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La Première Crise De Berlin

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Par   •  26 Octobre 2013  •  5 701 Mots (23 Pages)  •  11 240 Vues

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Causes du génocide au Rwanda

Entre avril et juillet 1994, quelque 800 000 hommes, femmes et enfants, principalement Tutsis, ont été massacrés au Rwanda. La qualification de génocide pour désigner ces crimes et la conclusion que l'Organisation des Nations unies (ONU) n'a su ni l'empêcher ni la faire cesser plus tôt sont retenues, en novembre 1994, dans la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui institue le Tribunal pénal international pour le Rwanda, puis en 1999, par la commission mandatée par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan.

Les causes de ce génocide furent multiples: outre l'accumulation de haines entre les communautés Hutu et Tutsi au fil des années et l'enchaînement des événements déclencheurs, d'autres causes ou responsabilités, intérieures ou extérieures, ont été évoquées par les différentes commissions d'enquêtes.

1. La construction du projet génocidaire

De nombreuses tentatives de compréhensions de la « mécanique génocidaire » ont été faites:

Le plus souvent elles s'inspirent d'une perception endogène de cet événement: la cause du génocide résiderait uniquement dans certains nombres de facteurs inventoriés, dont les principaux seraient une « haine ethnique » et l'attentat déclencheur.

D'autres analyses, que évoquées plus loin, ont aussi relevé des éléments extérieurs qui auraient favorisé le projet génocidaire, notamment les suites de la colonisation, le soutien de la Belgique à la République mono-ethnique Hutu, la possible implication de la France, la non-application des accords d'Arusha, les événements du Burundi, l'attitude des Églises et les inconséquences de la communauté internationale.

1.1 L’inspiration du génocide

L'inspiration du génocide trouve sa source principale dans le retournement politique de 1959 qu'on a appelé « la révolution sociale » et qui a débouché sur la fuite de plusieurs dizaines de milliers de Tutsis, la création de la première République et l'indépendance du Rwanda.

À la suite de ces événements, eux-mêmes très liés à l'organisation de la colonisation belge au Rwanda, les exilés Tutsi ont été perçus comme une menace permanente par les dirigeants Hutu, qui craignaient leur désir de reconquérir le pouvoir. L'extermination des Tutsi était « dans l'air », dans le prolongement des événements de 1959, 1963 et 1973, qui balisent l'histoire du Rwanda postcoloniale, augmentant à chaque fois la diaspora des exilés. Déjà le 4 février 1964, un article du journal Le Monde était titré : «L'extermination des Tutsis, les massacres du Ruanda sont la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenue ».

Le retour armé des exilés Tutsis, organisés au sein du FPR, en octobre 1990, va déclencher sur ce terreau historique et culturel l'idée puis la montée en puissance d'une idéologie anti Tutsi. Ce mouvement sera amplifié par les événements graves du Burundi en 1992, puis l'assassinat en octobre 1993 du premier président Hutu burundais élu, Melchior Ndadaye et le soutien stratégique de la France, notamment la mise en œuvre de sa doctrine militaire de la guerre contre-révolutionnaire, qui donne au régime rwandais la caution politique de la « Patrie des Droits de l'homme », en particulier dans le processus d'organisation autour de la « désignation de l'ennemi ».

Le chanteur-compositeur Simon Bikindi membre du MRND, qui chantait l'extermination des Tutsi dès la fin des années 19806, ou le colonel Rwagafilita que le général français Jean Varret a entendu en 1990 dire à propos des Tutsi : « ils sont très peu nombreux, nous allons les liquide », la création du journal extrémiste Kangura (en décembre 1990), celle de la Radio Télévision Libre des Mille Collines, sont autant d'éléments, parmi beaucoup d'autres, qui montrent une commune inspiration et l'expression d'un objectif : se débarrasser des Tutsi.

1.2 La perception de l’histoire du Rwanda

1.2.1 L’« ethnisme »

Tutsi, Hutu et Twa ne sont pas des ethnies au sens propre du terme, mais sont des catégories socioprofessionnelles (agriculteurs, éleveurs, potiers).

Avant la colonisation, tous les Rwandais parlent la même langue, ce qui est peu fréquent dans les pays d’Afrique, ont la même foi traditionnelle en un dieu unique, Imana, la même culture et vivent ensemble sur les collines. Ils se marient parfois entre eux et continueront à le faire par la suite, malgré les pressions politiques existant depuis les indépendances. L’ethnisme rwandais ne répond donc pas à des caractéristiques ethnologiques fondées.

Ne relevant ni des ethnies, ni des classes sociales, la distinction entre Hutus et Tutsis correspond à des groupes structurés à partir de leur activité. Elle évoque celle des « ordres » dans l’Europe d’avant 1789, ce qui n'exclut pas l'éventualité que des groupes d'origines diverses aient immigré au Rwanda dans un passé lointain, sans qu'ils recouvrent nécessairement la distinction Hutu-Tutsi, avant de s'assimiler les uns aux autres par le biais du mariage. Avant la colonisation, un Hutu qui possédait plusieurs têtes de bétail pouvait, de ce fait, devenir Tutsi. Réciproquement, un Tutsi pouvait devenir Hutu.

Les Rwandais expliquent qu'il y avait traditionnellement d'autres références sociales : les clans, qui regroupaient toutes les catégories socioprofessionnelles et faisaient aussi ressortir des clivages régionaux.

L'ethnisme au Rwanda apparait donc comme une « évidence idéologique » de « racialiser » la perception de la société et de la diviser d'une manière qui servit ensuite de levier pour justifier les massacres.

1.2.2 L’influence belge et de courants idéologiques occidentaux du début du XXe siècle

L’ethnisme au Rwanda date du temps du colonisateur allemand, puis belge. Il constitue l’élément structurant de l’organisation sociale et politique mise en place dans les années 1920 et 1930.

Jusqu'à la fin des années 1950, les enseignants, les intellectuels, les ethnologues et les universitaires accréditent le mythe d'une société rwandaise composée de Tutsis évolués et de Hutus faits pour obéir, engendrant de grandes frustrations chez ces derniers.

Des observateurs ont aussi vu dans le problème rwandais une réplique induite du conflit linguistique belge. Il est indéniable

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