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Vie judiciaire

Cours : Vie judiciaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2015  •  Cours  •  2 544 Mots (11 Pages)  •  600 Vues

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Seuls, quelques grincheux comprirent le machiavélisme du maître et s'enfermèrent dans leurs terres ou exhalèrent leur mauvaise humeur.. pour la postérité. La cour fut vraiment le centre de la France jusqu'à la fin du règne, et sauf à devenir moins attrayante lorsque le roi, définitivement rangé, imposa à tous la même sévérité de tenue et de parole. On vit mieux alors tout ce qu'elle avait d'artificiel, lorsqu'elle ne servit plus à couvrir les jeux éternels de la jeunesse et de l'amour.

La vie de cour se résumait en une série de rites d'adulation autour de la personne du roi, auxquels il se prêtait, de son lever à son coucher, avec une complaisance qui surprend et révulse en même temps. Les grands officiers de la cour étaient les grands prêtres de ce culte; d'innombrables auxiliaires les assistaient, jaloux de leurs fonctions minuscules, qui leur permettaient d'approcher de la personne sacrée. Le lever, avec ses grandes et petites entrées, les audiences, le service divin, les repas, l'appartement, le coucher, se tenaient, selon un cérémonial minutieux, ainsi que les chasses, les collations dans les jardins, les promenades sur l'eau, les bals, les représentations théâtrales dans ces beaux décors de Fontainebleau, de Marly ou de Versailles.

Les satisfactions de vanité étaient le ressort principal de cette vie de cour, qui imposait, d'ailleurs, mille contraintes pénibles. Elle dressait à la dissimulation des sentiments les plus naturels. Le vrai courtisan, maître de son masque et de ses paroles, ne cherche qu'à plaire au roi par son attitude souriante et dégagée, par une flatterie spirituelle, par un raffinement inédit dans son empressement à servir. Le maître n'aime ni la fermeté, ni l'indépendance de caractère. Si séduisante qu'elle soit par ses dehors, la vie de cour a favorisé trop d'intrigants et n'a pas contribué à élever les âmes. Elle a aidé aussi au dérèglement des moeurs, en proposant aux meilleures familles de France, comme un but de vile ambition, l'exceptionnelle fortune des favorites du roi. Elle a développé, enfin, la passion du jeu avec toutes les dérives qui l'accompagnent. On jouait gros jeu à la cour, et si quelques habiles en vivaient. d'autres, plus nombreux, y dissipaient le patrimoine des ancêtres, base d'une légitime influence locale dont on ne savait plus le prix.

Des affaires troubles, comme l'affaire des poisons, qui éclata au plus beau moment du règne, jettent un jour inquiétant sur les dessous d'une société si brillante. Cet attrait pour les devins, sorciers et magiciens, ces empoisonnements, ces avortements, révèlent, au moins dans certains milieux, un état de déséquilibre et de vertige. Si la Brinvilliers, la Voisin et leurs comparses n'eurent pas la clientèle étendue dont ils se réclamèrent et qui effara le lieutenant de police La Reynie, il subsistait dans le monde de la cour assez de ferments de scandales pour troubler un roi qui, malgré ses faiblesses, se souciait des apparences et détesta toujours la dépravation.

La famille légitime.

Louis XIV, né en 1638, avait épousé, en 1660, on l'a dit, l'infante Marie-Thérèse d'AutricheChronoAutriche.htm ChronoAutriche.htm, du même âge que lui. La reine était insignifiante : elle partageait sa vie entre la dévotion, le jeu, où elle perdait sans cesse, et des divertissements importés de la cour d'EspagneChronoEspagne.htm ChronoEspagne.htm, avec des bouffons et des petits chiens. Le roi la traita toujours avec les plus grands égards, mais il afficha tranquillement ses liaisons et n'admit jamais de remontrances. La reine, qui l'aimait et I'admirait, puisqu'on ne laissait d'autre choix, se résigna à fermer les yeux. Elle mourut en 1683; de ses nombreux enfants, un seul survécut, l'aîné, Louis, dit le Grand Dauphin, né en 1661. Ce prince, intellectuellement médiocre, avait fait le désespoir du duc de Montausier, son gouverneur, et de Bossuet, son précepteur. Il n'avait de goût que pour la chasse et montrait pour les affaires une entière apathie. Son père ne l'aimait pas. Marié, en 1679, à une princesse de BavièrehistBaviere.htm histBaviere.htm prématurément disparue, il mourut en 1711, après une vie sans dignité, et ne laissa pas de regrets.

Il avait eu trois fils; le second, Philippe d'Anjou histAnjou.htm, monta en 1700 sur le trône d'EspagneChronoEspagne.htm ChronoEspagne.htm, et le troisième, le duc de BerryhistBerry.htm histBerry.htm, mourut en 1714. L'aîné, Louis, duc de BourgognehistBourgogne.htm histBourgogne.htm, qui naquit en 1682 reçut l'éducation de son gouverneur, le duc de Beauvilliers, et de Fénelon, son précepteur. Il devint pieux, laborieux, attentif à ses devoirs jusqu'au scrupule. Peu doué pour la guerre, semble-t-il, il montra pour les affaires d'heureuses dispositions. Et lorsqu'il devint héritier présomptif par la mort de son père, il fut l'espoir de ce petit cercle d'esprits distingués qui rêvaient de revenir aux traditions aristocratiques de la royauté. Il épousa, en 1697, Marie-Adélaïde de SavoiehistSavoie.htm histSavoie.htm, jeune femme charmante, qui fut une épouse parfaite et égaya beaucoup la vieillesse mélancolique du roi. L'un et l'autre moururent en 1712, à quelques jours de distance, d'une rougeole maligne. Ils ne laissaient qu'un fils, qui devait être Louis XV.

Les favorites et les bâtards.

La lignée légitime de Louis XIV était ainsi tout près de défaillir; mais il lui restait une lignée assez drue de bâtards. Dès 1661, un an après son mariage, commence le règne des favorites. La première, Louise de La Vallière, devenue duchesse de Vaujours, d'une bonne famille de noblesse provinciale, était fille d'honneur de Madame. Elle était belle et sage, mais ne sut pas résister à l'amour du roi; elle y répondit avec une sincérité traversée de remords. Elle donna au roi cinq enfants; Mlle de Blois survécut seule et épousa le prince de Conti, neveu du grand Condé. Louise de La Vallière se retira, en 1674, aux Carmélites de la rue d'Enfer et finit sa vie dans la pénitence, sous le nom de soeur Louise de la Miséricorde.

Depuis 1666, elle était remplacée dans la faveur du roi par Athénaïs de RochechouartmonuRochechouart.htm monuRochechouart.htm, marquise de Montespan, qu'elle avait eu l'imprudence d'accueillir dans son intimité. La nouvelle favorite, qui appartenait à la haute noblesse, avait séduit le roi par son esprit et sa beauté hardie, qui contrastait avec la grâce un peu fragile de Louise de

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