricaniste, une unité africaine sous le signe d'un socialisme qui serait un regroupement à l'échelle du continent, pour échapper au système économique mondial et reconstruire une culture originale dans la tradition communautaire. Dans la pratique, le gouvernement de Nkrumah se traduit, jusqu'à sa chute en 1966, par des méthodes autoritaires et par un culte de la personnalité : l'économie est réorganisée en coopératives, imposées d'en haut dans le cadre du plan établi par l'État[1].

En Guinée, Ahmed Sékou Touré adopte également des méthodes de gouvernement autoritaires et impose une économie planifiée et des coopératives où la gestion collective est présente à tous les niveaux. Si les politiques suivies par Sékou Touré - qui reste au pouvoir jusqu'à sa mort en 1982 - rappellent par certains aspects le stalinisme, le dirigeant guinéen se montre méfiant envers les pays communistes et se revendique d'un socialisme spécifiquement africain, en refusant l'athéisme, niant les classes sociales et insistant sur les valeurs africaines. Le panafricanisme est également présent dans l'idéologie de Sékou Touré, qui insiste fortement sur

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