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Les Violences Seigneuriales En Occident Au XIIème Siècle

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Par   •  13 Avril 2013  •  2 118 Mots (9 Pages)  •  946 Vues

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I) Les modalités de la violence seigneuriale

A) Le ban : expression de la violence seigneuriale

La seigneurie banale n'est plus fondée sur la terre mais sur le ban : le pouvoir de coercition, ainsi elle implique un rapport de domination à caractère politique.

Le ban est le droit de commander, d'autoriser, de juger et de punir. Ses aboutissements économiques relèvent en fait de l'abus conforté par la puissance du Seigneur. Le ban peut donc aussi s'apparenter à un monopole économique et qui permet aux Seigneur l'usage de droits banaux, de banalités. Ainsi, c'est la prétendue puissance publique du Seigneur qui justifie les exactions qu'il peut commettre. Ces droits banaux font désormais figure de prérogatives et de sources de revenus nés du pouvoir de commandement, cela devenant une coutume. Le seigneur exerce donc un double pouvoir : le dominium, un rapport de domination économique (il contrôle les rapports de production, l'accès aux ressources, la distribution des produits) et un rapport à domination politique.

Le pouvoir du ban est absolu sur tous les individus qui demeurent sur le zone d'influence du Seigneur, c'est la plénitude du ban. La contrepartie est la protection des sujets par le Seigneur. Cependant, ce n'est pas un pouvoir contractuel puisqu'il s'agit avant tout de protéger pour le Seigneur sa source de revenus. La violence seigneuriale s'exprime ici, dans la mesure où le Seigneur ne doit rien à ses sujets, et s'il les protège, c'est parce qu'il le veut bien.

A vrai dire, le système seigneurial repose sur l'oppression, la violence, cela est visible notamment à travers le droit de justice et les profits seigneuriaux.

Dans toute sa zone d'influence, le seigneur a un droit de justice, grâce auquel, il maintient l'ordre par la répression des délits et des crimes. Cette violence, exprimée par la répression peut aussi prendre différentes formes : elle peut être psychologique (paiement d'amendes) et physique (condamnation à mort, privation de libertés). Ainsi, la Haute Justice, celle du sang, concerne les plus grands crimes et les peines les plus gaves : la peine capitale, les mutilations, le bannissement. La Basse Justice, quant à elle, concerne les affaires de moindre importance, qui pénalement, sont sanctionnées par des amendes.

Les profits seigneuriaux témoignent, quant à eux de la privatisation des droits de puissance publique. De cette manière, la puissance publique se confond avec les intérêts privés du Seigneur au détriment de ceux des paysans. On peut ainsi distinguer les impôts seigneuriaux et les banalités. La taille est l'impôt le plus courant, c'est la manifestation la plus évidente de la puissance seigneuriale, en cas de besoin, le Seigneur peut prendre sur ses sujets, ce qui lui était nécessaire (prélèvements en nature, réquisitions), ces prélèvements sont de plus arbitraires. Les banalités, quant à elles, sont des monopoles seigneuriaux; des monopoles d'exploitation de certains équipements par exemple. Si les paysans s'avisaient de construire leurs propres équipements, ceux-ci pouvaient s'exposer à des amendes ou des confiscations de biens.

Le pouvoir du ban semble donc bien constituer une violence psychologique, physique quotidienne qui s'exerce dans la Seigneurie sur les paysans. Or, les paysans ne sont pas les seules victimes de cette violence. D'autres seigneuries sont victimes notamment à travers le phénomène des guerres privées.

B) Guerre privée et structure du système seigneurial

La guerre est un phénomène central du système féodal. La guerre seigneuriale est une conséquence du délitement de l’autorité centrale mais c’est surtout l’unique vocation de la classe seigneuriale. En effet, la société féodale est souvent présentée comme un ensemble de 3 corps principaux, ayant, chacun un rôle, une fonction, formant une « harmonie », les seigneurs sont les guerriers, les protecteurs des églises, ils sont les défenseurs du peuple et assurent du même coup leur propre sécurité, les autres prient [Eglise] et travaillent [serfs]. Il est vrai que dans la seigneurie, la structure est avant tout militaire puisqu’il est nécessaire pour son bon fonctionnement qu’elle soit sécurisée militairement.

La guerre n’est donc pas seulement un moyen usuel de régler les conflits entre les Seigneuries puisque la guerre est le seul moyen d’accroissement de richesse et de puissance en pillant et en attaquant les terres des autres. Au début du Moyen Age le pouvoir royal est faible et la France est gouvernée pas gouvernée par une multitude de seigneurs ayant chacun leurs omnipotence sur leur territoire. A terme, il est inévitable que naissent entre eux des conflits. Or, n’ayant au-dessus d’eux aucune force coercitive, ils se font personnellement justice, ce qui se fait de manière violente. Ce pouvoir seigneurial ne s’est pas imposé sans heurts et l’établissement de la seigneurie correspond souvent à une sorte de terrorisme. Les prétentions nouvelles des seigneurs, en effet, ne font gère l’affaire des communautés paysannes ou des propriétaires locaux. Contre eux, les Seigneurs vont multiplier les raids dévastateurs en brûlant et pillant tout sur leur passage, en ravissant des otages. Le châtelain exerce donc une domination qu’il impose à ses sujets. Il est alors le détenteur d’un pouvoir de contrainte sur tous les hommes vivant sur son territoire qui relève strictement de son autorité.

Dans le système féodal, la terre est la seule source de richesse mais elle est limitée, le seul moyen de s’enrichir est de la redistribuer. Dans la perspective de cette redistribution, la guerre est le moyen le plus simple. C’est pourquoi la guerre est permanente, les seigneurs sont donc engagés dans une compétition générale qu’est la conquête territoriale. De plus, la vie est centrée autour de la guerre : en témoigne l’omniprésence de la violence seigneuriale à travers, les tournois, la chasse, simulacres de guerre.

On parle de « guerre privée » car les princes régionaux, les évêques, tous les comtes règlent leurs conflits, pour l’essentiel, hors de l’arbitrage royal, à travers des négociations et des actes de guerre. Les rois, eux-mêmes ne sont plus que des protagonistes de la confrontation permanente entre des seigneuries, comme les autres seigneurs, ils ont sous eux des vassaux.

Ces opérations de guerre sont menées par des troupes de combattants [milites]. Ils évitent en général les vraies batailles et se rencontrent lors de guet-apens,

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